Lorsque le Hirak a fêté son premier anniversaire, la majorité qui en partage les attentes a convenu que ces dernières, au lieu de faiblir, avaient au contraire évolué. La contestation aura pris du poids, encouragée par des marcheurs, d'abord, en quête de sens et qui auront fini ensuite par s'en fabriquer un de taille, tout au long d'une année, au cours de laquelle, les Algériens, conquis par la rue, auront appris à structurer leurs revendications et à leur faire épouser les effets de l'actualité lorsqu'ils sont jugés déplaisants. Bien sûr, je ne parle pas de cette actualité alimentée par des organes contestés mais par ce qui se passe en parallèle des décisions prises ici et là ou des faits qui rivalisent de contradiction avec les discours servis à dessein. Quelqu'un qui pleure ou qui vous regarde d'un air désespéré, ça fend le cœur. Ailleurs, on prend bien soin de ne pas blesser ses administrés parce que l'on a hautement conscience que c'est plus souvent à eux que l'on doit d'être là, qu'au pouvoir d'un homme ou d'un groupe influent qui veillerait à ce que le poste enviable et pour lequel bien d'autres se seront battus soit réservé à un fidèle. Chez nous, on a la méchante habitude de malmener ceux auxquels on pense ne rien devoir ou dont on a la certitude que, de toute façon, ils ne pourront rien contre nous. Là où la fonction et le pouvoir qu'elle confère nous placent au-dessus de la mêlée. Là où l'on n'a pas le sentiment de ne rien devoir à quiconque, convaincu que l'on est d'avoir les reins solides et le sort assuré par un système qui puise ses partisans là où il est certain de ne courir aucun risque, parmi ceux dont il se sera attaché les services. Ceux préparés à servir et que l'on placera en conséquence. Des forces qui se construisent et se maintiennent aux commandes grâce aux alliances, même si ces dernières sont circonstancielles et qu'on le sait. Une toile d'araignée où les intérêts s'enchevêtrent et deviennent interdépendants. Entre les walis qui ont d'autres chats à fouetter que de servir leurs administrés et les maires qui ne pensent qu'à s'en mettre plein les fouilles, il y a l'état de faillite et de fragilité extrême. M. B.