Un manuel médical développé par les professeurs Mohamed Tahmi et Mohamed Seddik Aït Messaoudène «Cardiologie du sport : électrocardiogramme de l'athlète» est, désormais, disponible. C'est un manuel dédié aux sportifs, ceux de l'élite en particulier, dont la prise en charge médicale chez nous est «précaire» du fait justement de l'absence de tels fascicules spécifiques et adaptés à la pratique du sport en général et notamment du sport de haut niveau. Le nouveau «guide du médecin» s'articule sur un élément essentiel dans le suivi des athlètes. Il s'agit, comme le montre le titre choisi pour cet ouvrage scientifique, de l'utilité de l'électrocardiogramme, le fameux ECG. Recommandée sur la santé et sur la prévention des maladies cardiovasculaires, l'activité physique et sportive «peut provoquer la survenue d'arythmies ventriculaires chez les sujets prédisposés avec risque de mort subite», peut-on lire dans la présentation du livre par la maison Galaxie éditions et préfacé par le professeur italien Deodato Assanelli, spécialiste en cardiologie, en médecine interne et en médecine du sport qui enseigne à l'Université de Brescia. Dans son introduction, le professeur Tahmi (professeur en cardiologie à la Faculté de médecine d'Alger, évoque «la pratique systématique d'un ECG 12 dérivations dans le cadre du bilan d'aptitude à la pratique du sport». Il énonce que cette action est «recommandée par nombre d'instances dont l'ESC (Société européenne de cardiologie permet un dépistage efficace et à moindre frais». Il soulignera ensuite que «les cardiopathies susceptibles de provoquer la mort subite sont plus maîtrisées car un ECG permet de distinguer les particularités électriques physiologiques de l'athlète au cours de son entraînement régulier et soutenu» et fera remarquer que «des particularités souvent considérées comme anormales chez la population générale, des anomalies électriques relevant des maladies cardiovasculaires» peuvent «fausser» la donne. Un sportif développe des signes qui peuvent sembler «anormaux» mais qui, en fait, sont «ordinaires». Et de convenir que «l'âge, le sexe, l'origine ethnique, le type de sport et le niveau de l'entraînement subi permettent l'interprétation de cette anomalie. Ce sont ces modifications physiologiques causées en cours d'entraînement» qui font que les experts parlent d'un «cœur d'athlète», appellation spécifique aux sportifs. Dans leur approche, les professeurs Tahmi et Aït Messaoudène ne manquent pas de rappeler les avancées de la science de cardiologie, notamment vis-à-vis des athlètes, et ce, suite au nombre important de morts subites recensées lors des dernières décades. «Les normes nouvelles d'interprétation de l'ECG ont donné lieu à une amélioration de la détection des cardiopathies potentiellement mortelles et, allant, à réduire les résultats faussement positifs», assurent-ils. Et de noter que «depuis 2015, un consensus sur l'usage de nouveaux critères pour l'interprétation de l'ECG de l'athlète» est intervenu au sein de la communauté scientifique. Ce qui, reconnaissent-ils, par ailleurs, n'exclut pas l'existence des limites du (seul) ECG dans la recherche de ces anomalies. Un «protocole» qu'il faudrait explorer avant de délivrer le fameux certificat d'aptitude au sport. En effet, «certains cas de cardiomyopathie, des colopathies», ne sont pas suffisamment connus et l'ECG s'avère «peu utile dans le dépistage de ces pathologies, à l'exemple des anomalies congénitales des artères coronaires, l'athérosclérose coronaire prématurée et les pathologies de l'aorte», concluent les deux cardiologues, qui invitent les praticiens en médecine du sport à ne pas limiter leur champ d'intervention et les athlètes à prendre conscience de l'importance de l'ECG dans le suivi de leur carrière sportive et de leur vie tout court. M. B.