Depuis le début de la crise sanitaire, les offres culturelles sur internet se multiplient en Algérie afin de compenser la fermeture des théâtres et cinémas, déjà peu actifs, et d'atténuer la pesanteur du confinement partiel. « Cilima bla drahem DZ » est l'une des plus généreuses. Comptant plus de 10 000 membres à ce jour, le groupe Facebook a été créé le 26 mars 2020, au tout début des mesures prises en Algérie en raison de l'épidémie de coronavirus. « Ce groupe vous propose de répertorier des films algériens (courts-métrages et longs-métrages) rendus publics ou en libre accès, y compris par leurs auteurs et/ou producteurs. Ce groupe accompagne un geste des auteurs qui devient collectif consistant à partager certains films durant le confinement. Merci à ces auteurs pour ce geste. Enfin et bien sûr, le groupe est ouvert aux échanges, débats en tout genre, tant que ça reste lié de près ou de loin aux films», lit-on sur la présentation de la page. Approvisionné par ses membres ou par des réalisateurs ou producteurs algériens désireux de mettre leurs œuvres en accès libre, ce groupe est réparti en plusieurs rubriques dont les fictions (longs et courts-métrages), les documentaires, les pépites voisines regroupant des films maghrébins, les « inclassables », les extraits, etc. Un espace est également dédié aux débats autour du cinéma algérien sous la rubrique « Guessra ». « Cilima bla drahem » capitalise 200 heures de films algériens de toutes les époques et de tous les genres, allant des classiques au cinéma contemporain. Eclectique et ouverte à tous, cette filmothèque gratuite est devenue avec le temps l'adresse incontournable pour les amoureux du cinéma en Algérie, d'autant plus qu'elle propose à la fois des films inaccessibles en salles (même avant le confinement) et de petits joyaux venus d'autres pays, maghrébins et arabes notamment. Au fil du « scrolling », on peut donc croiser la filmographie complète du talentueux documentariste Malek Bensmaïl qui a mis ses œuvres en accès libre sur Vimeo (un site de partage) dont l'inoubliable Aliénations (2003) qui nous immerge dans l'univers secret de la maladie mentale et de son traitement en Algérie et nous fait rencontrer des personnages attachants tant du côté des patients que du personnel soignant ; La maison jaune en langue chawie (2008) de Ammor Hakkar ; le mythique De Hollywood à Tamanrasset (1991) de Mahmoud Zemmouri. On y trouve également des pépites venues d'autres pays comme Volubilis le dernier film du réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi, l'un des cinéastes les plus brillants de son pays ; le film tunisien Un divan à Tunis de Manel Labidi ; Femmes de la Médina de la documentaristes marocaine Dalila Ennadre qui vient de nous quitter, etc. S. H.