Pour faire face à cette pandémie du coronavirus, la sphère culturelle est mobilisée sur toute la toile. Plateformes-web, distributeurs privés ou publics, producteurs ainsi que les amoureux du grand écran sont tous déployés pour distraire la population dans ses moments difficiles. Chaque jour, les Algériens de toutes les classes sociales essayent de s'occuper, mais aussi occuper leurs enfants. Entre travail ou télétravail pour certains et le rôle d'instituteur à domicile pour ses enfants, quoi de mieux que de se laisser aller avec un bon film ! Cela va sans dire qu'en ce moment, le cinéma peut être notre meilleur allié face à l'angoisse du confinement. Avec la crise liée au coronavirus, on peut aussi noter que le confinement a fait exploser l'usage de Netflix, une entreprise américaine de distribution et d'exploitation d'œuvres cinématographiques et télévisuelles opérant par le biais d'une plateforme dédiée. Oui, Netflix est en effet un bon moyen de voir tous les films que l'on veut ou presque. Cependant, si certains ont la possibilité d'obtenir un compte Netflix, ce n'est guère le cas pour tout le monde. Pour cela, des initiatives cinématographiques indépendantes, mais aussi de la part des établissements publics algériens qui proposent de visionner des films 100% algériens. Voici deux options afin de revoir ou découvrir des films algériens depuis la splendeur de son salon. «CilimablaDrahem Dz» Depuis quelques semaines, les annonces de contenus gratuits se multiplient sur internet. Il faut savoir que l'Algérie est dotée d'une importante richesse cinématographique. D'ailleurs, le public derrière son écran n'a qu'à bien se tenir ! Que ce soit d'anciens ou nouveaux films, entre courts métrages, longs métrage, fiction ou documentaire, le choix de visionnage est infini. Cependant, où pouvons-nous les trouver ? Plusieurs réalisateurs algériens avaient déjà commencé à partager «gratuitement» plusieurs de leurs films sur leurs réseaux sociaux. En voyant cette initiative, un cinéphile du nom de Mohamed Rochdi Sifaoui a eu la bonne idée de créer un groupe facebook afin de pouvoir diffuser une liste de lien de films. «CilimaBla Drahem Dz» est donc le groupe créé il y a près d'un mois, dont l'accès se fait via la plateforme facebook. «Avant de créer ce groupe, c'était avant tout un besoin pour moi de répertorier les liens de films algériens. Puis, je me suis dit que peut-être d'autres gens feront comme moi. Et pourquoi pas, s'y mettre tous ensemble. C'est le principe même d'intelligence collective ou partage collectif, c'est d'être plusieurs à contribuer à quelque chose», précise l'administrateur du groupe. «CilimablaDrahem Dz» a été créé avec juste cette idée-là de partage de films algériens, mais aussi de quelques films nord-africains. Toutefois, la plateforme de partage de films tient à respecter une identité. Celle de ne pas devenir un simple groupe de cinéma comme tant d'autres. Le créateur de «CilimablaDrahem Dz» se réserve le droit de modérer voire supprimer les commentaires et publications, si elles ne se rattachent pas au thème du cinéma. «Avec le confinement, on a moins de contact avec les gens. Grâce à ce partage de films cela nous permet de continuer à dialoguer. On crée du coup, une émulation autour de ces films qui méritent d'être connus», ajoute-t-il. Pour rappel, tous les liens de films proposés sont gratuits. Cependant, la nature du lien en question peut varier. Si certaines vidéos sont publiques, d'autres demandent un mot de passe. Rassurez-vous, ils sont disponibles en même temps que le lien du film. En ce qui concerne les films qui sont habituellement payants sur la plateforme «Vimeo», ils sont rendus pour la majorité accessibles pendant cette période de confinement. Cependant, il faut s'inscrire sur le site pour pouvoir les visionner. A noter, l'inscription est aussi gratuite. Si la population se demande si tous les films présents sur le groupe «CilimablaDrahem Dz» vont perdurer après ce confinement. L'administrateur répond : «Certains seront effectivement enlevés pour une raison simple, l'intérêt commercial. En fait, les distributeurs gardent espoir de voir leurs films revendus à des chaînes de télévision ou à une plateforme comme Netflixpar exemple. Et c'est tout à fait normal, car c'est ce qui fait vivre l'industrie du cinéma.» 200 films algériens disponibles Avec un monde culturel qui se déploie par tous les moyens, la Cinémathèque algérienne, quant à elle, fait son possible afin de lutter contre l'ennui, mais aussi pour divertir les Algériens. Il existe à ce jour 200 films algériens disponibles en ligne sur la plateforme YouTube. Depuis le début du confinement, la page officielle de la Cinémathèque aAlgérienne ne cesse d'être alimentée par des activités culturelles virtuelles. «On mise beaucoup sur la chaîne YouTube de la Cinémathèque algérienne en l'alimentant avec certaines images d'archives du cinéma algérien, des conférences, des interventions de réalisateurs, des bandes-annonces ainsi que des moments importants du cinéma algérien», précise Salim Aggar, directeur de la Cinémathèque algérienne. Dans sa programmation virtuelle, le site web de la Cinémathèque algérienne propose de regarder huit films du célèbre acteur algérien, Sid Ali Kouiret. On retrouve également des articles sur le site de la Cinémathèque rendant hommage à de grands symboles du cinéma algérien, notamment la cinéaste Sarah Maldoror. Notons par exemple, la possibilité de revoir des images d'archives du cinéma algérien telles que la première et dernière image du grand réalisateur Mustapha Badie ou encore des extraits de documentaire tels que celui sur cheikh Benbadis. Il est important de préciser que la Cinémathèque algérienne est un organisme public qui ne peut que diffuser des films, dont l'Etat a pu acquérir les droits d'auteurs. Par ailleurs, dans le programme virtuel du mois de mai de la Cinémathèque algérienne, trois hommages sont concoctés pour nous divertir pendant cette crise sanitaire dont laquelle nous sommes plongés depuis des semaines. «Le 2 mai, on diffusera quelques films avec Nadia Samir, l'héroïne de Leïla et les autres. Le 16 mai, un hommage à Azzedine Meddour pour les 20 ans de sa disparition. Le 17 mai,on présentera quelques films égyptiens dans lesquels Warda Al Jazairiaa joué afin de lui rendre hommage. Il y aura également une diffusion spéciale 8 Mai 1945 avec le film Hors-la-loi ainsi que quelques documentaires sur cette même date», ajoute le directeur Salim Aggar.