Face à la propagation exponentielle du Covid -19 en Algérie, la vente des moutons de l'Aïd a été fortement compromise, au grand dam des éleveurs, dont les pertes ne font que s'accumuler depuis l'instauration des mesures de confinement. A cette peine, vient s'ajouter un éventuel risque d'annuler le rite du sacrifice du mouton cette année, afin de stopper la propagation du virus. Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - Une situation délicate pour la fédération des éleveurs, qui ne conçoit pas qu'on annule le sacrifice de l'Aïd sans contrepartie pour les éleveurs. En supposant que ce soit le cas, Belkacem Zerouri, vice-président de cette organisation, confie que «l'Etat devra nécessairement acheter tous les cheptels et mettre à disposition ses abattoirs». Il rappelle que la frange de la société composée d'éleveurs a déjà du mal à subvenir à ses besoins en temps normal : «Qu'en sera-t-il si on la prive de vendre le mouton de l'Aïd qui lui garantit en retour une rentrée d'argent assez conséquente ?» Il observe que depuis le mois de mars, les activités des éleveurs marchent au ralenti. Dans la mesure où ils ont cessé d'approvisionner les hôtels, les cités universitaires ou encore les restaurants. D'après lui, l'idéal serait simplement de mettre en place un dispositif de sécurité dans les espaces de vente des moutons. Il a d'ailleurs indiqué qu'avant-hier, dimanche, s'est tenue une réunion de coordination ayant regroupé les représentants des ministères de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, ainsi que ceux de la Fédération nationale des éleveurs. «Nous avons établi un cahier des charges contenant des propositions liées aux conditions de déroulement de la vente des moutons», fait-il savoir. La fédération qu'il représente réclame, entre autres, l'installation de 140 points de vente au lieu de 16 à Alger, notamment, mais aussi dans les grandes villes, précise la même source. Le but de multiplier ces points est d'éviter une forte concentration des citoyens dans un même endroit, ce qui favoriserait davantage la transmission du virus. La FNE a, dans cette perspective, insisté sur l'obligation d'accompagner cette opération par un «contrôle strict et rigoureux». Il a dans ce sens insisté sur la contribution de tout un chacun pour garantir une sécurité renforcée, impliquant la présence de responsables du ministère du Commerce, des vétérinaires, des services de la gendarmerie et des représentants du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Le représentant de la fédération des éleveurs a souligné que chaque individu devra se montrer responsable, du plus haut responsable de l'Etat au simple citoyen. «Les gestes barrières seront obligatoirement de rigueur», partout où ces points de vente seront installés, a-t-il soutenu. D'après lui, c'est le seul moyen de satisfaire toutes les parties. La fédération des éleveurs appelle par conséquent à mettre en place plusieurs points de vente contrôlés au niveau des grandes villes, en renforçant les mesures d'hygiène les plus élémentaires afin d'éviter de créer de nouveaux foyers de contamination. Pour sa part, la wilaya d'Alger a déjà annoncé des dispositions drastiques dans ce cadre, comme la décision d'interdire tout espace de vente des moutons en dehors des points autorisés par l'Etat. Un communiqué de la wilaya d'Alger a par ailleurs interdit l'entrée des camions et de tout véhicule transportant du bétail sous peine de sanctions sévères. Une décision qui impactera sans doute les activités des éleveurs. M. Z.