Pour le trentenaire de la fondation du Soir d'Algérie, nous proposons à nos lecteurs, tout au long de ce mois d'août, un retour sur les principaux évènements, étapes et dates ayant marqué le parcours du journal, et aussi l'histoire du pays. Un devoir de mémoire pour entretenir le souvenir d'une épopée et raviver la flamme d'une aventure qui se poursuit. Le Soir perd l'un de ses piliers L'année 2019 a été particulièrement marquée pour l'Algérie. La lame de fond du Hirak, qui a mobilisé des millions de citoyens aux quatre coins du pays, a emporté dans ses flots le régime de Bouteflika pour le jeter définitivement aux oubliettes de l'Histoire. Cette révolution du sourire, unique par son ampleur, a ouvert la voie vers la nouvelle république tant souhaitée. 2019, c'était, hélas, le départ précipité et sur la pointe des pieds, vers un monde meilleur, de l'un des piliers fondateurs du Soir d'Algérie et son directeur de la publication, 20 années durant, Fouad Boughanem. Une nouvelle accablante qui a affligé la grande famille du Soir d'Algérie et endeuillé le monde de la presse d'une manière générale. Avec la disparition de Fouad Boughanem, c'est une nouvelle page de l'histoire du pionnier de la presse indépendante qui est en train de s'écrire. Un hommage particulier lui a été rendu par ses collègues, par les confrères et par des personnalités de divers horizons. Badreddine Manaâ, directeur de rédaction, écrivait : «C'est comme s'il avait voulu ne pas gâcher à sa famille, ses amis et proches la première journée de l'Aïd. Fouad a attendu le lendemain pour partir comme il a vécu : le plus discrètement possible. Tous ceux qui l'ont côtoyé durant sa longue et riche carrière vous confirmeront ce paradoxe : ce grand monsieur de la presse tenait beaucoup à rester effacé. Effacé mais efficace !» Membre fondateur du Soir d'Algérie en 1990, avant d'en assurer la direction 9 ans plus tard, Fouad a été de tous les combats démocratiques. Refusant de céder le moindre pouce de terrain face aux hordes intégristes durant la décennie de sang, l'homme a continué son combat dans les années 2000 et l'avènement du bouteflikisme. Face aux multiples suspensions et pressions dont le journal faisait l'objet, il a su se montrer intraitable sur l'indépendance du titre. A ses proches collaborateurs, il tenait souvent à rappeler qu'il fallait préserver cette tribune ouverte aux «sans-voix » tout en essayant de sauvegarder l'outil de travail qui nourrit des centaines de familles. Habitué à encaisser avec dignité et courage les coups durs et les multiples pertes qui ont jalonné son histoire tourmentée, Le Soir d'Algérie a, encore une fois, réussi à surmonter cette douloureuse épreuve et poursuivre le travail accompli durant ces 30 années d'existence. B. B. Un billet pour la gratitude Après avoir surmonté avec succès les nombreuses embûches qui entravaient le début de son parcours et en réponse à l'engouement d'un nombre de plus en plus grandissant de lecteurs qui bravaient les longues files d'attente pour se procurer un exemplaire du Soir, les responsables du titre n'ont pas hésité à dire leur gratitude pour cette confiance, à travers un billet que nous avons jugé utile de publier in extenso en ce mois du souvenir. Des unes et des évènements Le Hirak galvanise la société On s'attendait à de grandes manifestations de contestation d'un cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika, on a eu droit, finalement, à une extraordinaire déferlante populaire qui, aux quatre coins du pays, a exprimé un impressionnant rejet, massif, unanime et sans appel, du candidat, de son bilan et de son système en général. Une sorte de référendum grandeur nature que les Algériens ont organisé, en cet historique vendredi 1er mars 2019, que le régime n'oubliera pas de sitôt. Une première dans l'histoire de l'Algérie post-indépendance, à l'exception peut-être des manifestations de l'été 1962, qu'à travers tout le pays, les Algériens expriment, en même temps, les mêmes slogans, à travers des marches qui n'étaient chapeautées par aucune structure de quelque ordre que ce soit. Des marches et des manifestations spontanées, synchronisées et, surtout, pacifiques et populaires au sens propre du terme. Le haut degré de civisme qui a caractérisé cette démonstration de rue, où des familles, des femmes, des jeunes filles, des jeunes, des vieux, d'immenses foules qui sillonnaient, pendant des heures, les grandes artères de toutes nos grandes villes sans le moindre incident, est frappant. Des marées humaines, composées de toutes les franges de la société, exprimaient, dans une ambiance de fête et dans une communion inhabituelle pour ce genre d'événements, leurs opinion et position politique : non à un cinquième mandat pour Bouteflika. Une petite porte pour Bouteflika Fin d'une époque : Abdelaziz Bouteflika quitte définitivement le pouvoir, en notifiant officiellement au Conseil constitutionnel sa décision «de mettre fin à son mandat», ce mardi 2 avril 2019, en début de soirée. Une démission qui met fin à un règne de vingt ans , le plus long de toute l'histoire de l'Algérie indépendante et qui n'aura été interrompu que par une historique révolution populaire. Une révolution populaire qui, depuis le 22 février dernier, «soufflera», d'abord, le projet du cinquième mandat, puis la tentative de prolongement du quatrième que Bouteflika voulait imposer de fait, en procédant à l'annulation de la présidentielle initialement prévue pour le 18 avril, puis, l'ultime tentative encore d'aller jusqu'au bout de son mandat expirant le 28 avril. Bouteflika annonçait, à travers un communiqué de la présidence de la République, sa décision de déposer sa démission «avant le 28 avril» mais aussi, au préalable, «des mesures importantes», en vue de préparer la transition. En somme, il aura tout fait pour ne jamais quitter le pouvoir, lui qui, à 82 ans, postulait encore à un cinquième mandat, alors qu'il avait accompli le quatrième et même la fin du troisième dans des conditions pénibles et inédites pour un chef d'Etat complètement abattu par l'AVC du 27 avril 2013 dont il ne s'est jamais relevé. Entouré de l'ensemble des membres de l'état-major, des commandants de forces, des chefs de Régions, le chef de l'armée signifiera clairement que l'institution militaire ne reconnaissait plus désormais ni Abdelaziz Bouteflika ni encore moins ses décisions. L'Algérie sur le toit de l'Afrique Une finale se gagne ! Celle opposant, hier soir, au Cairo-Stadium, en clôture de la 32e édition CAN de football, en est une de rêve ! Algériens et Sénégalais, dont c'étaient également les retrouvailles dans ce tournoi, ne pouvaient déroger à la règle. Pour marquer l'Histoire. Celle de Belmadi et son équipe, d'une Algérie qui gagne, après 29 ans de vaches maigres. Sauf que, pour vaincre et s'offrir, par-dessus, le trophée, il fallait oublier le rendez-vous du 27 juin dernier. Vainqueurs et vaincus compris. L'Algérie a laissé passer l'orage et a confirmé sa belle CAN en s'offrant un but, œuvre de Bounedjah, pour devenir les maîtres de l'Afrique. Les hommes de Djamel Belmadi avaient étonné leurs propres supporters, de même que leurs pires détracteurs, en franchissant les écueils l'un après l'autre. Un premier tour sans faute, des huitièmes en dilettante, un quart au prix d'une formidable force mentale et une demi-finale de feu. Abdelmadjid Tebboune, nouveau Président Le 12 décembre, l'Algérie élisait son 7e président de la République depuis l'indépendance. Abdelmadjid Tebboune l'a emporté haut la main avec un total de 4,9 millions de voix, soit un taux de 58,15%. Il est suivi par Abdelkader Bengrina avec 1, 4 million de voix, soit un taux de 17,38%. Ali Benflis se place en troisième position avec 896 000 voix, soit 10,55%. En quatrième position, c'est le secrétaire général par intérim du RND qui obtient 617 000 voix, soit 7,26%, et enfin dernier de la liste, Abdelaziz Belaïd avec 566 808, soit 6,66%. Au bout d'un long et laborieux processus engagé dans un contexte extrêmement tendu, cette élection présidentielle du 12 décembre a donc eu lieu, sans incidents majeurs graves, et c'en est là en soi une réussite indéniable de ce scrutin. Avec un taux de participation de 39,33% à l'échelle nationale, l'élection confère au nouveau président de la République, Abdelmadjid Tebboune, la légitimité nécessaire pour entamer sa lourde mission, celle d'abord d'affronter une crise multidimensionnelle et avec bien des urgences nationales immédiates. Prioritairement, le nouveau locataire du palais d'El-Mouradia ne doit pas perdre de vue que toute une région, la Kabylie, n'a pas participé à son élection ni même pris d'ailleurs part au scrutin dans son ensemble.