De Tunis, Mohamed Kettou Sous «inquiétude sanitaire» et après sept mois de vacances forcées, 1 200 000 élèves, encadrés par 350 000 enseignants, ont commencé, mardi, à rejoindre leurs classes. Cette rentrée, assez particulière, doit s'étaler sur cinq jours du mardi 15 au samedi 19 septembre, contrairement à l'accoutumée. Covid-19 oblige. Cet événement a été, minutieusement, préparé par le ministère de l'Education nationale et plusieurs autres départements impliqués dont, évidemment, celui de la santé publique. Une particularité : les élèves d'une même classe seront divisés en deux groupes. Chaque groupe se rend à l'école ou au lycée un jour sur deux, soit trois jours par semaine. De même, toutes les vacances seront réduites de trois ou quatre jours, chacune. C'est sur insistance des syndicats de l'enseignement — très préoccupés par la montée des contaminations et de leurs éventuelles conséquences — que le département de tutelle s'est résolu à opter pour ce plan qui réduit, de moitié, l'année scolaire. Cependant, l'on se pose la question si cet enseignement «réduit de moitié» armera les élèves pour les préparer à un avenir de plus en plus dur. Sachant que 100 000 élèves sont rejetés, chaque année, dans la rue pour aller gonfler les rangs des chômeurs et des délinquants. Cependant, cette rentrée «exceptionnelle» n'est pas perçue de la même façon par les parents. Certains se résignent pour accepter le fait accompli imposé par la pandémie de Corona. D'autres y voit une précipitation des autorités sanitaires et politiques. Celles-ci auraient dû l'ajourner en attendant que la situation sanitaire soit maîtrisée, estiment-ils. Ces appréhensions ont été vérifiées et confirmées puisque bon nombre d'établissements dans les zones rurales sont restés fermés. Cependant, ces avis ne changent rien à la contamination qui va, malheureusement, crescendo et qui pourrait bouleverser les plans établis. D'autant plus que l'Etat avoue son incapacité à traiter tous les établissements scolaires sur un pied d'égalité. Non pas par manque de volonté, mais à cause de l'impossibilité d'y parvenir en raison d'une infrastructure défaillante dans des centaines d'établissements, en particulier dans les zones rurales où le manque de commodités se fait sentir. D'ailleurs, nombreuses sont les écoles où même l'eau du robinet brille par son absence. D'où la difficulté d'appliquer le protocole sanitaire fondé sur l'eau et le savon. En outre, les familles nécessiteuses peuvent-elles subvenir, durant toute l'année scolaire, aux besoins de leur progéniture en bavettes obligatoires même si l'Etat leur a promis son aide ? Dans ce contexte, le chef du gouvernement a réagi, rapidement, à l'état des établissements scolaires. 32 millions de DT seront débloqués, immédiatement pour financer des travaux de restauration à mener d'urgence dans 400 établissements. Toujours est-il que c'est une expérience qui restera dans les annales avec l'espoir qu'elle sera la dernière. Elle pourrait, d'ailleurs, servir d'exemple à certains pays qui vivent les mêmes difficultés que la Tunisie sur le plan sanitaire. M. K.