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La France doit-elle payer l'ardoise de Gerboise bleue ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 09 - 2020


Par Noureddine Khelassi
Dans son édition du lundi 14 septembre 2020, le quotidien français Le Monde publie une tribune, signée de deux experts français en désarmement qui exhortent leur gouvernement à aider l'Algérie à retrouver les matières radioactives enfouies dans le Sahara après les dix-sept essais nucléaires effectués entre 1960 et... 1966 ! Patrice Bouveret, directeur de l'Observatoire des armements, et Jean-Marie Collins, coporte-parole d'Ican France, demandent aux autorités de leur pays de « sortir du déni » et de collaborer activement avec l'Algérie.
Ils estiment que «plus de cinquante ans après le dernier essai nucléaire français au Sahara, le passé nucléaire de la France ne doit plus rester enfoui dans les sables». Et qu'il est temps de les déterrer pour «assurer la sécurité sanitaire des générations actuelles et futures, préserver l'environnement et ouvrir une nouvelle ère des relations entre l'Algérie et la France».
Ils rappellent à ce propos que «la France a fait détoner 210 engins nucléaires entre 1960 et 1996», mais que le sujet reste un tabou officiel. Et soulignent que le déni persiste alors même qu'une «prise en compte des dégâts environnementaux et sociaux a eu lieu en Polynésie et un travail de réparation a été entrepris». «Rien de tel en Algérie», notent-ils.
Autre rappel par ces deux experts : «À plusieurs reprises, ces dernières années, les autorités algériennes et françaises ont manifesté leur volonté de traiter la question des conséquences des essais nucléaires. Des commissions mixtes ont été mises en place pour faire des propositions. Sans résultat.»
Dans cette même tribune, Patrice Bouveret et Jean-Marie Collins rappellent aussi que le Président algérien Abdelmadjid Tebboune a précisé, dans un entretien de presse, que «la seule compensation envisageable est celle des essais nucléaires», ajoutant que «les séquelles sont encore vives pour certaines populations, notamment atteintes de malformations ». En effet, les déchets des essais nucléaires français en Algérie ont engendré des risques sanitaires importants pour les populations locales, les générations futures, tout comme pour l'environnement.
Déjà, en 2016, le quotidien Le Parisien avait publié à ce même sujet un document explosif et des preuves accablantes. En effet, des documents secret-défense français publiés par ce journal populaire quotidien révèlent l'étendue des retombées radioactives des essais nucléaires français dans le Sahara algérien dès 1960. De 1960 à 1961 : 4 essais aériens à Reggane ; de 1961 à 1966 : 13 essais souterrains à In Ecker. Et la carte des dégâts fait vraiment froid dans le dos. Classée secret-défense par l'armée française durant des décennies, elle vient d'être déclassifiée dans le cadre de l'enquête pénale déclenchée par des vétérans des campagnes d'essais nucléaires français en Algérie, puis en Polynésie dans les années 1970.
Pour la première fois, le grand public découvrait alors l'étendue précise des retombées radioactives des essais réalisés dans le Sahara. Sur la carte, les mesures de l'armée française montrent que les rejaillissements ont recouvert tout le Maghreb et même le Sahel. On constate ainsi que treize jours après le tir de la première bombe aérienne, la sinistrement fameuse Gerboise bleue, des conséquences radioactives atteignent même les côtes espagnoles et recouvrent la moitié de la Sicile !
Pourtant, les documents secret-défense français assurent que les doses étaient «généralement très faibles» et sans conséquences. Il est vrai que les normes prudentielles de l'époque étaient beaucoup moins strictes que maintenant, mais les progrès de la médecine ont démontré, depuis, que même de faibles doses peuvent déclencher, dix, vingt ou trente ans plus tard, de graves maladies. Autre terrifiante découverte, les militaires reconnaissent qu'à certains endroits les normes de radioactivité ont été largement dépassées : à Arak, près de Tamanrasset, où l'eau a été fortement contaminée, mais aussi dans la capitale tchadienne N'Djamena. Il est désormais admis que la carte du zonage des conséquences de Gerboise bleue indique clairement que certains radioéléments éjectés par les explosions aériennes, tel l'iode 131 ou le césium 137, ont pu être inhalés par les populations malgré leur dilution dans l'atmosphère. Et, sauf à être de mauvaise foi, nul n'ignore aujourd'hui que ces éléments radioactifs sont à l'origine de cancers ou de maladies cardio-vasculaires graves. Cependant, aussi graves que soient ces nouvelles révélations, elles ne constituent, en fait, qu'une part de la triste réalité. Car, pour l'instant, l'armée française n'a communiqué que des archives soigneusement triées, dans lesquelles il manque des pans entiers de données. Il faudrait donc réformer juridiquement l'accès à ces informations pour améliorer le processus de déclassification.
Reste donc la question essentielle à poser : la France devra-t-elle un jour indemniser les populations algériennes et subsahariennes ? On sait que le sujet demeure une grosse épine diplomatique entre l'Algérie et la France. À plusieurs reprises, l'Algérie, c'est-à-dire le plus souvent des voix semi-officielles ou non autorisées, avait menacé la France de rétorsions, mais sans aller jusqu'au bout. Et si l'Etat algérien n'a pas encore bougé, la société civile, elle, s'est emparée du dossier. Des juristes et des avocats participent régulièrement à des colloques pour faire reconnaître l'impact des essais nucléaires en Algérie.
Il faudrait désormais une action commune avec nos voisins de l'Afrique subsaharienne. Il est évident que seule une action africaine concertée, appuyée par l'action officielle des Etats de la région pourrait obliger la France à payer un jour ou l'autre, inéluctablement, l'addition, très très salée, de Gerboise bleue.
N. K.
La campagne Ican (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons), lancée en 2007, regroupe plus de 570 organisations non-gouvernementales partenaires, dont une cinquantaine en France, dans 105 pays au 1er avril 2020. Elle vise à mobiliser les citoyens pour faire pression sur leurs gouvernements pour poursuivre l'entrée en vigueur du traité sur l'interdiction des armes nucléaires, puis sa réalisation. Parmi ses soutiens, on compte Hans Blix, Ban Ki-moon, le dalaï lama et Yoko Ono. Le collectif Ican-France a été créé au printemps 2009 ; prenant la suite de la campagne française pour le désarmement nucléaire qui regroupait déjà de nombreuses associations.
N. K.


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