Généralement ceux qui menacent passent rarement à l'action. Ceux qui font ce qu'ils disent, agissent, ils ne parlent pas. La formule a pris quelques rides mais jusqu'à ce qu'on trouve mieux, ce qui existe déjà est valable, sinon «mieux que rien». Admirez ces pays arabes et musulmans qui menacent de boycotter les produits français parce que Macron a fait son travail de... président de la République française. Jusque-là, le monde n'a eu droit qu'à quelques images qui peuvent tout dire ou ne rien dire du tout. Des agents de vente de supermarchés retirant quelques biscuits des étalages, sept barbus libyens brûlant un drapeau tricolore et deux portraits d'Emmanuel Macron, puis l'écho d'une «colère» insondable parvenu du Maroc. Il paraît que le gouvernement de Sa Majesté n'est pas content de la déclaration du Président français et il l'a fait savoir. On l'a entendu, ce qui ne veut nullement dire que tout le monde l'a compris. Repartons par en bas. Le gouvernement marocain est islamiste et c'est normal qu'il s'aligne sur les islamistes. Ceci dans l'absolu, c'est-à-dire quand il y a un vrai... gouvernement islamiste dans une vraie monarchie constitutionnelle. Il est vrai que nos voisins de l'Ouest ont entrepris depuis longtemps d'expliquer qu'ils y sont déjà, mais ils ont convaincu autant de monde qu'il y a de spectateurs dans un match à huis clos. Pour faire simple, la France sait qui commande dans ce pays, c'est entre autres pour cela qu'elle ne laissera pas tomber le Maroc. Non seulement les gouvernements ne durent pas, mais quand ils sont là, ils comptent pour du beurre. C'est avec le roi que se passent les choses sérieuses. Les petites glissades libertaires, elles sont tolérées justement pour permettre au souverain de réparer ça. Il ne se passera rien de méchant entre Rabat et Paris, avant longtemps. Certainement pas pour «si peu». À propos, peut-on imaginer la vie au Qatar sans le beurre de Normandie et le camembert Président, sans le champagne et tout ce qui peut incarner le «savoir-vivre à la française» ? Voyons, il n'a jamais été question de renoncer à quoi que ce soit. Juste un pétard mouillé d'honneur sans... honneur, puis s'en vont. On a dit les biscuits Lu, qu'on va remettre dans les bacs en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, pas le Paris Saint-Germain. On a dit le miel aux herbes de Provence, pas les gigantesques projets immobiliers. Vous vous rendez compte ? Ce sont les propriétaires de grandes surfaces qui ont «l'initiative» de la riposte au tort fait au Prophète, pas les émirs. Et c'est le Medef qui appelle les patrons français à la résistance. Plus haut, ça se passe plutôt bien. Macron fait son travail de Président et les dirigeants «arabo-musulmans» font semblant de... faire le leur. Plus à l'Ouest, sept Libyens font un petit feu avec un drapeau tricolore et deux portraits de Macron. Les autres Libyens ont d'autres tristesses, d'autres occupations et peut-être bien d'autres espoirs. S. L.
