Les monarchies du Golfe ont affiché publiquement leur soutien à l'agression marocaine contre le Front Polisario. Certaines d'entre elles vont encore plus loin en affirmant soutenir également les prochaines actions que pourrait entreprendre Rabat. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le Qatar, Bahreïn, Oman, les Emirats arabes unis et même la Jordanie ont réagi très vite, des communiqués ont été publiés à peine quelques heures après l'attaque menée à Guerguerat, par les ministères des Affaires étrangères respectifs de ces pays. Doha, Abou Dhabi, Mascate et Amman ont exprimé leur position dans des termes quasi similaires, qualifiant l'agression marocaine « d'action visant à défendre l'intégrité du territoire marocain ». Les faits et la vérité sont requalifiés, considérés en fonction de la politique bien connue de ces Etats dont la démarche s'inscrit principalement dans un geste, bien connu, de solidarité entre monarchies. Transformant l'agresseur en agressé, le Qatar « s'inquiète pour le Maroc » qui trouve des « difficultés à organiser des déplacements civils et commerciaux « à travers le passage de Guerguerat », un no man's land sous protection des Casques bleus de la Minurso (Mission des Nations-Unies pour le référendum au Sahara Occidental) qui ne doit être traversé par aucune partie selon le plan de paix mis en place par l'ONU. Dans un communiqué brutal, Bahreïn réduit l'armée sahraouie à des « milices », Oman soutient également en transformant le Maroc en victime, mais la plus offensive déclaration vient d'Abou Dhabi qui se projette dans l'avenir en affichant son soutien à toutes les prochaines actions que pourrait entreprendre Mohammed VI. Ce pays a beaucoup fait parler de lui ces dernières semaines, pas seulement pour son opération de normalisation avec Israël, mais aussi pour sa décision de mettre en place une représentation diplomatique officielle à Laâyoune, capitale occupée du Sahara Occidental. L'ouverture du consulat a d'ailleurs eu lieu il y a quelques jours à peine et beaucoup ont alors considéré la nouvelle comme étant un grave précédent pouvant annoncer des événements inattendus dans la région. Le soutien des monarchies du Golfe au Maroc n'est pas une nouveauté en soi. On les a vues, en 2018, se dresser à ses côtés après la rupture des relations diplomatiques avec Téhéran. Ils ont agi aussi au sein de la Ligue arabe, une organisation qu'ils tiennent bien en main, et qui a exprimé également sa solidarité avec Rabat après sa rupture des relations diplomatiques avec l'Iran accusé d'avoir utilisé un diplomate iranien basé à Alger pour acheminer une livraison d'armes au Front Polisario. Ennemie jurée de Téhéran, l'Arabie Saoudite avait joué un grand rôle dans cette affaire, elle avait d'ailleurs été la première à réagir, ce qui ne s'est pas produit cette fois-ci car elle a réagi après le Qatar, Oman et les Emirats arabes unis. Un communiqué a été publié au cours de la journée d'hier, samedi, par le ministère des Affaires étrangères saoudien qui considère l'action de l'agresseur « légitime » tout en appelant à la « retenue et la non-escalade ». Dans le monde diplomatique, beaucoup s'interrogeaient hier sur la position à venir de la Ligue arabe. Jusqu'à samedi soir, cette organisation ne s'était pas encore exprimée, aucune information ne faisait, par ailleurs, état de la convocation d'une réunion d'urgence. Tous savent également qu'il y a très peu à attendre sur le sujet, ses principaux acteurs et membres les plus actifs se sont déjà exprimés, soutenant officiellement le plus dangereux des jeux qui se joue dans la région... A. C.
