Un nouveau procès attend Saïd Bouteflika et les généraux Toufik et Tartag. Il pourrait se tenir au cours des trois mois à venir, en vertu des usages appliqués dans la nouvelle situation à laquelle ils sont confrontés. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Cette décision fait suite a l'annonce faite hier par la Cour suprême de la nécessité de rejuger ces trois hauts anciens responsables condamnés à quinze ans de prison par le tribunal militaire de Blida. Cette haute instance judiciaire avait été saisie neuf mois plus tôt par le collectif de défense après épuisement de tous les recours utilisés en matière judiciaire. En février dernier, et à l'issue du procès en appel qui avait confirmé la première peine prononcée, les avocats de Bachir Tartag, ancien coordonnateur des services de sécurité auprès de la présidence de la République, et l'ex-conseiller de Abdelaziz Bouteflika et le général Toufik ont fait cassation sur conseil de leurs avocats qui qualifiaient les peines de «très lourdes». La décision a d'ailleurs été accueillie avec une très grande satisfaction par les avocats. «C'est tout à l'honneur de la justice, une très bonne chose, déclarait Me Miloud Brahimi, avocat du général Toufik, après l'annonce de la nouvelle. C'est une excellente nouvelle», déclare de son côté Me Ksentini. «C'est un retour au droit, à la normale, car le dossier pour lequel ont été poursuivis et condamnés les inculpés était tout simplement inadmissible. A présent, la situation revient à la normale.» Les motifs pour lesquels la Cour suprême a décidé de faire cassation ne sont, en revanche, pas encore connus. Les avocats eux-mêmes l'ignoraient encore hier et ne pourront en prendre connaissance qu'après lecture des mentions qui sont faites par les magistrats de cette instance dans la nouvelle ordonnance de renvoi. Ce qu'il faut également savoir est que la Cour suprême a pris une autre décision jugée importante par les avocats, à savoir la désignation du tribunal militaire de Blida pour l'organisation d'un nouveau procès. «Le dossier ne sera pas transféré vers une autre juridiction militaire éloignée, c'est aussi une bonne chose», estiment-ils. À Blida, la composante de la cour qui sera chargée de rejuger les trois anciens hauts responsables sera modifiée et donc composée de magistrats n'ayant pas siégé au cours des deux anciens procès qui se sont déroulés. Saïd Bouteflika et les généraux Toufik et Tartag ne sont, cependant, pas les seuls concernés par la décision rendue hier par la Cour suprême, elle concerne également la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Après avoir été condamnée à quinze ans de prison en première instance, Louisa Hanoune a vu sa peine réduite, en appel, à trois années de prison dont neuf mois ferme, une période qui correspondait alors au temps que cette dernière avait passé en prison. L'incarcération de cette responsable politique avait été perçue comme étant une grave dérive qui confirmait «la criminalisation de l'acte politique», selon les dix partis politiques qui avaient signé un appel à sa libération. Les avocats de Louisa Hanoune ont donc, eux aussi, introduit un pourvoi en cassation après sa sortie de prison. Ces derniers estiment que la SG du PT doit être «totalement innocentée car ayant été condamnée sur la base d'un dossier vide et en raison d'un acharnement politique évident». Le tribunal de Blida n'est tenu par aucune échéance ou période précise pour fixer la date du nouveau procès, mais il pourrait se «dérouler au cours des deux à trois mois à venir», estiment les avocats en se basant sur «l'expérience acquise dans le domaine », nous dit-on. Depuis le 4 mai dernier, date de l'arrestation des prévenus, ces derniers n'ont jamais cessé de qualifier les faits pour lesquels ont été poursuivis et condamnés leurs clients. Les généraux Toufik, Tartag et Louisa Hanoune ont été inculpés pour «atteinte à l'autorité militaire et complot contre l'autorité de l'Etat». Il leur est reproché d'avoir pris part à une réunion durant laquelle devaient être passés en revue les noms des potentiels successeurs de Abdelaziz Bouteflika. A. C.