Alors que la vaccination contre le Covid-19 débutera d'ici la mi-février, à Oran un relâchement manifeste se fait ressentir au sein de la population. Si la proportion des « porteurs » de masque est plus importante comparée aux mois précédents, cela n'est qu'une formalité d'usage pour beaucoup qui ne daignent même pas laver ou changer leur bavette. Il s'agit d'une nouvelle habitude qui est entrée dans les us. Mais alors seront-ils plus réceptifs pour se faire vacciner ? Les cérémonies d'enterrement ont repris de plus belle et dès lors qu'il ne s'agit pas d'un décès par contamination au Covid-19, les rassemblements se font de manière ordinaire sans le respect de la distanciation et encore moins du port du masque. Des mariages sont également célébrés dans « un silence complice » de l'entourage par l'organisation de la fête dans des villas louées ou appartenant à des proches. Dans les marchés, les supérettes, les transports en commun..., pour beaucoup le port du masque consiste seulement à le « poser » sur le visage pour entrer dans le moule sans véritable respect d'hygiène. La distanciation, quant à elle, n'est vraiment pas à l'ordre du jour. Les chiffres de contaminations étant autour des 200-250/jour, au niveau national, sans augmentation significative, cela encourage les plus sceptiques quant à la dangerosité et à la propagation massive du virus à se montrer moins vigilants. Les chiffres des contraventions enregistrées en 2020 pour non-respect des heures de confinement de 5h à 20 heures font état de 107 172 personnes ayant choisi de ne pas s'y soumettre, plus de 13 000 véhicules placés en fourrière, ou encore 4 874 commerces verbalisés pour non-respect des horaires d'ouverture autorisés. Lors de son dernier point de presse, le DSP d'Oran avait conscience que la campagne de vaccination allait s'étaler dans la durée tout au long de l'année en cours, afin de convaincre la population de la nécessité de la vaccination. Cette dernière permettra l'augmentation de l'immunité de la population, « toutefois, avait-il précisé, le vaccin permettra également, non pas la disparition du virus, mais sa diminution ». Face à ce relâchement de la population, comment convaincre les Oranais de se faire vacciner ? Pour certains, il est inutile, pour d'autres il pourrait être nuisible à leur santé et l'assurance d'être totalement immunisés contre ce virus ne les convainc pas vraiment. Autant de scepticisme que dit comprendre le DSP, mais qui tient, toutefois, à rappeler que «le 18 mars prochain, Oran bouclera un an ‘'de cohabitation'' avec le virus puisque le premier cas a été enregistré à cette date de l'année passée. La wilaya a connu trois pics au mois de juillet avec 2 400 cas, au mois de novembre 2 200 cas et décembre plus de 2 000 cas. Soit nous enregistrions entre 90/120 cas par jour. On ne peut pas vivre avec ce virus ainsi. La prochaine étape ne consiste pas à reprendre la sensibilisation quant à la nécessité de respecter les règles sanitaires et hygiéniques contre le virus en question, ceci devrait être acquis ». Boudaa, DSP d'Oran, estime que « la crainte et la réticence du citoyen sont tout à fait normales mais dans cette situation, il faut mettre dans la balance plusieurs éléments : qu'avions-nous pour combattre ce virus ? Nous avions la PCR et nous nous sommes dotés de 8 centres afin de désengorger l'annexe de Pasteur de la pression subie. Nous avions aussi l'organisation des hôpitaux et la chloroquine. Aujourd'hui, le vaccin constitue pour nous une autre arme. Lorsque l'immunité collective à travers le pays atteindra 60/70% pour la population, la circulation du virus diminuera ». Face à une population qui prend de moins en moins au sérieux les conditions strictes de protection contre le Covid-19, la campagne de sensibilisation pour se faire vacciner ne sera pas des plus faciles. Amel Bentolba