La suspension de l'importation des viandes rouges fraîches et congelées risque de bouleverser l'offre et la demande sur le marché national. Une situation qui impactera forcément les prix de ces produits. L'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (Apoce) ne cache pas ses appréhensions et plaide pour un système de régulation «fiable». Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Visant à réduire la facture d'importation, le gouvernement a suspendu l'importation des viandes rouges, y compris la viande congelée. Seule l'importation de bétails vivants reste autorisée. Elle serait, selon le ministère de l'Agriculture, moins coûteuse pour le Trésor public que celle des viandes rouges. L'Algérie, qui compte aujourd'hui plus de 27 millions d'ovins sur le marché national, rappelle-t-on, est parvenue à l'autosuffisance pour la viande ovine. Toujours est-il, le gel de ces importations risque de provoquer une perturbation dans l'offre et la demande de la viande locale, voire même des ruptures de stock en viandes rouges. Une situation qui se répercutera bien évidemment sur les prix de ces produits, déjà excessivement chers pour les petites bourses, et impactera le pouvoir d'achat des consommateurs. Nombre de ménages ont pris l'habitude de se rabattre sur la viande surgelée, notamment durant le mois de Ramadhan, une période où les viandes rouges connaissent une très forte demande. Le président de l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement, Mustapha Zebdi, affirme qu'il n'y a aucune gêne à ce que l'importation de la viande rouge fraîche et congelée soit suspendue. Bien au contraire, cette décision, précise-t-il, permettra de promouvoir le produit local. «C'est bien que la viande fraîche locale soit l'alternative, mais à des prix accessibles. Mais si nous constatons une fluctuation du prix des viandes rouges surtout à l'approche des grandes occasions où la consommation de ce produit augmente, nous allons demander l'importation de la viande congelée», dit-il. Pour Mustapha Zebdi, la disponibilité des viandes rouges et la stabilité de leurs prix dépendent d'un système de régulation «fiable». «Nous ne sommes pas assez rassurés sur la disponibilité de ces produits et l'accessibilité des prix», note-t-il. Certes, poursuit-il, «aujourd'hui, les éleveurs parlent d'une autosuffisance en viande ovine, mais ce n'est pas le cas pour la viande bovine. Les expériences précédentes ont montré que malgré toutes les assurances, il y a eu toujours des fluctuations des prix». Il ne cache pas d'ailleurs son appréhension quant à une augmentation des prix de la viande blanche en raison de la cherté de l'aliment de volaille et qui risque d'impacter certainement ceux des viandes rouges. Le président de l'Apoce insiste ainsi sur la mobilisation des pouvoirs publics pour surveiller le marché afin d'éviter une situation qui va porter préjudice aux consommateurs algériens. Face à la suspension de l'importation des viandes rouges fraîches et congelées, les bouchers qui ne proposaient que la viande rouge provenant de l'importation n'ont plus le choix. Désormais, ils sont dans l'obligation de s'approvisionner en produits locaux. Les opérateurs versés dans l'importation de ces produits eux aussi sont sommés de changer d'activité. Ry. N.