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«Le vaccin va améliorer considérablement la situation sanitaire»
Le docteur Mohamed Tahar Zerouala au Soir d'Algérie :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 02 - 2021


Entretien réalisé par Naïma Yachir
Le coranavirus est toujours là, même si les cas de contamination sont en décrue et que la campagne de vaccination est entamée. Près d'une année après son apparition en Algérie, le docteur Mohamed Taher Zerouala fait le bilan de la pandémie, en se basant sur les déclarations du Conseil scientifique et de sa propre expérience en tant que médecin, exerçant dans son cabinet.
Le Soir d'Algérie : Une année après la survenue des premiers symptômes du Covid-19, apparu en Algérie, à l'instar des autres pays, quel bilan peut-on avancer en se basant sur les informations officielles quotidiennes et sur votre expérience en tant que diplômé en hématologie, médecin de ville ?
Dr Zerouala : Le bilan n'est pas exhaustif. Il sera plus ou moins complet lorsque tous les patients testés au niveau du secteur public (hôpitaux) et du secteur privé, ce dernier inclut les sujets testés au niveau des laboratoires privés et ceux qui consultent dans les cabinets, et ils sont nombreux, seront comptabilisés. Au moment où cet article est en conception, le ministère de la Santé décide de comptabiliser les sujets positifs du secteur privé. En dehors de la RT PCR, il prend également en considération les tests antigéniques. Cette information est donnée par la presse nationale.
Revenons d'abord sur les symptômes : ils sont multiples et différents d'un patient à un autre. L'expérience de la première vague nous a appris à mieux reconnaître cliniquement la pathologie du coronavirus. Les examens complémentaires ne feront que confirmer dans la plupart des cas le diagnostic. J'utiliserai volontairement un langage accessible au grand public. Ce sont des maux de tête inhabituels, de la fièvre, d'une fatigue insupportable, une perte de l'odorat presque constante qui a une grande valeur diagnostique, de la toux, un mal de gorge, une perte du goût, une diarrhée, une perte d'appétit qui entraîne un amaigrissement relativement important en quelques jours. Parfois les signes sont plus importants notamment pour des personnes qui ont d'autres pathologies. On dit qu'elles sont vulnérables. Ce sont des diabétiques, des hypertendus, des malades du cœur, des insuffisants rénaux, des cancéreux, des insuffisants respiratoires... et les sujets âgés. Ces derniers nécessitent une prise en charge lourde qui va de la surveillance stricte à domicile en guettant les complications, jusqu'à l'hospitalisation et, dans les cas plus graves, la réanimation. La majorité des patients en médecine de ville relève, fort heureusement, d'une prise en charge ambulatoire, c'est-à-dire à la maison. Dans ce cas, le téléphone joue un rôle fondamental entre la famille du patient et le médecin traitant.
Quels sont les tests disponibles ?
La RT-PCR. Elle permet d'identifier le virus à partir de sa carte d'identité génétique. Son ARN. Le prélèvement se fait chez nous au niveau des fosses nasales. Quand la personne est infectée par le virus, celui-ci se multiplie, c'est la charge virale. La quantité d'ARN viral va augmenter et le test sera positif. Le test à la RT-PCR se fait dès les premiers symptômes chez la personne malade, et peut s'étendre aux personnes contactées. Il est également exigé pour les personnes qui voyagent dans d'autres pays. Il peut être un faux négatif tout à fait au début des symptômes, car la charge virale n'est pas encore importante. Si la RT-PCR est positive, le sujet est porteur du virus potentiellement infectieux et il est potentiellement contagieux. Les personnes qui ont été en contact avec le sujet malade, même deux jours avant la déclaration de ses symptômes, doivent se faire tester. A défaut du test à la RT-PCR qui peut être financièrement onéreux, on peut se tourner vers les tests antigéniques, qui sont complémentaires aux tests à la RT-PCR pour un dépistage plus rapide et beaucoup moins cher. Considérés initialement moins fiables que les tests RT-PCR, ils viennent de recevoir l'aval de la plupart des experts scientifiques.
Les tests rapides antigéniques sont des tests précoces au même titre que les RT-PCR. Ils consistent à déterminer si le sujet testé est infecté. Ils s'effectuent également par le recueil de matière au fond du nez grâce à un écouvillon. Si la RT-PCR recherche l'ARN du virus, c'est-à-dire sa carte d'identité, les tests antigéniques recherchent les protéines produites par le virus lui-même. Les tests antigéniques permettent de gagner du temps dans le cadre d'un dépistage massif de la population. Ils peuvent également s'effectuer en dehors des laboratoires. Certains scientifiques restent sceptiques quant à la fiabilité totale des tests rapides, mais nombreux sont ceux qui considèrent que les tests rapides sont aussi déterminants que la RT-PCR. Ces différents tests sont faits dans un cadre orienté ou systématique. Je m'explique. Orienté, devant des signes cliniques que le médecin traitant rattache à des symptômes de la Covid. Systématique, dans le cadre d'un dépistage au niveau d'un groupe (une entreprise), un aéroport, une équipe sportive...
Quelle est la place des tests sérologiques pour la Covid-19 ? Quelles sont les multiples questions que vous posent vos patients ?
Le test sérologique est un test sanguin. Il permet de rechercher des anticorps produits lors d'une infection récente ou ancienne au coronavirus. Il n'a pas de valeur s'il est effectué pendant les symptômes ou tout de suite après les symptômes. Dans ces cas, le résultat sera négatif. Il faut attendre 10, 15, ou 20 jours après l'exposition pour voir apparaître les anticorps. Une exposition ancienne, par exemple pendant la première vague, peut nous donner une sérologie positive au moment de la deuxième vague confirmant l'exposition du sujet à la Covid-19. S'agit-il du développement d'une immunité protectrice ? Un résultat positif indique que les anticorps anti-Covid 19 ont été détectés, et ne présagent pas d'une protection contre une éventuelle future infection au coronavirus. Ces anticorps sont les igM et les igG. Les tests sérologiques permettent d'identifier les personnes qui ont été en contact du virus et qui ont échappé au dépistage par la RT-PCR et les tests antigéniques. L'observation montre que les anticorps sont plus élevés chez les sujets qui ont souffert violemment de la Covid. Les patients ne sont pas tous les mêmes immunologiquement devant la Covid. Les réactions sont différentes d'un patient à un autre. En général, les igM sont sécrétées les premières, quelques jours après les symptômes, une semaine, dix jours... puis ce sont les igG. On peut les retrouver en même temps à des chiffres différents. Normalement, les igM vont chuter laissant la place aux igG qui vont augmenter. Le patient réagit donc par l'installation d'une immunité. Cette immunité est-elle durable. La présence des igG laisse présager que le patient n'est pas contagieux. Certains patients continuent à avoir des igM toujours élevées lors de sérologies suivantes. Sont-ils encore contagieux. Difficile de répondre.
Quelle est la place du scanner thoracique dans le diagnostic ?
Elle n'est pas négligeable. Les centres d'imagerie nous ont beaucoup aidés quant à l'atteinte du parenchyme pulmonaire et sa prise en charge selon l'étendue de la pneumonie quand les tests sanguins n'étaient pas légion. Le scanner, l'examen thoracique par le médecin et l'apport de l'oxymètre (qui évalue la saturation d'oxygène du patient) nous ont permis d'éviter l'hospitalisation dans bien des cas. Pour un très grand nombre de patients, la guérison (basée sur la disparition des signes cliniques et un retour à une vie normale) est la règle. La médecine de ville a évité l'hospitalisation pour un très grand nombre de malades atteints de la Covid-19. Ils ont été pris en charge selon les recommandations nationales et internationales des hautes autorités de santé. Il faur reconnaître sincèrement qu'en Algérie nous n'avons pas manqué de produits en pharmacie pour une prise en charge ambulatoire sérieuse. La ruée vers les tests RT-PCR et antigéniques a fortement baissé sauf pour les personnes qui prennent l'avion. Pourquoi ? En cas de suspicion de la Covid-19, les citoyens s'adonnent à l'automédication. Une mauvaise initiative qui peut être dangereuse. Ils appliquent, et mal, un protocole. Il n'y a pas de traitement contre un quelconque virus. Les médicaments que le corps médical utilise pour lutter contre ce fléau sont le résultat d'une recherche empirique, basée sur les expériences, qui consiste à contrecarrer les complications que peut engendrer le virus qui se répand partout dans l'organisme. Seul le médecin peut évaluer les dégâts respiratoires, cardio-vasculaires, neurologiques, rénaux et intervenir à temps pour améliorer le pronostic. Le scanner n'est pas utile s'il n'existe pas de signes respiratoires. Sauf pour les sujets à risque qui peuvent présenter des troubles de la coagulation et pour lesquels le dosage des D-dimères est important en vue de dépister l'embolie pulmonaire qui relève de l'extrême urgence.
Que dire de l'immunité ?
C'est la question qui revient souvent lors de la consultation. Evidemment, il s'agit de l'immunité acquise qui est induite par l'agent pathogène qui est le virus Covid-19. L'organisme répond à chaque nouvelle rencontre avec le virus en produisant ses anticorps. L'organisme garde une mémoire. Y a-t-il une immunité naturelle ? C'est le fait que la personne réagit favorablement au contact du virus par exemple sans présenter de symptômes. Les personnes qui réagissent mal vont présenter par exemple des allergies, des courbatures, de la fatigue inexpliquée, cicatrisent mal... Elles ont un déficit immunitaire. C'est le cas de certains patients qui ont souffert d'un coronavirus à symptômes authentiques avec des signes pulmonaires parlants au scanner et une sérologie des jours plus tard avérée négative. Ces patients souffraient de cancers ou de maladies de système. L'immunité est exprimée à travers les tests sérologiques qui ne sont positifs, comme il a été précisé plus haut, qu'après plusieurs jours suivant les symptômes. Ces tests peuvent persister des mois après le premier contact du virus. Classiquement, si les IgM chutent ou disparaissent, les igG s'élèvent et continuent leur ascension. C'est la traduction de l'immunisation de l'individu. Il n'est pas démontré jusqu'à présent que l'immunité acquise soit une protection contre une future infection au virus. Il n'est pas démontré non plus que la propagation du virus entraîne une immunité collective. On pense que seule la vaccination à grande échelle entraîne une immunité collective. En plus de la sérologie, des analyses complémentaires sont demandées au patient. Elles permettent d'apprécier l'état inflammatoire dû à la Covid-19. Vous remarquerez que les globules blancs sont en général élevés avec augmentation du taux des lymphocytes. Les lymphocytes produisent les anticorps, reconnaissent et détruisent les agents pathogènes. L'expérience montre que le taux de lymphocytes est proportionnel à la gravité du Covid-19. Le dosage de la CRP évalue l'inflammation. Un autre marqueur, la ferritine, une protéine qui stocke le fer, est élevée dans la Covid-19. J'ai évoqué plus haut le dosage des D-dimères. Elevés dans le cas de la Covid-19, ils peuvent être le témoin d'une thrombose veineuse ou une embolie pulmonaire au pronostic vital sérieux. Le citoyen apprécie l'importance que le corps médical accorde à ce fléau. Le coronavirus est dangereux et sa propagation est très rapide. Depuis quelques jours, il y a apparition de variants, ce qui est différent des mutants. Il semble que les vaccins actuels soient efficaces contre ces variants. S'ils ont une propagation rapide, d'après certaines recherches, ils seraient moins virulents.
La campagne de vaccination est enclenchée. Quel est le message que vous transmettrez à vos patients d'abord, à la population, ensuite ?
Il est inutile d'insister pour affirmer que la vaccination est le seul moyen efficace pour juguler cette pandémie. Nous devons nous préparer à nous faire vacciner en masse pour développer une immunité collective qui va nous protéger contre ce fléau à propagation rapide et dangereux. La vaccination anti-Covid-19 a débuté chez nous. Les pouvoirs publics l'ont entamée à Blida, ville qui a représenté l'épicentre d'une propagation rapide au début de la pandémie. Cette vaccination, d'après le Conseil scientifique, va s'étendre sur toutes les wilayas. Le ministère de la Santé nous informe qu'il va mettre à notre disposition une plateforme numérique (par internet) pour la réservation des rendez-vous pour le vaccin. Dans mon cabinet, je suis «harcelé» par mes patients, particulièrement âgés, qui sont pressés de se faire vacciner. Ce qui est légitime, compte tenu de leur état de santé. Attendons et espérons. La chose n'est pas facile. Les responsables devraient communiquer un peu plus pour apaiser la population.
Quels sont les vaccins disponibles ?
Chez nous, pour le moment, c'est le vaccin russe qui est utilisé. Spoutnik V, dont c'est le nom, est validé par des experts indépendants et le prestigieux journal scientifique The Lancet reconnaît son efficacité. Va-t-il suffire à vacciner tous les Algériens ? Les pouvoirs publics évoquent d'autres vaccins.
AstraZeneca serait efficace pour les moins de 65 ans. Là, je reproduis fidèlement les dernières communications. Les vaccins Pfizer Biontech et Moderna sont disponibles, je mets cela entre guillemets car la demande mondiale dépasse l'offre. Sanofi et GSK ne pourraient être disponibles que fin 2021.
Un dernier mot ?
Je dirai que la vaccination n'est pas une fin mais un moyen de lutte efficace contre la pandémie. En revanche, et j'insiste là-dessus comme la plupart de mes confrères, les gestes barrières demeurent impératifs. Le virus corona est toujours là. La prise en charge de nos patients est plus efficace comparativement à la première vague. En médecine de ville, l'hospitalisation n'est plus la règle sauf exception. Le vaccin va améliorer considérablement la situation sanitaire. Le public ne doit pas être récalcitrant à l'inoculation. Même vaccinée, la population ne doit pas abandonner les gestes de protection. Soyons disciplinés et attentifs aux recommandations des scientifiques.
N. Y.


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