Mettre fin aux disparités régionales en matière de développement pour une équité et une égalité sociales privilégier le développement des zones délaissées dans le sud du pays par des actions urgentes qui visent l'amélioration de la qualité de la vie des citoyens. Dans le domaine agricole, le développement des autres filières, autres que les dattes, s'impose en tant que facteur de production de richesses, de création d'emplois, de fixation et de stabilité des populations dans le Sud et les zones frontalières. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Madame Fatoum Lakhdari, qui est chercheure sur les régions arides et l'agriculture saharienne, appelle à un plan d'urgence pour le développement des régions du sud du pays et à la diversité de production agricole par l'encouragement de l'industrie de transformation. Si les dattes de Biskra représentent le deuxième produit algérien exporté après le pétrole, elle juge que le Sud détient le potentiel de production d'autres produits agricoles. À cet égard, elle relève que l'Etat devrait penser au développement de l'industrie de transformation, d'une part, pour la création de richesses, mais aussi pour la création de postes d'emploi, estime-t-elle, jugeant, à l'occasion, que le taux de chômage est excessivement élevé dans les régions du sud du pays qu'elle évalue à 30%. Elle explique aussi que la culture céréalière demeure certes le noyau de l'agriculture en Algérie, mais qu'il existe d'autres cultures et créneaux porteurs, à l'instar de la pomme de terre dans la région d'El-Oued où la production atteint 300 kg à l'hectare, citant aussi le cas de la production laitière dans la wilaya d'Adrar. Fatoum Lakhdari dira que l'Algérie a développé des compétences dans différents domaines de l'agriculture grâce à un réseau d'universités, de centres de recherche et de centres de formation professionnelle, mais elle préconise l'intégration dans le système éducatif national de la filière agricole dans une démarche de développement des compétences. Ces compétences ont pour mission de tracer la démarche à suivre et mettre en place les conditions idoines pour le lancement d'un projet, poursuit-elle. Comme elle explique qu'au vu des spécificités des zones arides et sahariennes, on doit tenir compte des critères biophysiques, mais aussi des critères socioéconomiques pour les intégrer dans la vision globale de développement économique. En fait, le citoyen et son environnement doivent être au centre de la réflexion scientifique, d'après elle. Evoquant le Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT), dont elle dit avoir fait partie du comité de suivi durant plusieurs années, elle dira que le document contient beaucoup d'informations intéressantes, mais qui suivent la démarche des objectifs de la politique actuelle, à savoir l'équité sociale et le développement durable, ainsi que la répartition harmonieuse de la population. L'objectif étant d'établir un équilibre dans la répartition de la population sur le territoire, et d'envisager d'amorcer à l'avenir un mouvement de flux migratoire vers le Sud. C'est dans ce sens qu'elle estime que pour les 10 wilayas nouvellement créées, « il faut aller vers un développement de fond et spécifique par la réalisation des infrastructures de base », mais insistant qu'« il faudrait d'abord lancer des actions urgentes qui respectent les conditions de vie, telles que l'adduction d'eau de qualité». La spécialiste des zones arides et des régions sahariennes considère que ce développement harmonieux du territoire devrait toucher aussi les zones frontalières de l'Algérie. Explicitement, elle dira qu'il faudrait respecter les conditions économiques et sociales. Il faudrait créer la richesse et la vie autour de cette richesse où les populations en place puissent s'épanouir et trouver de l'emploi, ajoute-t-elle. Elle évoquera, encore une fois, l'importance du taux de chômage dans ces régions « qui dépasse de loin le taux national ». Les populations des régions des gisements de pétrole du Sud présentent un exemple parfait dans ce domaine, relève-t-elle. A. B.