Le mouvement populaire a confirmé, hier, son retour en force au deuxième vendredi de reprise après un confinement sanitaire de près d'une année. Ainsi, une grande mobilisation a eu lieu à Alger où des déferlantes humaines ont convergé vers le centre-ville dans l'après-midi. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - C'est une véritable démonstration de force que le mouvement populaire a faite hier dans la capitale. Des milliers de manifestants ont envahi le centre-ville après la fin de la prière hebdomadaire, inondant les principales rues, allant de la rue Didouche-Mourad à la Grande-Poste en passant par la place Audin, sous les regards d'un imposant dispositif sécuritaire, alors que deux hélicoptères de la police et de la Gendarmerie nationale tournoyaient au-dessus de la ville. Les slogans des manifestants se radicalisent de plus en plus, ciblant les services de sécurité, mais le mouvement préserve son caractère pacifique, sa véritable force de frappe. C'est aux cris réclamant l'édification d'un Etat civil et non militaire que les marcheurs ont entamé leur manifestation. « Le peuple est en marche. L'Histoire est en marche et rien ne nous arrêtera avant de nettoyer le pays de ceux qui l'ont pourri », nous dit un manifestant à la place Audin, émerveillé par la foule impressionnante qui descend de la rue Didouche-Mourad. Brandissant des pancartes, l'emblème national et l'emblème amazigh pour certains, les manifestants réclament le départ du système politique pour laisser la voie à la construction d'une véritable démocratie. « Le Hirak est la solution », proclame l'un d'eux dans sa pancarte pendant qu'un autre arbore une plaque sur laquelle est écrit « Notre objectif est de bâtir un Etat de droit, de justice, des libertés et de démocratie ». De temps à autre, le slogan « Le peuple veut l'indépendance » déchire le ciel d'Alger, avant de lui succéder « Algérie libre et démocratique » et plusieurs autres slogans dénonçant les violences subies par certains détenus lors de leur garde à vue dans les locaux des services de sécurité, dont le dernier est Sami Dernouni qui avait dénoncé ces pratiques lors de son procès au tribunal de Tipasa. « Non aux emprisonnements », lit-on sur une pancarte, pendant que sur une autre on pouvait lire « La torture est un crime contre l'humanité ». Le mouvement qui tient à son unité refuse jusqu'à présent tout débat idéologique et les manifestants l'ont réitéré en lançant à tue-tête « Il n'y a ni laïcs ni islamistes. Il y a une bande qui pille sans pitié ». Certains manifestants n'ont pas manqué de répondre à ceux qui évoquent la crise des slogans dont souffre le Hirak. Pour l'un des manifestants qui expose son écrit à qui veut le voir, « le problème est dans l'organisation et l'encadrement et non dans les slogans ». Les manifestants ont exprimé également leur rejet du projet de loi présenté par le ministre de la Justice, relatif à la déchéance de nationalité aux Algériens établis à l'étranger. « Ne nous faites pas peur avec la nationalité, alors que nous avons le patriotisme dans nos cœurs », ont lancé les manifestants en saluant la mobilisation de la diaspora en soutien au Hirak. Ils s'en sont pris au ministre de la Justice Belkacem Zeghmati, appelant à l'indépendance de la justice. K. A.