Au moment où Peugeot annonce en grande pompe l'évolution stylistique de son logo, lors d'une conférence de presse en ligne, son compatriote Renault opte pour la discrétion dans le dévoilement de son nouveau losange revu et arboré désormais par le concept R5 et Zoé. Le changement de logo, ou plus globalement d'identité visuelle, représente une étape importante dans la vie d'une marque et constitue souvent un moment choisi et attendu pour redonner du tonus à l'entreprise et améliorer son image auprès de ses clients. Un événement majeur qui marque, aussi, une évolution qualitative dans le parcours d'un constructeur. Autant d'arguments de poids à la disposition d'une marque, mais dont Renault ne semble pas vouloir en tirer profit. Il vient, en effet, en toute discrétion lever le voile sur un losange redessiné dans une nouvelle publicité pour son modèle électrique fétiche, Zoé, et quelques semaines plus tôt sur la calandre de la R5 millésime 2021. Une similitude entre les deux constructeurs français, c'est le clin d'œil à leur histoire respective et le rappel d'une phase précise de l'évolution de leurs logos. Pour Peugeot, c'est retour au blason d'inspiration évidente de celui de 1963, intégrant à la fois la tête du lion remastérisée et le nom. Il en est de même pour Renault, qui convoque son passé, pour reprendre le graphisme du losange en vigueur entre 1972 et 1992, soit 20 années durant et dessiné, en son temps, par le père de l'art optique, le Franco-Hongrois Victor Vasarely. Il est vrai, toutefois, que ce logo refondé a été déjà aperçu lors de la présentation du plan stratégique «Renaulution», au début de l'année en cours, et surtout de la R5 rétro-futuriste. Pour l'heure, la décision de Renault de passer sous silence cette importante mutation identitaire a suscité beaucoup d'interrogations de la part des médias, des observateurs et des passionnés de la marque à travers les différents marchés internationaux. Une première dans le monde de l'automobile. D'autant que le label français a enregistré l'arrivée aux commandes d'un nouveau patron, en la personne de Luca de Meo, l'ancien dirigeant de Seat et qu'il prépare la mise en place de ce plan stratégique, cité plus haut, avec à la clé plusieurs nouveautés dans les starting-blocks. Pour apporter des réponses à ces attentes, un porte-parole de Renault justifie cette décision par la situation actuelle de la marque qui a enregistré une perte de 8 milliards d'euros en 2020, et qui est en train de mettre en application un plan important d'économie et de réduction de postes de travail. Autrement dit, il serait superflu de festoyer autour d'un logo redéfini au moment où les bilans de l'entreprise affichent un déficit important et que l'avenir professionnel de milliers de travailleurs est on ne peut plus précaire. Cette profonde déstabilisation du fonctionnement des marques automobiles mondiales reste l'une des conséquences de la pandémie du Covid-19 à travers la planète. B. B.
