Parler, inlassablement, de ce mouvement incessant de personnalités à la mauvaise réputation, désormais faite, et de ces allers-retours entre un tribunal et un autre, tout en se demandant si les magistrats cesseront un jour de travailler sur des dossiers aussi lourds ! Celles et ceux qui en ont subi les conséquences se demandent sans aucun doute et plus régulièrement qu'on l'imagine comment s'organise la vie, extra muros, pour les escrocs, en nombre, qui ont pris la fuite après avoir vidé les caisses du pays ! Comment se comporte-t-on, ailleurs, quand on a été condamné, chez soi, pour avoir renoncé à exercer sa mission, abusé des privilèges de sa fonction et détourné les biens publics, convaincu que l'on n'aurait jamais à rendre des comptes à ce propos de la façon que l'on sait ? Vit-on caché ou mène-t-on, au contraire, grand train ? Eprouve-t-on un minimum de regrets si l'on a gardé des liens avec le pays ou pas la moindre obsession, parce qu'avant de passer à l'acte, le futur était déjà minutieusement tracé ? Surtout si, avant de passer à l'acte, on a étudié, dans le moindre détail, quoi faire des fortunes que l'on a projeté de détourner. Tout calculer, y compris comment prendre la fuite et s'en aller, outre-Atlantique ou chez ses protecteurs attitrés des monarchies du Golfe, faire fructifier les biens pillés. Prendre la poudre d'escampette en vue d'assurer l'avenir de sa descendance et permettre à cette dernière d'en jouir comme d'un légitime héritage ? À propos de progéniture qui participe toujours à la rapine, histoire de donner un coup de main conséquent au puissant papa, il y a celui ou celle qui réussit à quitter le pays et le frangin ou l'homologue et complice qui croupit en prison pour avoir raté son exode. Est-ce que celui qui a retardé sa fuite l'a fait dans l'espoir de s'enrichir encore plus ? Tremper le bras donnerait envie d'y aller de tout son corps. Avec la certitude que l'on n'a pas fini de se servir, que le moment venu, et dès le hold-up accompli, on saura passer entre les mailles du filet. Les galères, elles, restent réservées aux petites bourses que les spéculateurs traquent au quotidien. M. B.