La Ligue des champions d'Europe, la fameuse C1, a souvent été l'arène des duels entre grands du Vieux Continent. A telle enseigne que le Real de Madrid, Barcelone, Hambourg, Bayern, Inter, Milan, Juventus et l'Ajax de Cruijff ont éteint toute concurrence. L'avènement d'investisseurs étrangers, ceux d'Asie notamment, a pourtant donné un vrai coup de pied dans la fourmilière avec la présence désormais permanente de clubs financés par les émirs du Qatar, de Dubaï ou les argentiers de Pékin ou de Bangkok. Et l'illustration parfaite de cette montée en puissance de ces clubs à pétrodollars et de la route de la soie sera donnée à l'occasion du match des «nouveaux riches», le Paris SG et Manchester City. Un pur délice technique que des vedettes internationales royalement rétribuées animeront, d'un côté comme de l'autre. Des stars, Neymar, Di Maria, De Bruyne ou Sterling, et d'autres qui émergent, crevant l'écran malgré leur jeunesse (Mbappé) ou leur cursus de footballeur entamé dans les bas-fonds, à l'exemple de l'enfant de Sarcelles, notre Riyad «National» Mahrez. Deux footballeurs culturellement métissés et dont le sang algérien coule à travers leurs veines. Le Français de par sa mère algérienne d'origine kabyle, Mme Faïza Lamari, et l'Algérien dont le regretté père, Ahmed, un Kabyle de Beni-Snous (Tlemcen) était joueur à l'IRB Maghnia. Sportivement, des similitudes apparaissent même si, techniquement parlant, Mbappé et Mahrez ont des profils distincts. Le natif du 19e arrondissement fait des ravages grâce à sa vitesse de pointe et ses déroutantes courses saccadées. Le Sarcellois est moins rapide mais plus adroit et son toucher de ballon est magique. Le premier est plus buteur quand le second offre des caviars à ses camarades. Style mis à part, les deux virtuoses ont véritablement lancé leur carrière en 2016. Année durant laquelle Mahrez crée, avec les Foxes Leicester, l'exploit de dompter les puissants clubs de la Premier League, tandis que Mbappé, du haut de ses 17 ans, quitte le Vieux Rocher pour remonter sur l'Ile de France, son cocon à Paris. Puis de poursuivre leur ascension jusqu'à devenir, malgré la différence d'âge, deux icônes du football international. Destins croisés, même combat Fan de... l'O Marseille, qu'il aime par-dessus tout mais qui a été recalé par les recruteurs marseillais, le capitaine des Verts est naturellement l'ennemi juré des Parisiens. Ce soir au Parc-des-Princes, il tentera le diable. Vaincre un adversaire dont les ambitions ont dépassé le cadre de la rivalité nord-sud en France. Et s'offrir une autre place dans le panthéon du football planétaire. A chaque fois barrés par les superpuissances européennes, les Cityzens, demi-finalistes pour la première fois en 2016 (éliminés par le Real), compteront sur la patte magique de leur attaquant algérien pour déboulonner une défense parisienne qui a tenu le coup devant le Barça de Messi et le Bayern de Muller. Ses armes sont connues de tous et ses dernières statistiques (13 buts et 13 passes décisives) font peur. Dimanche, en finale de la Carabao Cup, l'Algérien a de nouveau brillé. Et les Spurs se souviendront longtemps d'avoir failli neutraliser un élément que le jeûne a renforcé. En face, Mbappé. Un «frivole» qui s'amuse à jouer des corps de ses adversaires. Un vrai étalon quand il est dans son jour. Lors des deux derniers déplacements au Camp Nou et l'Allianz Arena, il a détruit Gerard Piqué puis Niklas Süle comme il a abusé les deux portiers de la Manschafft, Ter Stegen et Neuer réunis. Et ce soir ? Mbappé se souviendra certainement de ce jour, en mars 2017, où «inconnu» qu'il était, il explosait en huitièmes de finale de la C1, sous le maillot de Monaco, un ManCity bardé d'étoiles (Silva, Sané, Aguero, De Bruyne et autre Caballero) au stade Louis-II (3-1). City qui ne compte pas s'arrêter en si bon chemin ne voudrait pas qu'un autre club français vienne gâcher ses ambitions. La saison dernière, en quart de finale, c'est l'O Lyon qui s'interposait sur le chemin de Mahrez et consorts lors d'un rendez-vous bizarre à l'Estadio Jose Alvalade de Lisbonne (1-3). Ce soir-là, Mahrez a été incorporé à la 56' alors que le score était de 0-0. Aujourd'hui, au Parc-des-Princes, il sera certainement titularisé par Pep Guardiola. Et le score ne sera que de 0-0. Le choc des émirs peut commencer ! M. B.
