Moncef Boudersa, président de l'Association des céramistes algériens (ACA), est revenu sur la nécessité de relancer les investissements directs étrangers (IDE), après « une halte juridique ». Invité par la Radio nationale, hier, Boudersa a également commenté la loi de finances complémentaire 2021 et a estimé, en outre que « le gouvernement doit relancer le secteur du bâtiment ». Ahmed Kessi - Alger (Le Soir) - Selon l'invité de la rédaction de la Chaîne 3, la loi de finances complémentaire (LFC) 2021 devrait contenir des dispositions de soutien aux entreprises, car « un fonds de compensation a plusieurs fonctions. Il vient combler le déficit des entreprises frappées par la Covid-19, sur le plan social, sur l'arrêt des investissements, et, bien évidemment, sur les projections à venir 2021-2022 ». « J'ai toujours soulevé le problème et l'ai inscrit dans l'urgence de proposer au gouvernement les modalités de fonctionnement de ce fonds », a-t-il indiqué, soulignant que ces dernières peuvent être discutées dans « un cadre bien défini et organisé ». Hormis certains secteurs, tels que celui du médicament qui a connu un bond en termes d'investissements, et quelque peu les hydrocarbures qui vont se remettre sur les rails, avec l'augmentation des prix sur le plan international, les entreprises en majorité ont connu une situation de « grave crise ». Ce regain d'activité de certains secteurs, estime Boudersa, peut donner une ouverture intéressante au pays pour des investissements et une reprise du souffle sur le plan social et lui donner une aisance financière pour couvrir tous les déficits induits par la Covid-19 et s'inscrire dans un plan de relance de l'économie nationale. Concernant les céramistes, l'invité de la rédaction affirme qu'ils ont « souffert cruellement de ce Covid » et ce, explique-t-il, pour des raisons techniques et de logistique (transport de marchandises, accès aux unités de production,..), et ont été pénalisés sur le plan pratique. Toutefois, l'intervention du Premier ministre en juin 2020 a permis de retrouver progressivement une activité. Le président de l'ACA souhaite vivement une relance du plan national de l'habitat social et promotionnel car, dit-t-il, le promotionnel qui a continué à fonctionner a été même une « bouffée d'oxygène », estimant que les grands projets gouvernementaux qui étaient lancés en 2018-2019 doivent reprendre le chemin de la croissance. « Il faut que le gouvernement relance le bâtiment », dit-t-il avec insistance, mettant en avant le fait que la Constitution consacre le droit au logement. Des efforts considérables ont été consentis avec la mise sur le marché de plus de 3 millions d'unités de logements, dans le cadre d'un programme de 4 millions d'unités avec plusieurs formules. Ce qui s'avère insuffisant, selon le président de l'ACA. « On souhaite une deuxième opération dans le cadre des nouvelles dispositions financières, pour qu'on puisse relancer un deuxième programme de logements », affirme-t-il, pour accompagner les entreprises et faire bénéficier le maximum de citoyens de logements. S'agissant des préjudices subis durant cette période de Covid, la filière céramique a perdu 60% du chiffre d'affaires. C'est donc 1,8 milliard de DA partis en fumée. Boudersa juge « nécessaire pour la LFC la prise en charge des déficits des différents secteurs enregistrés » car, explique-t-il, c'est le déficit social qui est encore une fois remis sur le tapis, notant le bémol enregistré par cette dernière LFC. La LFC 2021 enregistre la hausse du budget de fonctionnement de plus de 350 milliards de DA, pour atteindre les 5 630 milliards de dinars, et celui de l'équipment de 179 milliards de dinars ce qui l'amène à 2970 000 milliards de dinars. Ce qui équivaut à 8640 milliards de dinars de dépenses pour faire face à plusieurs charges liées à plusieurs secteurs. « J'aurais souhaité que la plus grande part de ces compensations aille aux investissements productifs et non aux budgets de fonctionnement .» Une occasion de donner « un signal fort de rupture dans la méthode de gestion économique », et aussi un signal pour dire que l'Algérie devrait se mettre à un peu plus d'«efficacité économique », en investissant dans des projets porteurs de richesses et d'emplois. Par ailleurs, Boudersa a plaidé pour une bonne gouvernance. « La bonne gouvernance, c'est avoir le courage de réformer la fiscalité, de provoquer un nouveau rapport avec les institutions (opérationnelles et administratives). La rupture, c'est le suivi et la concertation, pouvoir faire des bilans sectoriels, après s'être fixé un cap », a-t-il déclaré, précisant que le pays a tous les moyens pour mobiliser les investissements nécessaires ; les instruments, le climat des affaires, etc. Toutefois, il recommande une « halte juridique » pour assainir la situation de frilosité induite. « La loi peut étouffer l'investissement », dit-t-il, suggérant fortement le retour aux IDE. « Les étrangers peuvent nous accompagner dans certains secteurs, le transfert de technologies notamment. On pense que s'endetter est une mauvaise chose. Il y a des investissements sains», indique-t-il. A. K.