Coupable et victime en même temps ? En tout cas, le titre en arabe «Haggar, mahgour we ma yhebche el hogra» du texte en français de Chawki Amari, pour l'exposition d'arts plastiques «Prédateurs» de Kenza Daoud à la Bloom Art Factory à Alger, le laisse supposer. D'ailleurs, on dit que c'est l'Algérien moyen qui est «oppresseur, opprimé et qui n'aime pas l'oppression», en même temps. «Dérangeants, étranges, perturbants, voire choquants, il y a dans l'histoire de l'art des chefs-d'œuvre que l'on n' imagine pourtant pas avoir dans son salon», écrit, de son côté, la galeriste Sabrina Tazamoucht. En effet, peu de gens aimerait voir les œuvres de cette exposition de Kenza Daoud dans leur salon. Assemblées, elles ressembleraient à un Guernica ou à un champ de bataille, après une bataille dans laquelle un Candide perdrait, sans aucun doute, son optimisme définitivement. Point de beautés grecques, d'Apollon ou de Vénus, dans les nus de «Prédateurs» ! Au contraire, certains «nus» semblent être des revenants d'Auschwitz ! «Depuis ''Les Aliénés'', première exposition en septembre 2019 et sujet de son mémoire de fin d'études à l'Ecole régionale des beaux-arts de Tipasa, elle s'affranchit de certains diktats du marché de l'art, la finalité de son esthétique est ailleurs...Ses peintures et sculptures nous forcent à regarder le monde avec lucidité», écrit encore Sabrina Tazamoucht, au sujet de Kenza Daoud et de son art. Voir et reconnaître ses défauts est sans doute le premier pas vers un devenir meilleur. «Prédateurs», cette expo qui dérange, interpelle et donne à réfléchir est ouverte jusqu'au 12 juin 2021 à la galerie d'art Bloom, située au quartier d'El Biar, sur les hauteurs d'Alger. Kader B.
