Avant de libérer son «commando», Djamel Belmadi a remercié les joueurs en les invitant à faire leur choix sportif rapidement et raisonnablement afin de revenir en septembre avec de meilleures dispositions. Fin de l'épisode préparatoire de juin de l'équipe d'Algérie toujours à son avantage face à des oppositions amicales et officielles depuis voilà trente-deux mois. Une invincibilité qui fait durer le plaisir mais suscite également les appréhensions. Belmadi en est le premier à sentir la pression monter au sein de son groupe et les velléités adverses augmenter, et multiplier les moyens pour «casser» cette dynamique. Lui, comme tout sélectionneur qui cherche la perfection, qui redoute une rechute au mauvais moment, lorsque les Verts entameront les grandes échéances, celles du Mondial qatari en particulier que l'ancien milieu offensif de Celta Vigo ne compte rater pour rien au monde. Si bien que son entreprise n'est ni ponctuelle ni conjoncturelle. Le dernier stage entamé à Sidi-Moussa et bouclé à Tunis, a vu Belmadi retenir un panel large de 30 joueurs. La défection à la veille du match face à la Mauritanie de l'attaquant de Montpellier Andy Delort a vite été comblée par une redistribution des rôles au sein du «personnel spécialisé» disponible. Slimani et Bounedjah, les deux autres pointes de la sélection, ont été utilisés presqu'à plein temps. Le sociétaire de Lyon a, à titre illustratif, marqué un temps de présence de deux heures et quart durant les trois rencontres livrées par l'EN algérienne respectivement contre la Mauritanie (59' de jeu), le Mali (45') et la Tunisie (30'). Slimani fait partie des rares éléments qui ont été utilisés par Belmadi sur les trois matchs amicaux. Bounedjah, Belaili, Zerrouki et Bensebaini ont également pris part à ces trois joutes avec différents temps de jeu, le latéral gauche du Borussia Mönchengladbach ayant pris part à deux matchs entiers et au dernier quart d'heure du match contre la Mauritanie. Dans le «projet» de Belmadi, ce petit groupe avait soit besoin de s'affirmer (Zerrouki), de gagner en rythme (Slimani, Bounedjah et Belaïli) sinon qu'il constituait l'une des pierres angulaires de la structure de base de la sélection (Bensebaïni) dont la concurrence sur le flanc gauche laisse à désirer. Par contre, d'autres joueurs (les gardiens Doukha et Medjadel, le milieu Zerkane et le latéral droit Benayada qui a été rappelé après la blessure de Youcef Atal) n'ont bénéficié d'aucune minute de jeu, ceci alors que Mehdi Abeid, qui passait pour une des solutions préconisées par Belmadi au milieu de terrain, a joué une dizaine de minutes : cinq minutes contre le Mali et le temps additionnel du match face à la Tunisie. Très peu pour l'ancien sociétaire de Newcastle dont le niveau ne cesse de régresser et qui, à terme, risque de perdre (comme Brahimi et Bentaleb) son rang d'international. Le choix d'opter pour un club du Golfe ne serait pas étranger à cette situation qui a l'air de profiter à Zerrouki et Belkebla dont la prestation face aux Aigles de Carthage a réconforté Belmadi et observateurs acquis aux Verts. Boudaoui devra cravacher, Touba à revoir D'autres capés sont apparus dans les trois composantes livrées par Belmadi lors des trois matchs amicaux de ce mois. Il s'agit notamment de Ferhat, Oukidja, Boulaya, Abdelaoui, Bedrane, Touba, Boudaoui et autre Benrahma incorporés principalement jeudi passé face à la Mauritanie. Ce sont des éléments sur qui l'entraîneur national pourrait compter à l'avenir. Leur intégration dans le moule confectionné depuis la CAN-2019 prendra forme suivant les besoins urgents de l'EN, c'est-à-dire en cas de suspension ou de blessures des hommes de base de l'équipe algérienne. Lors du dernier rassemblement, Belmadi a consacré son planning sur l'amélioration du contenu du jeu de sa formation et, il semble bien avoir obtenu des observations essentielles sur les potentialités de son groupe. Un ensemble de base qu'il a conservé dès lors que la sélection avait à faire front à des adversaires de calibre à l'exemple du Mali puis de la Tunisie, deux équipes du top 10 africain. L'intention de Djamel Belmadi qui a fait le choix d'opposer son team à des adversaires qui lui semblent le plus proches techniquement et tactiquement du Djibouti, le Niger et le Burkina Faso, que l'EN affrontera dans les éliminatoires du Mondial-2022 à partir de septembre prochain, était de consolider l'osmose qui règne au sein des Verts et d'avoir une idée plus claire sur ce que peuvent offrir des gars nouveaux (Touba par exemple) ou ceux qui reviennent en sélection (Ferhat, Ghezzal, etc.) au jeu de l'EN. Belmadi dira à son arrivée à Alger, en provenance de Tunis, toute sa satisfaction d'avoir réalisé une grande partie du travail qu'il s'était fixé à accomplir dès lors que la Fifa avait décidé de repousser les échéances officielles de trois mois. Il commentera d'abord l'exploit de la sélection de battre le record des Eléphants de la Côte d'Ivoire. «Cette série d'invincibilité de 27 matchs veut dire beaucoup. D'abord de la constance après le sacre africain en 2019, en se remettant au travail pour sortir des grosses performances», a-t-il estimé affirmant que «le mérite revient aux joueurs, qui ont travaillé dur pour battre ce record». Pour Belmadi, le plus dur est encore à faire. «Maintenant, ça ne va pas être facile de préserver cette série, surtout que toutes les équipes nous attendent pour nous faire tomber», fait-il savoir en assurant que son équipe a bien fait d'aller prouver sa suprématie en l'emportant face à la Tunisie, sur ses terres. «C'était important d'aller faire un bon résultat face à la Tunisie, deuxième pays africain au classement Fifa, demi-finaliste de la dernière CAN, mondialiste en 2018 et qui restait sur une série de 12 matchs sans défaite. Donc, c'était important d'aller gagner chez eux et nous l'avons fait avec l'art et la manière», explique le driver algérien pour qui les résultats positifs sont l'accomplissement d'un travail qui recommande l'engagement de tous. «C'est très important de ne pas avoir encaissé de buts, lors des deux derniers matchs. Ça montre que nous sommes une équipe bien organisée et que tous les joueurs sont concernés, pas seulement les défenseurs. C'est un équilibre qui commence par nos attaquants qui font bien le travail, en pressant, en se replaçant rapidement», note Belmadi ravi de la prestation de quelques sélectionnés à l'exemple de Ramiz Zerrouki que nombre d'observateurs ont mal jugé lors du match face au Mali. «Pour moi, Zerrouki n'est pas une surprise. Il a déjà prouvé son talent lors du match contre le Botswana ou contre le Mali. C'est un joueur sur lequel il faudra compter pour l'avenir», avoue Belmadi qui pense aussi que des joueurs comme Belkebla, Touba ou Bedrane ont «réussi des prestations de haut niveau». De quoi lui rendre le sourire et donner de l'assurance à un Onze algérien qui ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. M. B.