Le mystère demeure entier sur la provenance des sacs de cocaïne saisis en mer dans l'Ouest algérien. Pour les spécialistes, l'ampleur de cette nouvelle découverte confirme toutefois le fait que le territoire algérien figure désormais dans l'itinéraire des narcotrafiquants. Aucun élément supplémentaire n'a donc fait suite à cette nouvelle terrible affaire. La partie sécuritaire chargée de mener l'enquête autour des 409,05 kg de cocaïne saisis le 27 juin dernier au large des côtes d'Arzew n'a communiqué aucune information supplémentaire jusqu'à l'heure. «D'après ce que l'on sait, il n'y a pas encore de personnes arrêtées ou identifiées comme étant impliquées dans ce fait», fait-on également savoir au niveau de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Les données en restent au stade de ce qui a été communiqué officiellement, à savoir que ce sont des pêcheurs qui ont alerté les gardes-côtes de la zone concernée sur la présence de gros sacs flottants sur la mer. L'on sait également que la cocaïne était répartie en 442 plaquettes enveloppées dans des sacs noirs étanches et que la valeur de la saisie est estimée à 500 milliards de centimes. Les spécialistes estiment que ce largage en mer est une preuve que les narcotrafiquants éprouvent aujourd'hui de la peine à pouvoir acheminer une telle marchandise par voie terrestre où les contrôles sont très renforcés. «Les auteurs de cette opération savent pertinemment qu'ils pouvaient être interceptés à tout moment par les forces de lutte sur le terrain, c'est un moyen d'échapper à la vigilance du contrôle mis en place à travers le territoire national», explique Kaddache Ghania de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Elle rappelle que d'autres tentatives menées avec des procédés identiques (largage en mer) ont déjà eu lieu auparavant avec des drogues de nature différente et cite l'exemple de «sacs contenant de la résine de cannabis portant le sceau marocain ont été découverts flottant au large des côtes de Cherchell en 2009». Une manière donc d'expliquer que les voies maritimes sont de plus en plus privilégiées par les narcotrafiquants «qui ont fait de l'Algérie un pays de transit de toutes ces drogues qui se déversent à travers le monde». Des sources qui suivent de près l'évolution de ces affaires font, elles, remarquer que les hautes mers de l'ouest du pays semblent être particulièrement privilégiées et «cela pourrait s'expliquer par leur proximité avec les côtes européennes et les ports espagnols où d'importantes saisies de drogue sont également effectuées». Qui pourrait être derrière l'envoi des 409,05 kg de cocaïne découverts au large d'Arzew et quel itinéraire devait emprunter cette drogue ? Même sans éléments probants, il semble évident, estime Kaddache Ghania, que l'itinéraire était tout tracé vers l'Europe. «Nous sommes à l'heure où plusieurs pays européens ont décidé de mettre fin aux mesures imposées par la situation sanitaire, les festivités reprennent, en particulier celles auxquelles les jeunes prennent part et tout le monde sait que les drogues sont très prisées dans ces milieux. Je pense que cette drogue était avant tout destinée à l'Europe.» Les pays producteurs de ces drogues dures sont quant à eux connus. «Ils se trouvent principalement en Amérique latine», poursuit notre interlocutrice qui insiste, toutefois, sur le fait que cette nouvelle affaire démontre et «confirme cependant que l'Algérie est dans l'itinéraire de ce trafic de crime organisé transfrontalier». L'Afrique, explique-t-on encore, a d'ailleurs été désignée comme étant l'un des points où d'importantes saisies de drogue, cocaïne y compris, ont été effectuées ces dernières années. Il faudra donc encore attendre les développements de l'enquête officielle qui est actuellement menée pour en savoir plus sur les tenants et les aboutissants de la grosse saisie d'Arzew. Cette nouvelle affaire intervient alors que l'affaire des 701 kg de cocaïne saisis en 2018 au port d'Oran n'a pas livré tous ses secrets. A. C.