De notre envoyé spécial aux Ouacifs, Mohammed Kebci Alors qu'elle reprend péniblement leurs esprits des suites des ravageurs feux de forêt de ces derniers jours, la population des Ouacifs, au sud-est de la wilaya de Tizi-Ouzou, fait face à une avalanche de rumeurs quant à une reprise imminente de ces feux. Hier, un peu avant la mi-journée alors que nous étions de retour de la commune d'Aït-Boumehdi, des jeunes, qui étaient avec nous dans le fourgon qui nous ramenait vers le chef-lieu de daïra des Ouacifs, nous parlaient d'une information, heureusement fausse, concernant un feu de forêt qui se serait déclaré en contrebas du village de Tiroual, situé à cheval entre les communes des Ouacifs et d'Aït-Boumehdi. Une fausse info qui a mobilisé, néanmoins, un «grand nombre de jeunes qui se sont rendus sur les lieux vers trois heures du matin», témoigne un jeune du village chef-lieu de la commune d'Aït-Boumehdi. Notre interlocuteur parle d'une «véritable psychose» qui s'est installée parmi les populations qui font face à une «avalanche de rumeurs» quant à une «imminente» reprise des feux de forêt. Comme pour confirmer l'option d'une véritable «stratégie diabolique» visant la Kabylie, défendue par bien des voix. Dans ce sens, beaucoup de villageois parlent de similaires fausses informations quant à de prétendus foyers de feux déclarés ici et là, notamment à la lisière des villages. Et cette psychose semble être partagée par un grand nombre puisque le sujet de discussion phare à Ouacifs-Centre ou dans les villages a trait à cette hantise d'un plus que probable retour des flammes et d'une manière plus dévastatrice que celles ayant sévi quatre jours durant, la semaine dernière. Une psychose renforcée et appuyée par les réseaux sociaux qui relaient ces rumeurs diaboliques. Ceci non sans se poser nombre d'interrogations quant à l'objectif inavoué couru par les commanditaires de ces rumeurs. Ce qui fait que nombreux sont les citoyens qui ne se sont pas encore rendus sur leurs parcelles de terre ravagées par les feux, de peur d'une reprise des incendies et ne s'aventurent pas, donc, au-delà des limites de leurs villages. Ceci dit, la vie commence à reprendre péniblement ses droits avec le rétablissement de l'énergie électrique et de l'eau potable. Ce qui n'aurait pas été possible sans la lourde contribution des citoyens qui, aux côtés des agents sous-traitants de la Sonelgaz, ont permis le rétablissement rapide de l'énergie électrique et, par la suite, de l'eau potable. Et parallèlement, les divers services publics ont entamé les opérations de recensement des dégâts occasionnés par ces incendies. Des dégâts certes importants, mais fort heureusement sans aucune perte humaine. Avec, notamment, un véritable désastre écologique puisque des milliers d'hectares de couvert végétal sont partis en fumée ainsi que des milliers d'oliviers et d'autres arbres fruitiers. Concernant le bâti, les agents du Contrôle technique de la construction (CTC), qui ont entamé une opération de recensement des maisons touchées par ces incendies, le maire d'Aït-Toudert, la commune la plus touchée dans la région, parle de plusieurs demeures déclarées inhabitables et donc à reconstruire totalement tant les dégâts occasionnés sont importants, notamment au niveau des villages de Tahchat, Aït-Toudert, Tugenseft, Iger-Adlun et à un degré moindre Ath-Ali, Tizi-Mellal et Agouni-Fourrou. Il est attendu que les services de l'urbanisme et de la construction fassent, à leur tour, une inspection de ces bâtisses et des bâtiments touchés par ces incendies. Les services agricoles sont, de leur côté, mobilisés pour l'évaluation des dégâts occasionnés par ces feux. Et l'on parle d'ores et déjà de milliers d'arbres fruitiers, notamment les oliviers, réduits en cendres et nombre de têtes calcinées, des milliers de ruches d'élevage, des bâtiments d'élevage avicole et étables d'élevage ovin et bovin touchés. Autre structure touchée par ces incendies et dont l'impact s'est aussitôt fait sentir par les populations locales, le Centre d'enfouissement technique (CET) situé à la frontière de la commune des Ouacifs avec sa voisine Iboudrarène a été totalement détruit par les flammes, le rendant inopérationnel. D'où les immenses amas d'ordures qui jonchent les rues de la ville des Ouacifs mais également celles des nombreux villages qui l'entourent. Ceci dit, une solution provisoire a été trouvée puisque les trois communes de la daïra des Ouacifs ont été autorisées à acheminer leurs ordures ménagères vers les CET de Draâ-el-Mizan et de Boghni. Des camions de gros tonnage appartenant à des privés ont été, d'ailleurs, réquisitionnés pour appuyer les flottes des voiries communales à l'effet de rattraper le retard accusé dans la collecte des ordures. Au volet de la solidarité, nombreux sont les villages qui ont invité les donateurs et autres bienfaiteurs à cesser d'acheminer leurs dons dans la région, les invitant à voir d'autres régions plus touchées et plus sinistrées. Un geste fortement apprécié par beaucoup, notamment les donateurs et les bienfaiteurs eux-mêmes. M. K.