Il est comme un enfant hyperactif que rien ne peut en tempérer toutes les folies. Dans les médias du monde, il apparaît comme une minuscule presqu'île adossée à l'ogre saoudien, dans le golfe Persique, en face de l'ennemi juré des pétromonarchies, l'Iran des ayatollahs. Ce micro-Etat, qui ne paye pas de mine ni en superficie (11, 586 km2) ni en population (2,4 millions d'habitants), à peine visible sur une carte de géographie : c'est le Qatar sur lequel règne les Ben Hamad depuis l'indépendance en 1972. Ce n'est pas la seule particularité, l'histoire du pays enregistre le coup d'Etat du fils, Hamad Ben Khalifa Al Thani, contre le père et qui régnera de 1995 à 2013. Ce dernier voit grand et projette le Qatar dans l'ère moderne. Grâce à d'immenses réserves en hydrocarbures, il crée un géant des compagnies aériennes, Qatar Airways, qui dessert 160 destinations à travers le monde, un aéroport à Doha des plus impressionnants par son gigantisme et sa sophistication à coups de milliards/$. Les services explosent, absorbant 69% de la population active. Du coup, le chômage tombe à 0,1%, tandis que le PIB par habitant grimpe à plus de 78 000/$, la chaîne TV El Jazeera, de sinistre réputation, verra le jour et sera le fer de lance de la politique extérieure du micro-Etat aux dents longues. Miné par la maladie, l'émir abdiquera en faveur de son fils, 33 ans, qui poursuivra sa politique de donner de la visibilité au pays. Dès lors, des manifestations sportives de prestige, toutes disciplines confondues, se succèdent dès 2006. Cerise sur le gâteau, c'est l'achat du club de foot français le PSG, le lancement de BeIN Sports. Le summum de cette gloutonnerie n'est que l'organisation de la Coupe du monde-2022. Toute proche de nous, la Coupe arabe-Fifa, remportée brillamment par notre équipe nationale A', marquée, aux yeux de tous, par le coup de patte monstrueux d'un gladiateur nommé Youcef Belaïli. Sur place, les Algériens qui ont fait le déplacement étaient ébahis par les buildings, les immenses tours, les boulevards et bien d'autres constructions futuristes. 2,5 milliards/$ ont été déboursés pour agrandir la capitale Doha et en faire une place mondiale des affaires. Les Européens y viennent en touristes ou pour s'y installer, compte tenu des nombreuses opportunités d'un travail très bien rémunéré. Ceux-ci représentent 29% du total des visiteurs. Cet écrit n'est nullement une apologie d'un pays qui a, il faut le reconnaître, réussi à faire bon usage de la manne pétrolière, somme toute éphémère. Est-ce donc cela le développement durable, c'est-à-dire l'après-pétrole ? Être producteur de gaz et de pétrole n'est pas tout. Le Qatar un exemple à suivre ? C'est dans la douleur que je regarde l'héritage légué par le régime Bouteflika et les divers projets, gouffres financiers à cause de mains scélérates. Et on n'en voit pas le bout du tunnel. Bien sûr, ce Qatar-là a sa face sombre. Sa politique étrangère trouble et malfaisante sème des ravages. Le financement des groupes terroristes islamistes est la partie manifeste de l'utilisation mafieuse de l'argent dépensé sans compter par Doha. D'autre part, le Qatar achète sans compter de l'armement ultrasophistiqué auprès aussi bien des Etats-Unis, des Russes, des Français ou même des Chinois. Est-ce ce rêve de puissance qui incite ce pays arabe à s'ingérer dans les affaires des autres Etats comme en Libye, en Egypte notamment ? Certes, il est aisé de vouloir se donner les moyens de résister à la volonté hégémonique du commandeur des deux Lieux Saints de l'Islam. Autrement dit, il n'aurait-il pas été plus judicieux de faire profiter aux autres l'expérience qatarie de développement ? Plutôt que de servir d'exécutant des politiques d'agression des pays occidentaux ? Brahim Taouchichet
