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Pour un partenariat université-entreprise argentin
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 01 - 2022


Par le Pr Baddari Kamel(*)
Le partenariat université-entreprise est inscrit en caractères gras dans les missions de l'université depuis au moins l'avènement et la mise en œuvre du LMD (licence-master-doctorat). Le partenariat dont il s'agit n'est autre que les mécanismes qui visent, dans une logique d'action, à renforcer les liens entre l'université et l'entreprise pour réaliser des actions communes. Ce partenariat est d'une importance particulière pour l'université car il lui permet d'être en symbiose avec son environnement socio-économique à travers des dispositifs multiples (pépinières, incubateurs...), mais aussi pour l'entreprise qui souhaite bénéficier des développements et du transfert technologiques. Evoquer aujourd'hui ce dispositif ne va pas sans analyser les difficultés qui s'y dressent telle une montagne qu'il est difficile d'escalader. Nous allons dans cette contribution essayer, à l'image de certaines expériences universitaires, de fournir quelques éléments de réflexion pour se rapprocher un tant soit peu du sommet de cette montagne.
Implications, exigences et principes d'un partenariat
Aussi bien pour l'université que pour l'entreprise, le partenariat entre elles invoque beaucoup d'intérêts collectifs qu'il s'agit de traduire en actes pour que ce partenariat ait un sens durable et viable. Il permettra à l'université l'ouverture sur son environnement, l'assurance du placement de ses étudiants pour les stages pratiques, l'insertion et le suivi professionnels, l'élaboration des programmes de formation qui répondent aux besoins de l'entreprise, le parrainage des manifestations scientifiques (séminaires, colloques,...), le développement de la valorisation de la recherche, etc. Pour l'entreprise, l'intérêt est aussi évident. Cela lui permet de connaître les résultats les plus récents de la recherche et l'intégration de nouvelles technologies par le mouvement d'idées, l'amélioration de son image de marque, la formation continue de son personnel, etc.
La traduction de ces actes sur le terrain nécessite tout d'abord un assainissement de l'environnement dans lequel opèrent ces deux entités ; ensuite, la création d'espaces où pourront se préparer les projets du début à la fin sous l'égide conjointe de l'université et de l'entreprise (incubateurs). Cela nécessite aussi la création d'espaces de services d'accompagnement et de conseil pour les créateurs d'entreprises (pépinières), mais aussi d'un espace urbain, ou joint-venture, regroupant des entreprises, des établissements universitaires, des centres de recherche et de formation professionnelle (technopole). Ce partenariat n'est évidemment possible que si plusieurs principes sont réunis : le principe d'intérêts mutuels où chaque partie trouve ses avantages, le principe d'égalité où la relation entre les partenaires ne doit pas être hiérarchique mais d'égal à égal, le principe d'autonomie où les partenaires demeurent libres dans leurs actions ; enfin, le principe de coopération nécessitant de l'entraide des partenaires (y compris les partenaires sociaux) et l'échange significatif d'informations, de données et d'expériences.
L'origine des difficultés du partenariat université-entreprise
Puisqu'il y a tant d'avantages dans le partenariat université entreprise, on se demande pourquoi il ne se réalise pas souvent. Et pourquoi il est tant décrié par les deux parties ! En fait, il y a des difficultés systémiques aussi bien à l'université qu'à l'entreprise qui empêchent la roue de tourner. Si l'université croule devant la massification des effectifs qui tend à prendre tout son temps, les universitaires, eux, par construction sont généralement hostiles aux milieux des affaires et de surcroît toute tentative se heurte à la rigidité des textes d'application en la matière. Quant à l'entreprise, tout en cultivant des attitudes anti-universitaires, elle considère que les études universitaires sont trop théoriques. L'entreprise est aussi absorbée par la gestion de ses affaires, la surveillance des marchés, etc. Ces difficultés ajoutées au manque de culture universitaire et professionnelle tendent à se renforcer si l'université et l'entreprise continuent de prendre des voies divergentes. Elles sont la source de nombreux problèmes qui se posent aux gouvernements, tels que le chômage des jeunes et la faiblesse du retour d'investissement consentis pour la formation et la recherche. Les quelques chiffres statistiques dont nous disposons datent de 2019 et de 2021. En Algérie, en 2019, le taux de chômage au niveau national a atteint 11,4% de la population active, soit 1 449 000 dont 70% d'hommes et 30% de femmes. Le taux de chômage des jeunes de l'ensemble de la population qui ne travaille pas s'élève à 26,9% (source : OIT / ONS, 2019) se répartissant en 45,8% qui n'ont aucun diplôme, 26,5% de diplômés de la formation professionnelle et 27,8% sont diplômés de l'enseignement supérieur. Le nombre de PME (petites et moyennes entreprises) est de 1 193 339 qui emploient 2 885 651 salariés répartis de façon déséquilibrée sur le territoire national : 69,69% dans le nord du pays, 21,98% dans les Hauts-Plateaux et seulement 8,43% dans le Sud. L'offre d'emploi de ces entreprises pour le mois d'août 2021 était de 25 455 dont 80.5% émanant du privé et 19.5% du public. Le nombre des demandeurs d'emploi issus de l'enseignement supérieur était de 417 724 (source : Anem, 2021). Ces résultats contrastent avec la politique et les moyens octroyés par le gouvernement au développement de la petite et moyenne entreprise. Ces difficultés sont aggravées par la situation pandémique due au coronavirus qui a drastiquement ralenti les activités. Elles sont aussi alourdies par le profil de certaines formations universitaires inadaptées actuellement à l'économie du pays. A titre d'exemple, la formation dans les sciences humaines et sociales représente environ 60% des étudiants aux dépens des disciplines technologiques plus aptes à créer des emplois. Enfin, une autre raison, et non des moindres, est la configuration des PME. Elle est formée de 97% de TPI (très petites entreprises dont l'effectif est de moins de 10 salariés), 2.6% de PE (petites entreprises dont l'effectif est entre 10 et 49 salariés), 0.4% de ME (moyennes entreprises dont l'effectif se situe entre 50 et 249 salariés). On remarque que les TPI dominent cette catégorie d'entreprises. Ce sont en général des entreprises familiales, des petits commerçants et des artisans, qui n'ont que peu ou pas du tout de retentissement sur l'économie du pays.
Les facteurs qui freinent le partenariat université-entreprise
Ces difficultés ou entraves ont une origine. Aussi bien l'université que l'entreprise, elles partagent, chacune en ce qui la concerne, la responsabilité de cette situation préjudiciable à l'économie du pays. Ainsi, du côté de l'université, la carrière de l'enseignant se fait sur la base de la recherche fondamentale effectuée. La recherche-développement est perçue comme une charge supplémentaire sans intérêt. Les travaux réalisés au niveau des laboratoires ne sont pas visibles et l'entreprise est accusée de chercher ailleurs les solutions à ses problèmes plutôt que de s'adresser à l'université.
Du côté de l'entreprise, il y a absence de motivations pour marquer sa présence dans la formation et participer à l'élaboration des programmes d'études. Il y a aussi une faiblesse manifeste à accueillir des stagiaires (les rares stages se font sur la base de connaissances personnelles) du fait de l'absence en son sein d'un bureau de liaison université-entreprise. Fait inquiétant, certaines entreprises ont du mal à structurer et exprimer clairement leurs besoins.
Du côté de l'université et de l'entreprise conjointement, de nombreuses conventions sont signées mais ne sont pas suivies d'effet dont les conséquences sont de fausser les statistiques, discréditer la relation université-entreprise, décourager les personnels de part et d'autre, freiner la création des dispositifs de partenariat (incubateurs, pépinières, technopoles).
Le rôle du partenaire social, du ministère
Par construction, le partenaire social est (ou doit être) soucieux du développement et de la modernisation de l'entreprise. A cet effet, il peut tenir un rôle de première importance dans l'édification d'un projet de partenariat entre l'université et l'entreprise en incitant les entreprises à connaître davantage ce qui se réalise dans les universités, en suscitant la mise en œuvre dans l'entreprise d'une cellule chargée des contacts avec l'université, en favorisant des rencontres et des tables rondes regroupant des universitaires et des professionnels pour des projets de partenariat. Il s'agit aussi de convaincre les entreprises à accueillir et à encadrer les stagiaires pour mieux connaître les étudiants (en fait, leurs futurs employés), convaincre l'entreprise d'investir du temps et des fonds dans le partenariat et, enfin, amener l'entreprise à mieux prendre conscience de l'innovation dans l'entreprise.
Le rôle des ministères concernés est tout aussi prépondérant. Ils sont appelés à adapter les textes pour mieux inciter les différents partenaires à coopérer. Ces textes devront permettre à l'entreprise effectivement partenaire de bénéficier de mesures incitatives (allègement des impôts par exemple). Ils devront aussi permettre à l'université de prendre en compte dans l'évolution de la carrière les résultats obtenus par le chercheur affilié à un réel projet de partenariat, d'en tirer profit selon un barème équitablement élaboré, etc. Il faut, par ailleurs, souligner le rôle que doit/devra tenir le ministère de la Formation professionnelle dans les efforts mis à aplanir ces difficultés.
Actions et recommandations pour un partenariat fécond
A partir des difficultés recensées et des constats faits sur la base des expériences et de notre pratique dans le domaine, nous pourrons faire une série de recommandations nécessaires à l'édification de ce dispositif hautement utile au fonctionnement de l'économie du pays. Tout d'abord, le partenariat doit être considéré comme faisant partie des missions de l'université et à la fois essentiel pour l'entreprise.
Il faut aussi insister sur la nécessité d'une plus forte adhésion des partenaires, de faire évoluer les formations pour les professionnaliser et de réaliser des études d'adéquation formation-emploi pour maîtriser les besoins de l'entreprise, de proposer les améliorations des programmes d'études en fonction de ces résultats.
Il s'agit aussi de créer un climat de confiance et propice au dialogue et à la communication, de faire apprécier aux entreprises les avantages du partenariat, de créer et de former les gestionnaires du projet de partenariat (interfaces, incubateurs pépinières), l'organisation de séminaires sur des sujets utiles au profit des industriels.
S'il y a un préalable à la prise en charge effective et utile de ces recommandations, c'est qu'il ne faut pas négliger l'indispensable transformation culturelle et la maîtrise des enjeux du partenariat. D'autres facteurs sont recommandés : la formation continue et prestations de services, les contrats de recherche appliquée, la concrétisation de l'idée de l'« étudiant cinq étoiles », le suivi et enquête d'employabilité et de satisfaction de diplômés, l'assainissement du climat d'affaires propice aux initiatives et au travail. Enfin, un facteur qui semble pertinent pour un partenariat fécond est la connaissance préalable du partenaire par l'université : a-t-il les capacités de développer, d'intégrer, de transformer, d'investir, de produire, etc. ? Quel est le degré de sa fiabilité ? Est-il le meilleur partenaire ? etc. Un autre plan tout aussi indispensable à la concrétisation d'un partenariat université-entreprise est la valorisation de la recherche (rendre utilisables et commercialisables les résultats de la recherche effectuée à l'université, à l'entreprise ou conjointement). Si, donc, la valorisation est une nouvelle mission de l'université, la question qui se poserait est comment cette dernière s'accommoderait-elle avec ses missions traditionnelles d'enseignement et de recherche tout en ne perdant pas de vue son rôle d'accélérateur d'innovations.
Enfin, il faut souligner la nécessité d'élaborer le référentiel métier. Pour les entreprises, il s'agit de concevoir les fichiers métiers-emploi conformément au référentiel métier de la Name (nomenclature algérienne des métiers et de l'emploi), et pour les universités d'élaborer des fiches de spécialités conformément au référentiel Name adapté à ses objectifs. Il s'agit ensuite d'implanter dans les sites web (entreprises, universités, ministères) un moteur de recherche exploitant les référentiels élaborés pour rendre à la fois lisibles l'offre de formation et le profil des emplois de l'entreprise. A l'université Mohamed-Boudiaf de M'sila, le travail réalisé sur le référentiel métier a été finalisé. Il permet d'aider la direction du travail de la wilaya de M'sila d'élaborer les fiches métiers de toutes les entreprises de la wilaya et d'élaborer les fiches de spécialités de l'offre de formation. Enfin, il faut insister sur la nécessité de la mise en place de l'assurance qualité, domaine hautement utile, voire indispensable à l'université et à l'entreprise. Elle permet l'adéquation, l'amélioration, le suivi et le respect des procédures.
Conclusion
L'Algérie possède certes une expérience en matière de partenariat dont les prémices remontent aux années soixante-dix, désignée alors par l'industrie industrialisante. Elle consistait à faire converger l'entreprise et la formation vers la voie de souveraineté politique et économique. Chaque entreprise était tenue d'inscrire dans son budget un article consacré à la formation continue et à l'accueil des stagiaires. Cette exigence existe toujours mais son application demeure plutôt sibylline. Dans une économie de la connaissance, l'université se positionne comme un acteur central où sa place et son rôle dans la société ont toujours fait l'objet de débats vifs et intéressants entre les parties intéressées. Quelles que soient les difficultés recensées, l'université demeure le producteur par excellence des compétences indispensables au fonctionnement de la société. Quant à l'entreprise, sa raison d'être est d'utiliser et de perfectionner ses compétences pour son bien-être tout en œuvrant pour l'amélioration des aspects socioéconomique et environnemental. La coopération entre ces deux entités est indispensable, et sa réussite ainsi que sa pérennité reposent sur la compréhension de toutes les parties et sur des principes fondateurs admis et respectés par tous, la clarté des objectifs définis, la forme de partenariat qui correspond le mieux aux capacités et aux attentes des partenaires. Le pilotage de ces actions par les institutions de l'Etat est indispensable car il s'agit d'enjeux de première importance à la fois socioéconomique et scientifique. Pour répondre à ces enjeux, le pays devra renforcer, voire engager des réformes structurelles de la recherche, de l'enseignementet de la formation avec des objectifs clairvoyants autour d'une gouvernance solide.
B. K.
(*) Professeur des universités. Expert de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Expert en conduite de changement. Université de M'sila.


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