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La co�teuse rente de la mode des festivals
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 04 - 2011


Par Ahmed Cheniki
Encore une fois, l�Alg�rie risque de perdre dans la manifestation �Tlemcen, capitale de la culture islamique� des milliards de dinars. Malgr� les discours redondants et triomphalistes de la ministre de la Culture, cette �rencontre�, inaugur�e en grande pompe par le pr�sident de la R�publique, semble vou�e � un �chec certain, comme d�ailleurs le cas des pr�c�dents festivals : �Alger, capitale de la culture arabe� et le Panaf qui ont consomm� des centaines de millions d�euros pour des r�sultats insignifiants.
Les premiers travaux pr�sent�s n�ont pas drain� la foule, ni d�ailleurs l�int�r�t des m�dias qui semblent comprendre que les choses vont mal et que ces manifestations de prestige n�apportent absolument rien � la culture alg�rienne ni sur le plan symbolique ni mat�riel, � tel point qu�on s�interroge s�rieusement sur l�int�r�t de ces consid�rables d�penses. Les pr�c�dentes exp�riences, sans objectif clair, fonctionnant comme des espaces de distribution de la rente, auraient d� freiner les ardeurs d�pensi�res des autorit�s publiques. Cette mani�re de faire pourrait �tre assimil�e � une sorte de dilapidation de l�argent public dans un contexte explosif. Contrairement aux d�clarations de la ministre de la Culture assimilant critique de ce type de rencontres et ignorance, expression d�une suffisance mal contenue et d�une extraordinaire fermeture, la culture ne peut se r�duire au nombre de festivals r�alis�s ou de pi�ces mont�es, s�accommodant mal avec les �v�nements circonstanciels. Est-il normal d�organiser un festival du cin�ma dans un pays manquant dramatiquement de salles de spectacles ? On a invit� des centaines de personnes qui ont s�journ� aux frais de la princesse dans des �tablissements h�teliers de grand standing � Oran, squattant la salle Maghreb, excluant de fait une pr�sence oranaise s�rieuse. Ainsi, ce festival se transforme en un espace priv�, financ� par l�argent de l�Etat. Il est malheureux de voir certains �crivains, appel�s � si�ger dans le jury, cautionner ce type de mascarades. La rente a la peau dure. Le cin�ma en Alg�rie vit une situation dramatique ; il est temps de prendre des mesures durables. Ce n�est pas ce festival qui pourrait r�gler le probl�me d�un cin�ma absent. Les journalistes, confortablement install�s et pris en charge par les organisateurs, en porte-�-faux avec les jeux de l��thique, ne peuvent qu�encenser cette manifestation. Certes, il pourrait exister quelques rares �exceptions exceptionnelles � pour reprendre une expression tautologique ch�re � notre ami Abdou B. Jamais un festival n�a r�ussi � pallier l�absence d�un projet culturel clair et coh�rent. Certes, le d�ficit d�une politique globale de d�veloppement ne permet pas aux microstructures minist�rielles de r�aliser des projets s�rieux. Mais il est certain que l�absence de densit� intellectuelle a desservi un minist�re de la Culture qui semble trop peu � l�aise dans la d�finition d�objectifs et de d�marches claires. Cette r�alit� donne � voir une production artistique et litt�raire, pauvre et marqu�e par de nombreuses c�sures. Ce n�est donc pas une gymnastique de chiffres fun�bres de pi�ces, de films, de livres et de festivals r�alis�s qui participerait de la mise en �uvre d�un projet culturel. D�ailleurs, ces chiffres avanc�s par la ministre et les diff�rentes directions de la culture paraissent fantaisistes, correspondant souvent � une tradition tr�s bien ancr�e en Alg�rie consistant � pr�senter un bilan des activit�s s�rieusement �quivoques, �vacuant la question du public qui boude depuis un peu plus de deux d�cennies les structures du minist�re de la Culture. Ces �r�alisations� dont se targue la ministre ne peuvent r�sister � un examen critique. Comme d�ailleurs la co�teuse conf�rence sur le gaz tenue � Oran dont on ignore toujours les r�sultats. On s�escrime ces derniers temps � importer des chapiteaux, comme ce fut d�j� le cas pour le Salon du livre alors qu�il y avait un lieu pr�destin� pour cette manifestation : les Pins. On refait le coup avec Tlemcen, en r�important un autre bidule de ce type dans une ville et un pays qui ignorent compl�tement cette �manifestation�. A quoi servent un festival sans public et cette nouvelle mode des chapiteaux ?
1- La culture de prestige d�un Etat en d�sh�rence : l'activit� culturelle est consid�r�e comme un espace en d�sh�rence, un univers �trange, surtout ces derni�res d�cennies, � tel point que, la culture de l'import-import aidant, l'Alg�rie s'est transform�e en un v�ritable sandwich g�ant. Beaucoup de biblioth�ques ferm�es, les rares librairies qui restent sont vides, salles de cin�ma encore en activit� d�labr�es, maisons d��dition trop peu performantes, universit� sinistr�e, festivals synonymes de rente. Tous ces ingr�dients donnent � voir un pays encore en qu�te d'une hypoth�tique identit� nationale �gar�e dans les interstices de l'inintelligence mu�e en un v�ritable espace de pouvoir. La question culturelle ne taraude nullement l'esprit des responsables de l'appareil charg� de ce secteur qui ne proposent jamais une conception et une strat�gie coh�rentes permettant de mettre en �uvre une politique rationnelle � m�me de transformer cette am�re r�alit�. Le choix des �festivals� serait l�expression d�une impuissance � mettre en �uvre des actions qui risqueraient de durer et d�une absence totale de d�finition d�objectifs clairs et coh�rents. Le gouvernement semble au courant de la faillite des appareils traditionnels, c�est-�-dire officiels (Union des �crivains, proche du RND, maisons de la culture, th��tres r�gionaux et national�), mais ne peut s�atteler � des r�formes. Il n�est pas surprenant de voir organiser des manifestations comme �Alger, capitale de la culture arabe�, �Fespac� et �Tlemcen, capitale de la culture islamique� souvent per�us par de nombreux Alg�riens comme un espace de dilapidation de l�argent public. Le champ culturel r�tr�cit dangereusement et se conjugue d�sormais au futur ant�rieur, aux dissolutions, aux hommages et aux manifestations ponctuelles (le mill�naire d�Alger, Ann�e de l�Alg�rie en France, Alger, capitale de la culture arabe, Tlemcen, capitale de la culture islamique, festivals � r�p�tition, sans objectifs clairs) mobilisant une rente � distribuer. Les entreprises du livre (Entreprise nationale du livre) et du cin�ma (Caaic,Anaf et ENPA) sont dissoutes sans aucun espace de substitution.
2- Les jeux de rente et l�absence d��intellectuels� critiques : jamais le secteur de la culture n�a b�n�fici� d�autant d�argent, qui n�a finalement servi qu�� organiser une trentaine de festivals et � bien installer les in�vitables jeux de rente. Des journalistes sont soudoy�s, des �crivains, des artistes et des universitaires se font avoir. L�odeur de l�argent perturbe toute relation �thique. L'universitaire et l'�intellectuel � (notion dont il reste � d�finir les contours) sont rest�s prisonniers d'un rapport maladif au pouvoir politique qui se conjugue tant�t � la r�pulsion, tant�t � l'attraction. Ce qui r�duit sa marge de man�uvre. Ce qui pose �galement la question, toujours d'actualit�, de l'autonomie de l'intellectuel qui vit l'assujettissement ou la contestation comme illustration ou opposition au discours officiel et jouant en fin de compte sur le terrain du pouvoir politique qui fournit ainsi les �l�ments de la discussion et pi�ge les diff�rents locuteurs et oriente leurs discours. Ainsi, les �intellectuels� r�agissent trop peu ces derni�res ann�es contre ces glissements �festivaliers�, pr�judiciables � l�existence d�une activit� culturelle permanente, certes, expression d�une gestion autocratique de la soci�t�. Les pages culturelles des journaux sont d�une affligeante pauvret� dans un pays o� les journalistes se font facilement pi�g�s par des prises en charge de structures organisatrices de �manifestations culturelles� comme le TNA, les diff�rents festivals ou les centres culturels fran�ais. Ce qui constitue tout simplement une forme particuli�re de corruption. Il se trouve m�me, avec le silence complice de leurs directions, que des journalistes �margent dans les bulletins des festivals tout en rendant compte de la manifestation dans leurs propres journaux, ils se font sucrer ailleurs ouvrant grandes ouvertes les portes de la complaisance. Ce qui est une grave atteinte aux jeux de l��thique et de la d�ontologie.
3- L�ignorance du d�bat ou le d�bat de l�ignorance : quand la ministre de la Culture, apparemment peu au fait des choses de la culture, traite d�ignorants tous ceux qui osent critiquer sa gestion ou �sa� fr�n�sie festivali�re, elle semble refuser toute parole diff�rente, croyant dur comme fer que la m�diocrit� ambiante est une fatalit�, que rien d�autre n�est possible, en dehors de ces th��tres r�gionaux dont la gestion et l�organisation sont anachroniques et obsol�tes, avec des directeurs nomm�s � vie et des �festivals� sans �me, d�un cin�ma absent dont on c�l�bre continuellement les d�combres dans un festival d�Oran fonctionnant comme une messe priv�e, sans salles, ou de livres �dit�s et r��dit�s, cherchant le nombre au d�triment d�une qualit� douteuse. On fait des choses parfois douteuses comme l�histoire peu singuli�re de Morituri, ce film produit en 2005, se retrouvant, par enchantement, programm� pour �Alger, capitale de la culture arabe�, changeant subitement de date de naissance ou ce concours du festival du th��tre dit professionnel sur �la place de la r�volution alg�rienne dans le th��tre arabe� o� il serait m�me question de jeux de titres et de pi�ces imaginaires. Pourquoi organise-t-on annuellement ce festival, avec un trop-plein d�invit�s �trangers, tr�s souvent sans une r�elle consistance et des pi�ces alg�riennes trop peu comp�titives, � tel point qu�on se dit parfois que le temps du th��tre, chez nous, est � l�agonie ? Arr�tons ce massacre co�teux, ce festival du th��tre dit professionnel est une d�pense inutile. L�ann�e derni�re, Ariane Mnouchkine et Fernando Arrabal ont d�clin� l�invitation, refusant de cautionner les jeux extr�mes de rente et d�exclusion. Faut-il continuer � produire des pi�ces dans des th��tres qui ont vu leur public les bouder d�finitivement, apr�s avoir constat� l�absence de s�rieux et de qualit� ? Les Alg�riens fr�quentaient les th��tres et les salles de cin�ma avant cette funeste d�cennie. Prenons l�exemple de 1963-1965 pour montrer que le th��tre avait bien son public (les spectateurs payaient leurs places, ce qui n�est plus le cas aujourd�hui) jusqu�aux ann�es 1980. Les ann�es 1963-1965 ont vu l'adaptation d'un certain nombre de pi�ces. Des textes d'auteurs �trangers ont �t� jou�s. Des dramaturges alg�riens ont �crit pour la sc�ne. Cette p�riode a �t�, malgr� toutes les pressions et les pesanteurs du moment, riche en mati�re th��trale. De 1963 � 1965, 982 repr�sentations ont �t� donn�es devant 441 190 spectateurs. Dix-huit pi�ces ont �t� jou�es au TNA � Alger. Il est temps d�ouvrir un d�bat s�rieux sur le th��tre et les questions culturelles, en dehors de toute exclusion et de toute complaisance. Le minist�re de la Culture est redevenu un lieu majeur de la censure et de l�exclusion. Toute parole diff�rente est r�pudi�e dans un climat o� l�opportunisme est devenu le sport favori des courtisans et des bouffons. La culture ne peut vivre que libre, loin des petitesses engendr�es par les jeux de miettes et de rente. Faut-il arr�ter ce festival de Tlemcen et celui du th��tre d�Alger programm� � la fin du mois de mai ? Apparemment, ils sont trop peu rentables sur le plan culturel, engendrant de grosses sorties d�argent. Aujourd�hui, toute d�pense inutile est insupportable. Il est temps de jeter un �il sur la comptabilit� des structures culturelles du minist�re de la Culture, notamment des th��tres et des festivals dont certains ont b�n�fici� de l�option financi�re �gr� � gr�.


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