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MOHAMED CHAFIK MESBAH AU SOIR D�ALG�RIE
�Le syst�me est devenu chroniquement d�faillant� (2e partie et fin)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 05 - 2011

Pour analyser les r�cents d�veloppements intervenus sur la sc�ne nationale, nous avons sollicit� le concours de notre ami Mohamed Chafik Mesbah qui a bien voulu r�pondre � nos questions � travers l�entretien dont nous publions la deuxi�me et derni�re partie.
Le Soir d�Alg�rie: Le pr�sident Bouteflika a prononc�, r�cemment, un discours jug� �historique � par ses partisans. Apr�s le train de r�formes adopt� en Conseil des ministres, ce discours est-il annonciateur d�une transition d�mocratique ?
Mohamed Chafik Mesbah : Interrogeons-nous, d�abord, si les conditions indispensables � la mise en �uvre d�un processus de transition d�mocratique sont r�unies dans le cas sp�cifique qui nous concerne. Nonobstant l��ch�ancier pr�cis et la m�thodologie rigoureuse de mise en �uvre des r�formes sugg�r�es, aussi maigres soient-elles, posons-nous la question de savoir si le climat politique consensuel n�cessaire � une transition d�mocratique, si tant est que celle-ci soit � l�ordre du jour, existe. Un climat consensuel qui, faut-il le rappeler, ne peut na�tre que d�une large et libre confrontation d�id�es et de projets. O� sont, par ailleurs, ces relais politiques et sociaux, fiables, capables de faire parvenir � l�opinion publique le message, lettre et esprit, d�un vrai programme de transition d�mocratique ? Les instruments de r�alisation d�un tel programme, en termes d�institutions et d�appareils efficients, font d�faut. Les r�sistances au changement, apparentes � l�int�rieur du syst�me, font obstacle, au demeurant, � toute vell�it� de r�forme v�ritable. Un processus de transition d�mocratique est conduit, le plus souvent, par une �lite neuve, solidement ancr�e dans la soci�t� et disposant de comp�tences av�r�es. Ind�pendamment des qualit�s personnelles du pr�sident du Conseil de la nation qui ne sont pas en cause, si le projet est de proc�der � une remise en cause fondamentale du cadre constitutionnel qui r�git le pays, pourquoi comme c�est le cas, en confier la conduite au deuxi�me personnage de l�Etat ? Une feuille de route entre les mains fermes de repr�sentants directs des pouvoirs ex�cutif ou l�gislatif en place, voil� comme sont con�ues les r�formes envisag�es. Aucune concession r�elle, significative, n�est accord�e, ni sur la forme ni sur le fond, aux forces �voluant en dehors du cercle �troit des partis constituant l�Alliance pr�sidentielle ou autres formations ou associations coopt�es. Le m�rite du communiqu� du dernier Conseil des ministres aura �t� de confirmer les appr�hensions suscit�es par le discours du pr�sident Bouteflika. Revenons, justement, au contenu de ce discours. Ce discours se compose de deux parties. Une partie bilan, de la pure autoglorification. Une partie r�formes projet�es, au mieux des v�ux pieux. La mise en place d�un gouvernement de transition �largi � toutes les sensibilit�s du pays et l�ouverture r�solue du champ politique et m�diatique, voil� les pr�alables � des r�formes s�rieuses, voil� ce que ce discours aurait pu annoncer d�embl�e. Mais � l��vidence, la volont� de r�forme affich�e masque une man�uvre dilatoire destin�e � faire gagner du temps, et permettre, seulement, de d�passer la zone de turbulences. Observez la r�alit� du terrain et le scepticisme de l�opinion publique ! Vous voyez les signes d�une adh�sion et les indications d�une r�elle avanc�e ? Le discours du pr�sident de la R�publique aura �t�, finalement, un pur exercice de rh�torique. Ce discours, de mani�re path�tique, aura contribu� � faire appara�tre � l��cran un homme us�, gagn� par une profonde lassitude psychologique et physique. C�est, indubitablement, une fin de r�gne qui s�annonce.
Votre rejet, sans nuances, du bilan �conomique et social du pr�sident Bouteflika ne vous para�t pas excessif ?
Examinons les points sur lesquels le pr�sident Bouteflika a fond� son bilan. Premi�rement, l�ambitieux programme de r�alisation d�infrastructures dont le million de logements. Un programme d�aussi grande ampleur � pr�s de cinq cents milliards de dollars � est de nature, en effet, � favoriser l�attractivit� des investissements. Malheureusement, les conditions d�ex�cution du programme d�investissements posent probl�me. Ce programme n�a pas exerc� d�effet multiplicateur sur le d�veloppement de l��conomie nationale globalement car il n�a pas privil�gi� les outils nationaux de r�alisation. Une politique volontariste de l�Etat aurait pu conduire les outils nationaux de r�alisation, publics ou priv�s, � se constituer en grands groupes de r�alisation, notamment dans le b�timent et les travaux publics. Mais rien de cela. Par ailleurs, la gestion opaque du programme d�investissement a conduit � des retards consid�rables dans la r�alisation avec un gaspillage �norme des ressources financi�res. La g�n�ralisation de la corruption et l�apparition de la grande corruption sont � relier � ce programme de d�penses publiques. Deuxi�mement, l�impulsion de la croissance �conomique. Pour rappel, une croissance normale s�appuie sur quatre facteurs, simultan�ment : l�investissement priv� et �tranger, les exportations, la consommation et les d�penses publiques. Dans le cas de figure de l�Alg�rie, il s�agit d�une croissance extensive, comme l�appellent les �conomistes, c'est-�-dire une croissance bas�e, exclusivement, sur les d�penses publiques. C�est, naturellement, une croissance �ph�m�re qui d�pend, principalement, du prix du p�trole. Un retournement du march� p�trolier et il en serait fini de cette croissance. Troisi�mement, la r�duction du ch�mage. Par-del� les m�thodes contestables de calcul du taux ch�mage en Alg�rie, soulignons que l�Etat a mis en �uvre une politique de gestion du ch�mage, pas une politique de l�emploi. Les postes d�emploi cr��s bas�s sur les seules d�penses publiques sont, par essence, pr�caires. Il ne s�agit pas d�emplois stables g�n�r�s par une dynamique de croissance �conomique r�elle. Quatri�mement, la politique de d�sendettement exhib�e par le pr�sident Bouteflika. Rappelons, tout d�abord, que cette politique a d�j� �t� pratiqu�e par des pays p�troliers notamment l�Arabie Saoudite, apr�s la mont�e du prix du p�trole. Le d�sendettement n�est, sans doute, pas une panac�e. La Roumanie dans les conditions o� le pr�sident Ceausescu l�a laiss� est un exemple �loquent. En l�occurrence, toutefois, l�Alg�rie a �t� bien inspir�e de se d�faire de sa dette ext�rieure �valu�e � 16 milliards de dollars et la crise financi�re internationale lui a donn� raison. Il faut, cependant, avoir pr�sent � l�esprit que les pays bailleurs de fonds ont d�laiss� les profits g�n�r�s par les int�r�ts pour se recentrer sur les gains tir�s du commerce ext�rieur. Le d�sendettement, qui est une solution commode pour les pouvoirs publics afin de se d�lier de toute obligation permettant aux bailleurs de fonds de contr�ler la bonne gestion des ressources financi�res du pays, n�a pas conduit � l�ind�pendance �conomique de l�Alg�rie. La facture des importations a explos� pour passer de 12 milliards de dollars en 1999 � 46 milliards de dollars en 2011, dont 6 pour les seuls produits alimentaires. Tirez, de vous-m�me, la conclusion. Est-il besoin, pour clore ce chapitre, de s�attarder sur la lourde responsabilit� de ceux qui auront dilapid�, en pure perte, sans contrepartie productive, les immenses ressources financi�res puis�es de richesses naturelles irrempla�ables de l�Alg�rie ? C�est � l�audit des comptes de la nation qui forc�ment accompagnera la transition d�mocratique d��tablir cette responsabilit�.
Convenez, tout de m�me, que les r�formes politiques annonc�es donnent le signal d�une certaine ouverture...
Permettez-moi, avant d�aborder le volet des r�formes, de revenir sur le bilan du pr�sident Bouteflika. Sur les plans politique et s�curitaire, le chef de l�Etat �voque, en effet, un bilan positif. Il parle de r�tablissement de la paix et de cons�cration de la r�conciliation nationale. La stabilisation s�curitaire c�est, tr�s largement, un h�ritage l�gu� par le pr�sident Zeroual. C�est en parfaite connaissance de cause que cette pr�cision est apport�e. S�agissant de la r�conciliation nationale, c'est-�-dire le volet politique de la paix, il suffit de constater les plaies encore b�antes qui le resteront tant que le travail de m�moire n�aura pas �t� r�alis�. Relevons, au pr�alable, que le chef de l�Etat, en annon�ant ces r�formes pr�sent�es comme fondamentales, admet, contrairement � son chef du gouvernement, que la crise actuelle rev�t une dimension politique. C�est dire combien la gouvernance publique est loin d��tre homog�ne. Examinons, d�abord, la r�vision constitutionnelle projet�e. D�embl�e, il faut convenir que ce n�est pas � un bouleversement du texte constitutionnel qu�il faut s�attendre. A peine un toilettage avec d�finition de meilleures pratiques constitutionnelles. C�est un exercice d�voy� de la Constitution qui, au demeurant, a conduit � ces nombreux dysfonctionnements qui ont entach� les mandats successifs du pr�sident Bouteflika. Imaginons que l�objectif des r�formes projet�es pourrait �tre d�am�liorer la qualit� de la repr�sentation populaire, de fluidifier le fonctionnement des institutions �lues et de temp�rer les pouvoirs du pr�sident de la R�publique. La possibilit� ouverte au pr�sident de la R�publique de recourir, inconsid�r�ment, aux ordonnances pourrait �tre, ainsi, r�duite. La r�vision constitutionnelle pourrait avoir pour objet, aussi, de mieux consacrer la responsabilit� du d�put� devant ses �lecteurs, le caract�re national actuel de son mandat l�autorisant � se soustraire � tout contr�le local. Peut-�tre, enfin, le droit de saisine du Conseil constitutionnel pourrait- il �tre �largi aux d�put�s. Bref, il existe mati�re � renforcer la pratique d�mocratique, m�me dans le cadre constitutionnel actuel. L�innovation majeure de la r�vision constitutionnelle projet�e pourrait �tre, cependant, l�institution du poste de vice-pr�sident de la R�publique, non pas pour permettre un meilleur fonctionnement d�mocratique du syst�me, mais pour favoriser une succession �arrang�e� du pr�sident de la R�publique. Examinons, ensuite, la r�vision du cadre l�gislatif. Que de lois organiques en suspens, particuli�rement celle sur la s�curit� nationale, express�ment pr�vue par la Constitution et combien de nouvelles � �laborer, telle celle qui devrait r�gir la Haute Cour de justice, symbole du principe d��galit� de tous devant la loi. Pour �viter que les ex�cutifs, au gr� de leur humeur et de la conjoncture, n�aggravent les dispositions limitatives � la libert� d�informer, ne faudrait-il pas soumettre la mati�re, le code de l�information, � une loi organique ? Les lois organiques sur les partis et sur le r�gime �lectoral qui doivent �tre r�vis�es simultan�ment pourraient l��tre, quant � elles, � travers l�introduction de la proportionnelle et la lev�e de l�interdiction de constitution de partis sur une base religieuse, dans le sens d�une reconfiguration du champ politique alg�rien en vue de le r�duire � deux ou trois partis essentiels. C�est un projet dont le pr�sident Bouteflika, depuis longtemps, s�est r�clam�. Pourquoi, cependant, le pr�sident Bouteflika, plut�t r�tif au contr�le international des �lections en Alg�rie, se r�soudrait-il � cette extr�me, jusqu�� envisager de l�institutionnaliser ? C�est peut-�tre pour rendre encore plus incontestable la victoire d�un �ventuel nouveau parti islamiste. S�agissant de la d�p�nalisation du d�lit de presse, tout en ne contestant pas l�int�r�t de la disposition, il faut convenir que sans l�ouverture du champ audiovisuel � l�investissement priv�, la libert� d�information sera toujours relative. Finalement, tout porte � croire que les r�formes projet�es visent � am�nager le syst�me en lui gardant, pour l�essentiel, sa contexture actuelle et le communiqu� du dernier Conseil des ministres ne fait que l�attester. Bref, dans la d�marche du pr�sident Bouteflika, c�est l�aspect tactique qui pr�domine, avec la ruse et le louvoiement, en aucune mani�re, la dimension strat�gique reposant sur une volont� audacieuse de transformer, radicalement, le syst�me de gouvernance pr�sent.
Vous affichez une hostilit� syst�matique au pr�sident Bouteflika. Vous excluez, donc, d�finitivement, la possibilit� d�un d�nouement pacifique de la crise actuelle ?
Le pr�sident Bouteflika, en tant que personne, n�est pas au c�ur de la probl�matique qui requiert ici l�attention. Ne nous attardons pas sur les aspects subjectifs, y compris lorsqu�il s�agit de l��tat de sant� de M. Bouteflika. Ce n�est pas un motif de joie que d�assister � cet affaissement psychologique et physique du chef de l�Etat. La t�l�vision lui aura rendu, � cet �gard, un bien mauvais service. Allons au fond des choses. C�est le syst�me, dans sa globalit�, qui est en cause. Nous assistons, justement, � l�agonie de ce syst�me. Avec un syst�me de gouvernance ankylos�, un chef de l�Etat chroniquement indisponible et un pouvoir plut�t �miett�, pensez-vous qu�il puisse exister, quelque part dans le syst�me, un p�le de pouvoir capable de concevoir un programme de r�formes politiques coh�rent et audacieux puis de le mettre en �uvre ? Le profond divorce qui oppose la rue aux pouvoirs publics ainsi que l�incurie d�un r�gime d�muni de perspectives strat�giques augurent, au contraire, d�une explosion sociale que seule la distribution inconsid�r�e de la rente p�troli�re permet de diff�rer.
Le pr�sident Bouteflika, estimez-vous, cherche � gagner du temps ? Pour quelle fin ?
Arranger les conditions de sa succession, sans doute. Avec l�ambition de laisser une empreinte sur l�histoire et le souci de disposer de garanties pour lui-m�me et pour ses proches. Le pr�sident Bouteflika s�attelle � disposer du temps n�cessaire pour appliquer sa v�ritable feuille de route qui se r�sume en deux projets qui ont toujours �t� pr�sents dans son esprit. Favoriser l��mergence d�un nouveau parti islamiste populaire qui constituerait, dans la dur�e, le fondement de la vie politique en Alg�rie. Un parti qui lui serait reconnaissant de lui avoir fray� le chemin du pouvoir. Dissoudre symboliquement les services de renseignement en leur substituant, aussit�t, de nouvelles structures. L�important �tant de para�tre comme le chef de l�Etat qui aura r�duit tous les centres de pouvoir non institutionnels. Dans l�un et l�autre cas, il compte s�assurer � s�il ne l�a d�j� fait � de l�appui des puissances occidentales, les Etats-Unis en premier lieu. Il faut penser que le temps et les hommes risquent de lui manquer. Le pr�sident Bouteflika avait l�habitude, en effet, de venir � bout de ses protagonistes en les �puisant dans une course de fond qui paraissait sans fin. Comme l�a rapport�, publiquement l�ancien Premier ministre fran�ais, Jean-Pierre Raffarin, auquel il s��tait confi�, le pr�sident Bouteflika, � pr�sent, �dispose de plus de conviction que de force�.
Comment expliquez-vous l�accueil favorable recueilli � l��tranger par le discours du pr�sident Bouteflika et le train de r�formes annonc� ?
Probablement, les puissances �trang�res concern�es doivent-elles consid�rer que l�Alg�rie riche � profusion de son p�trole a le temps de le dilapider avant que son peuple ne se soul�ve. Dans le cas des Etats-Unis, il ne faut pas exclure que des concessions majeures � sur le p�trole, le Sahara occidental et la Palestine � soient recherch�es aupr�s d�un r�gime affaibli. Du c�t� fran�ais, soyez s�rs que �De Gaulle mort�, c�est surtout le pactole de la rente p�troli�re qui doit guider la d�marche. Il doit s�agir, cependant, de la part de ces puissances �trang�res d�un appui tactique seulement. Les puissances occidentales, ayant d�j� fort � faire dans la r�gion, pourraient pr�f�rer, en effet, que l�effet domino s�exerce le plus tard possible en Alg�rie. Peut-�tre, �galement, ce qui vient d��tre �voqu� sous le vocable de �v�ritable feuille de route� du pr�sident Bouteflika correspond-il aux standards que ces puissances occidentales s�efforcent d�imposer au monde arabe ?
Quel tableau pourriez-vous dresser si vous deviez comparer atouts et handicaps de l�Alg�rie en 2011 ?
Limitons-nous, pour cette comparaison, aux grands agr�gats. Pour les handicaps, ce sont prioritairement la qualit� m�diocre de la gouvernance publique et l�absence d�alternative cr�dible, en termes de formation et de leaders politiques. Pour les atouts, ce sont essentiellement un peuple largement domin� par une jeunesse avide de justice et de progr�s et plein de vitalit� avec, � c�t�, une arm�e relativement homog�ne et bien structur�e, dot�e de chefs militaires jeunes et comp�tents, en phase avec la soci�t�. Les richesses naturelles du pays et les ressources financi�res g�n�r�es peuvent constituer un atout autant qu�un handicap.
Par gouvernance publique, vous visez les hommes ou le syst�me ?
Du point de vue th�orique, c�est le syst�me qui, incontestablement, est devenu chroniquement d�faillant. Mais sur le plan pratique, la qualit� m�diocre des dirigeants n�est pas en reste. Dans les ann�es soixante-dix, au sommet de sa gloire, le g�n�ral Giap, en visite en Alg�rie, avait prononc� une phrase rest�e m�morable : �Les imp�rialistes sont de mauvais �l�ves.� Il faut imaginer que les dirigeants alg�riens ne sont pas meilleurs �l�ves !
Votre avis semble ind�cis, cependant, pour le cas pr�cis du pr�sident Bouteflika�
Le pr�sident Bouteflika est servi, en effet, dans l�exercice du pouvoir pr�cisons-le bien, par une intuition tactique exceptionnelle mais il est, d�sormais, handicap� par un �tat de sant� pour le moins incertain.
Finalement, quels sc�narios imaginez-vous � propos de l��volution de la situation en Alg�rie ?
Le sc�nario d�une v�ritable transition d�mocratique initi�e, dans un cadre consensuel, par les pouvoirs publics en place parait invraisemblable. Le sc�nario d�une transition au forceps impos� par le pouvoir lui-m�me, � travers le choix coopt� d�un successeur � l�actuel pr�sident de la R�publique, a peu de chances de se v�rifier en raison du risque de rejet brutal par la population. Le sc�nario d�une transition impos�e par l�arm�e, hors un soutien populaire explicite et pr�alable, para�t dans le contexte pr�valant improbable. Le sc�nario d�une transition conduite par un nouveau puissant parti islamiste parvenu au pouvoir par un scrutin incontestable n�est pas � exclure, surtout si ce parti accepte, clairement, le cadre constitutionnel en vigueur. Mais la faisabilit� reste � prouver. Le sc�nario le plus probable reste celui d�un d�nouement violent avec d�roulement de manifestations populaires incontr�lables.
Puisque vous privil�giez, clairement, le sc�nario du d�nouement violent de la crise, quelles sont les menaces essentielles qui, dans ce cas, pourraient peser sur l�Alg�rie ?
Une dislocation de la coh�sion sociale avec amputation du territoire national. Menaces aggrav�es par le risque �ventuel d�effritement de l�unit� de l�arm�e. Ce ne sont pas de simples menaces virtuelles.
Quel est le d�fi majeur � relever pour les futurs dirigeants d�une Alg�rie d�mocratique ?
R�concilier morale et politique dans un pays o� la gouvernance publique a pris toute sa libert� avec les valeurs �thiques. Ce n�est pas une vision romantique des choses, c�est une exigence qui est au c�ur des attentes populaires.


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