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LOUISA HANOUNE AU SOIR D�ALG�RIE :
�Le bouillonnement social a besoin d�un d�bouch� politique
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 05 - 2011


Entretien r�alis� par Brahim Taouchichat
A 56 ans, Louisa Hanoune est toujours aussi d�attaque, aussi d�termin�e comme il y a 20 ans au sortir de la clandestinit� de l�OST (Organisation socialiste des travailleurs, d�ob�dience trotskyste) malgr� quelques ennuis de sant� avec l�hypertension. M�me si elle a la dent dure � l�endroit de ceux qui pourraient �tre ses alli�s naturels du camp d�mocratique, la pr�sidente du Parti des travailleurs (PT) revendique �une autre Alg�rie que pr�figurent les grands mouvements sociaux actuels, signe d�une r�volution sociale tranquille et intelligente�. Pond�ration, lucidit�, responsabilit� semblent aujourd�hui les arguments dont elle drape sa d�marche politique compar�e � celle d�avant. Son parcours et la pr�sence du PT dans les institutions ont-ils fini par faire muer la militante en femme politique ? Plus compr�hensive � l�endroit de l�ex�cutif, voire proche du pr�sident Bouteflika qu�elle d�fend et soutient dans ses d�cisions politiques, lui a valu d��tre tax�e de nouvelle alli�e du pouvoir. Ce pouvoir que veut abattre la tendance active de l�opposition men�e par le RCD du Dr Sa�d Sadi pour en finir avec le syst�me. Rencontrer la secr�taire g�n�rale du PT pour un entretien de presse, ouvert a fortiori sur tous les questionnements entourant sa d�marche, n�est pas de tout repos. 20 ans � la t�te du parti, fond� le 29 juin 1990, lui ont-ils forg� un nouveau profil ? Louisa Hanoune s�est au bout du compte pr�t�e au jeu des questions-r�ponses, le sourire en coin certes, mais sans pour autant se d�partir de la fougue habituelle qu�elle met dans ses meetings.
Le Soir d�Alg�rie : Bonjour Louisa Hanoune, comment allez-vous ? Je vous pose cette question car j�aimerais savoir si vous vous sentez interpell�e par la mont�e meurtri�re de trois fl�aux, essentiellement le cancer, l�hypertension, le diab�te�
Louisa Hanoune : Moi m�me je suis une hypertendue depuis l�agression isra�lienne contre Ghaza. Je ne supportais pas les images, ma t�te explosait. Le stress peut avoir de graves cons�quences sur les personnes, la d�cennie noire a g�n�r� 30 000 enfants diab�tiques. La communaut� universitaire souffre �norm�ment du stress, observez le nombre d�attaques cardiaques et de cancers dans ce milieu. Neuf millions d�hypertendus et plus de deux millions de diab�tiques, c�est �norme. Et cela n�cessite une prise en charge s�rieuse sur le plan m�dical, mais aussi s�attaquer � la source de ces maux.
Depuis les �meutes de janvier dernier, les gr�ves r�currentes se g�n�ralisent. Vous parlez de r�volution sociale tandis que d�autres analystes disent qu�il s�agit d�une lutte contre le syst�me, le pouvoir en place ?
Avant m�me l��clatement de la r�volution en Tunisie et ce qui se passe dans d�autres pays arabes, nous nous attendions � cette mobilisation, qui est sans pr�c�dent m�me apr�s Octobre 1988. Pourquoi ? Parce que la trag�die nationale avait tu toutes les revendications. La principale aspiration �tait l�arr�t de l�effusion de sang, la paix. L�ordre de priorit� a chang� avec la restauration de la paix. Mais la dynamique sociale �tait d�j� en marche depuis plusieurs ann�es d�j�. Les �meutes de janvier �taient une provocation qui a pris sur une situation sociale fragile, pr�caire. Savez-vous que depuis 2008 nous sommes le seul pays � avoir arrach� autant de victoires sur les r�gimes indemnitaires et les salaires, le SNMG m�me si cela reste insuffisant compte tenu de l��rosion du pouvoir d�achat, de la sp�culation. Depuis les �meutes de janvier, le processus s�est �largi ouvrant une nouvelle �re. Evidemment, il y a l�influence de la r�volution tunisienne. Tout peuple s�appuie sur ce qui se passe autour de lui pour remonter le plafond de ses revendications comme c��tait le cas pour l�Am�rique latine quand il y a eu la r�volution au Venezuela, en Europe apr�s la r�volution portugaise de 1974. Nous appelons le mouvement en cours dans notre pays, r�volution sociale, tranquille et intelligente parce que les Alg�riens ont int�gr� le facteur de la trag�die nationale, plus jamais de sang, de d�rive meurtri�re. Cette r�volution se propage comme une tra�n�e de poudre dans la Fonction publique, le secteur productif, public et priv� parmi les jeunes et les larges couches. La jeunesse et les travailleurs sont l�avant-garde. Une vraie r�volution doit �tre encadr�e par les syndicats, et c�est le cas chez nous.1 200 000 �tudiants sont encadr�s par leurs comit�s, et c�est tr�s important. La satisfaction des revendications que nous enregistrons ne se produit que dans les situations r�volutionnaires. Une r�volution, c�est quand ceux d�en bas veulent changer leur sort et quand ceux d�en haut n�arrivent pas � suivre, signe d�une crise politique. Le pr�sident de la R�publique le reconna�t d�une certaine fa�on � travers l�annonce de r�formes politiques. En janvier, nous �tions dans une situation, aujourd�hui nous sommes dans une autre. La situation n�est pas statique, elle change, elle est dynamique, l��tat d�esprit aussi. Il y a une impatience dans les revendications ce qui est le propre d�une situation r�volutionnaire. C�est la volont� de transformer les choses. Nous parlons de r�volution sociale de par l�ampleur du mouvement et son contenu. De plus, la jonction entre le social et le politique commence � s�op�rer. N�en d�plaise aux tenants du statu quo, des ruptures s�op�rent dans notre pays. Au PT, nous n�avons pas attendu les �v�nements de Tunisie pour ouvrir une perspective. Nous avons commenc� en 2009 et anticip� donc sur les �v�nements, en appelant le pr�sident de la R�publique � d�cr�ter des r�formes politiques pour approfondir les r�formes �conomiques et sociales. Pour cela, nous sommes le seul parti � avoir recueilli environ 1 200 000 signatures, c'est-�dire, le seul parti sur le terrain, en campagne. Aujourd�hui encore, nous nous adressons au pr�sident de la R�publique pour faire avancer nos propositions car personne ne sait comment les choses vont �voluer dans le pays, et autour de nous. Il s�agit d�ouvrir une issue positive, alg�rienne � cette �bullition sociopolitique.
Deux courants dans l�opposition. L�un appelle aux changements du syst�me de l�int�rieur et l�autre de l�ext�rieur. Par ailleurs, toutes les augmentations de salaires ne sont-elles pas des concessions visant plut�t � faire perdurer le syst�me ?
Il n�y a pas que deux courants d�opposition mais diff�rentes approches. Ceux qui revendiquent le �changement�, dans les tentatives de marche les samedis, sont ultraminoritaires. C�est un constat. Ils ne mobilisent pas. Ce qui exprime de la m�fiance, voire du rejet de la part des citoyens. En effet, on ne sait pas ce que signifie leur changement. Dans le m�me moment, par dizaines de milliers, les travailleurs, �tudiants et jeunes se rassemblent, manifestent pour des revendications sociales et ou p�dagogiques pour les �tudiants. En r�alit�, la seule organisation capable de paralyser le pays, de f�d�rer toutes les �nergies, c�est l�UGTA parce que c�est la principale organisation dans le pays. C�est un fait, il n�y a pas d�adh�sion populaire aux marches pour le changement. Les �tudiants disent : nos revendications sont p�dagogiques, les travailleurs nos revendications sont d�ordre social. Les jeunes disent nous voulons de l�emploi, nous sommes contre la pr�carit�. Les citoyens sortent dans la rue pour le logement social pour les conditions de vie, etc. D�autres courants ext�rieurs au r�gime posent la n�cessit� de r�formes politiques et op�rer une rupture avec le syst�me en place en s�adressant aux autorit�s, notamment le pr�sident de la R�publique. C�est ce que nous faisons parce que nous savons que la situation chez nous diff�re de celle de la Tunisie, de l��gypte. La nature du r�gime est diff�rente, les politiques sociale, �conomique et �trang�re diff�rent quand bien m�me il y a des similitudes sur certains aspects. Evidemment, nous respectons tous les points de vue d�s lors qu�ils s�inscrivent dans le cadre de la nation et non pas des ing�rences �trang�res.
Vous n�avez pas particip� aux marches mais en m�me temps vous demandez aux autorit�s de lever leur interdiction.
C�est, pour nous, une position principielle ind�pendamment des opinions qui s�expriment. Rien ne justifie le maintien de l�interdiction� il est inconcevable d�exclure la capitale du cadre national. Il s�agit de lever les obstacles devant l�exercice des libert�s. En fait, la majorit� des marches emp�ch�es ont un contenu social. Ceci dit, nous ne pouvons pas marcher pour un vague �changement� et encore moins avec des personnes qui ont fait la tourn�e des ambassades des Etats-Unis, de France, de l�Union europ�enne pour se plaindre et demander des pressions sur l�Etat alg�rien. Pour nous, toute solution doit �tre l��manation des Alg�riens exclusivement. Nous n�acceptons ni les pressions ext�rieures ni les r�volutions import�es � la g�orgienne ou � l�ukrainienne. Nous ne croyons pas aux r�volutions � la Facebook ou � la Twitter qui m�nent � la dislocation et � l�ing�rence �trang�re et qui sont pilot�es par des organisations li�es � la CIA dont le NED et NDI. Une r�volution authentique comme en Tunisie n�est pas quelque chose qu�on d�cr�te. C�est un processus qui d�marre et qui se transforme � un moment donn�, � partir d�un �v�nement qui constitue l��tincelle, en r�volution.
Des perspectives pour un p�le d�mocratique d�opposition, pour une d�marche unitaire sachant l�opposition affaiblie, divis�e, domin�e par les subjectivismes ?
Pour nous, la ligne de d�marcation c�est la souverainet� nationale et l�int�grit� du pays. Ce n�est pas la gauche et la droite, les d�mocrates et les non-d�mocrates. L�unit� d�action oui avec les partis qui p�sent pas avec les groupuscules non repr�sentatifs ou avec ceux dont les positions sur la souverainet� nationale ne sont pas nettes, pas avec ceux qui disent, c�est moi le chef, suivez-moi ! Nous sommes favorables � une unit� d�action dans le respect mutuel avec m�me un parti au gouvernement, avec le pr�sident de la R�publique, dans les d�cisions qui d�fendent les int�r�ts de la nation, la souverainet� nationale. Nous sommes pr�ts � mobiliser pour cela. Nous sommes un pays opprim�, cibl�. L�Etat alg�rien n�est ni un Etat colonial ni imp�rialiste. L� Etat alg�rien est lui-m�me opprim� et nous le d�fendons inconditionnellement. Sur la loi de finances compl�mentaire 2009 et 2010, par exemple, il y a un parti au gouvernement dont la position �tait plus int�ressante que celles des partis de l�opposition. Nous avons sign� un accord avec lui � l�occasion des s�natoriales. Il nous est arriv� de r�aliser l�unit� avec d�autres partis sur certaines questions importantes dont la restauration de la paix, contre la fraude �lectorale, en soutien au peuple palestinien, etc. En ce moment, de toutes les initiatives rendues publiques, les lettres de Abdelhamid Mehri et de Hocine A�t Ahmed sont int�ressantes de notre point de vue, car elles vont dans le sens de l�Assembl�e constituante pour laquelle nous militons. En r�alit�, il s�agit de sortir du syst�me du parti unique et de la trag�die nationale. Le pr�sident de la R�publique affirme que les r�formes qu�il propose seront profondes. C�est donc une refondation de la r�publique qui est � l�ordre du jour. Pour nous, il s�agit de corriger le faux d�part de 1963, le moment est donc appropri� pour une Assembl�e constituante compos�e de vrais d�put�s, qui d�battent de lois audacieuses qui constituent le socle de la d�mocratie.
Lev�e de l��tat d�urgence, d�p�nalisation du d�lit de presse. Vous applaudissez ces d�cisions tandis que d�autres partis de l�opposition disent que c�est de la poudre aux yeux.
La d�p�nalisation du d�lit de presse fait partie de notre combat. Nous avons m�me particip� � des sit-in des journalistes devant l�APN. C�est donc une victoire dans la voie de la libert� de la presse, un composant essentiel de la d�mocratie. Toute conqu�te est pour nous la bienvenue. C�est ce qui nous diff�rencie de ceux qui crient � la supercherie et qui cherchent � d�moraliser. La lev�e de l��tat d�urgence fait aussi partie de nos revendications. Elle reste incompl�te, le pr�sident doit aussi lever l�interdiction des marches � Alger.
Vous applaudissez sans complexe des d�cisions du gouvernement ?
Quand les mesures sont conformes � nos revendications et confortent nos luttes, bien s�r. Quand elles visent � renforcer la souverainet� et l��conomie nationales. Pourquoi ne serions-nous pas d�accord quand le gouvernement satisfait aux revendications sociales ou politiques ? Ceux qui font de l�opposition pour de l�opposition ne sont jamais satisfaits m�me quand les d�cisions correspondent � leurs positions. Pour nous, si nos revendications sont satisfaites � 50%, nous enregistrons et nous revendiquons le reste. C�est notre conception de la politique. Car nous n�avons pas d�int�r�ts distincts de ceux de la majorit� du peuple.
Qu�attendez-vous des consultations que M. Abdelkader Bensalah, pr�sident du S�nat, est charg� par le pr�sident Bouteflika de mener ?
Il y a trois mois, les partis de la coalition niaient l�existence d�une crise politique. Le pr�sident vient de lever l��tat d�urgence et d�cide d�ouvrir un peu la t�l�vision, annonce des r�formes politiques. Il reconna�t ainsi qu�il y a crise politique. C�est un aveu que nos institutions sont obsol�tes et que nous devons aller vers le renouveau, c'est-�-dire la recomposition politique. Le pr�sident a fix� un �ch�ancier qui doit �tre pr�t en septembre. Nous ne sommes pas contre l�id�e d�aller vers de larges consultations pour un maximum de passerelles, pour un libre d�bat. En mandatant M. Bensalah, le pr�sident d�savoue l�Assembl�e nationale qu�il confine dans le r�le de simple chambre d�enregistrement. Car c�est l�APN qui aura � voter les projets de lois qui sortiront des consultations apr�s avis du pr�sident de la R�publique. Cela �tant, les consultations ne r�soudront pas le probl�me du d�ficit en l�gitimit� dont souffre l�APN. De ce fait, peut-on confier � une APN infest�e par le milieu des affaires le projet de loi d�finissant les incompatibilit�s ? Peut-on lui confier le projet de loi �lectorale cens�e garantir des �lections libres alors qu�elle-m�me est le produit de la fraude ?
Vous r�clamez des �lections l�gislatives anticip�es pour cette ann�e 2011 pour une constituante. FLN, RND, Hamas et d�autres formations politiques s�y opposent...
Ce sont les partisans du statu quo. Or, m�me le pr�sident parle de renouveau. Nous disons qu�il est urgent de doter le pays d�institutions cr�dibles issues d��lections transparentes pour construire la d�mocratie, l�Etat de droit. C�est une question de moralisation de la pratique politique, et parce que nous devons tenir compte des transformations en cours dans le monde et chez nous. Maintenant, nous ne sommes pas ultimatistes. Que cette assembl�e s�appelle constituante, ou assembl�e nationale, ou assembl�e de la r�publique, l�important est d�op�rer la rupture avec l�h�ritage du syst�me de parti unique.
L�argent interpelle sur le probl�me de la corruption dont tout le monde parle�
Pour nous, il est fondamental de s�parer l�argent de la politique. C�est pourquoi nous avons propos� la modification de la loi �lectorale. Il faut aussi interdire le lobbying dans les assembl�es �lues sous peine de perte de mandat. La corruption est le produit du syst�me de parti unique, de la trag�die nationale et du PAS. Il faut donc s�attaquer aux racines du fl�au. Cela nous renvoie � la nature des institutions. Ainsi, une vraie assembl�e avec de vrais d�put�s dont le mandat est contr�lable et r�vocable par les citoyens, une justice ind�pendante qui exerce l�auto-saisine, sont des conditions pour lutter contre la corruption. Le pr�sident a annonc� la relance des tribunaux administratifs pour que les citoyens puissent se d�fendre contre la hogra de l�administration, cela est positif mais il faut aussi r�aliser la s�paration des pouvoirs pour que cette d�cision ne reste pas lettre morte. Il faut �galement prot�ger les fonctionnaires des tentations de la corruption. Pourquoi un maire n�a pas les m�mes indemnit�s qu�un d�put� d�autant qu�il est plus expos� aux dol�ances quotidiennes des citoyens ? 15 000 DA par mois comme indemnit�, c�est une aberration. Am�liorer la situation des juges et de tous les corps constitu�s concern�s par la lutte contre la corruption constitue une partie du rem�de.
Allez-vous faire partie du gouvernement � court ou moyen terme ?
Dans le cadre de la cohabitation, cela serait tout � fait contraire � notre conception de la d�mocratie. Pour nous, doit gouverner celui qui obtient la majorit� des suffrages et nous le ferons certainement lorsque cela sera le cas pour nous. Nous ne sommes pas pour le partage du pouvoir qui nie les programmes politiques. Vous pensez vraiment gagner les �lections prochainement ? Nous avons l�ambition de repr�senter la majorit� et nous y travaillons. Malgr� la fraude massive, notre progression en mati�re de si�ges � l�APN est un processus tr�s significatif depuis 1997. Vous savez, lors des pr�c�dentes �lections, nous avons obtenu 77 si�ges dont 17 � Alger, mais on nous a vol� 51 si�ges. Le pr�sident affirme que les prochains scrutins seront vraiment transparents et d�mocratiques. Et nous avons beaucoup de propositions � faire concernant le projet de r�vision de la loi �lectorale pour combattre la fraude.
Quel regard portez-vous sur l��tat actuel du pays ?
L�Alg�rie est en train de changer. Les citoyens modifient, par la mobilisation, leur sort quotidien. C�est le processus de r�volution sociale qui int�gre l��crasante majorit� de la population. A un moment donn�, la quantit� se transforme en qualit�. Un tournant s�op�re dans notre pays, la majorit� est pass�e � l�offensive. Elle s�impose. La minorit� compos�e de nouveaux riches � la faveur du PAS et la trag�die nationale devrait s�inqui�ter. Car, comme c�est le cas dans toute r�volution, se posera in�luctablement la question �d�o� tiens-tu cela ?� et donc l�expropriation des fortunes mal acquises. Que ces gens m�ditent ce qui se passe en �gypte et en Tunisie. D�ailleurs, selon la presse�certains hommes d�affaires et responsables alg�riens seraient en train d�expatrier leurs fortunes. Cela �tant dit, beaucoup de contradictions demeurent dans l�orientation �conomique ainsi que des disparit�s sociales dangereuses. Il est inconcevable que 20% de la population vivent en dessous du seuil de pauvret� alors que des exon�rations de taxes et de charges sociales sont g�n�reusement consenties au priv�. Il est inacceptable que 60% des pensions de retraite soient eu dessous du Smig. En fait, cohabitent toujours des restes du PAS avec des r�formes hardies d�o� la confusion. De m�me que le bouillonnement social extraordinaire et plein de vitalit� en cours a besoin d�un d�bouch� politique en urgence, on ne peut pas attendre 2012. La clarification politique imm�diate est une condition pour ouvrir de r�elles perspectives afin que le peuple puisse participer pleinement � la reconstruction nationale.
Les r�percussions de la crise en Libye ?
Le pire est � craindre pour le Maghreb, l�Afrique sub-saharienne et pour notre pays quand l�Otan bombarde � 50 km de nos fronti�res. Des terroristes essaient de s�infiltrer et faire passer des armes par nos fronti�res. Il y a des pressions ext�rieures sur notre pays dont la position dans la r�gion est unique concernant la Libye, ce dont nous sommes fiers : pas d�ing�rence �trang�re, une solution politique libyenne, si n�cessaire avec une aide africaine. Mais au fond, les enjeux de l�intervention militaire �trang�re ce sont les 200 milliards de dollars dans le fonds souverain libyen, le p�trole, l�or et l�uranium dans la r�gion du Sahel, convoit�s par les grandes puissances et ce sont l�Africom et le GMO pour imposer une pr�sence militaire �trang�re dans notre r�gion et disloquer les nations. L�Alg�rie est cibl�e parce que sa politique �conomique sociale et �trang�re d�range. Nous appelons le pr�sident � ordonner la satisfaction des revendications sociales, autoriser les marches et prendre des mesures politiques avec effet imm�diat vers une ouverture effective, pour pouvoir faire face aux pressions ext�rieures, en s�appuyant sur la mobilisation populaire, seule capable de d�fendre la souverainet� nationale.
Pour certains, il faut soutenir le Conseil national de transition libyen (CNT)...
Ils sont tout aussi minoritaires que ceux qui tentent de manifester le samedi pour le �changement�. Nous ne pouvons soutenir un mouvement qui appelle � la guerre contre son propre pays, � sa destruction, � sa mise sous domination �trang�re. Nous ne soutenons pas Kadhafi non plus. Ce sont des acteurs d�une guerre civile r�actionnaire avec pour victime principale le peuple libyen et qui met � l�ordre du jour la partition de ce pays.
Ce qui se passe dans les autres pays arabes ?
C�est diff�rent d�un pays � l�autre. Nous r�cusons la notion de �r�volution arabe�. C�est du racisme comme si les Arabes avaient toujours accept� d��tre sous la dictature. En Tunisie, c�est une vraie r�volution parce que le moteur ce sont les syndicats, des comit�s se sont constitu�s en d�fense de la r�volution alors que l�Assembl�e constituante est pos�e comme l�issue. En �gypte, la r�volution est contrari�e car l�arm�e a pris le commandement du pays et qu�elle s�est engag�e � respecter tous les trait�s internationaux sign�s par l�ancien r�gime. Dans les autres pays, c�est le plan de GMO (Grand-Moyen-Orient) devant faire exploser les nations du Pakistan � la Mauritanie, sur des bases communautaires et ethniques qui est mis en �uvre pour d�tourner et confisquer les aspirations l�gitimes des peuples � la d�mocratie.
Bient�t 20 ans � la t�te du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune...
En fait, j�ai �t� porte-parole du Parti des travailleurs, Mustapha Benmohamed �tait secr�taire g�n�ral du parti, de 1990 � 2003, lorsque conform�ment � la discussion dans le congr�s, j�ai �t� �lue secr�taire g�n�rale du parti par la direction. Nous sommes pour la d�mocratie du mandat contr�lable et r�vocable. Si au prochain congr�s, les militants consid�rent que j�ai failli � mon mandat ils ont le droit de m��vincer. Il ne s�agit pas d�alternance ou de limitation de mandats mais de respect du mandat. L�alternance est un nouveau concept qui vide la d�mocratie de son contenu. Et nous sommes oppos�s � toute immixtion dans les affaires internes des partis.
Est-ce que �a vous irrite que l�on dise du PT que c�est un parti trotskyste ?
Non. C�est tant d�ignorance politique qui m�exasp�re car nous avons clarifi� cette question des dizaines de fois et ceux qui reviennent l� dessus sont en r�alit� incapables de faire la diff�rence entre les programmes. Un parti trotskyste est un parti qui pr�ne la r�volution. L�OST qui activait dans la clandestinit� �tait une organisation trotskyste. J�en faisais partie et j�en suis fi�re. Le PT est fondamentalement un parti ouvrier ind�pendant qui lutte pour la d�mocratie et le socialisme. C�est donc un parti large dans lequel cohabitent plusieurs sensibilit�s issues du mouvement ouvrier et nationaliste. Il est membre de l�Entente internationale des travailleurs et des peuples. Nous ne nous r�clamons pas de l�extr�me gauche. Nous inscrivons notre action dans la continuit� du combat et des traditions du PPA et de l�Etoile nord-africaine.
Louisa Hanoune, en tant que femme, pr�sidente de la R�publique ?
Je n�ai pas d�ambition personnelle mais si le parti d�cide de pr�senter ma candidature et que le peuple me donne mandat, j�assumerai. J�ai particip� � deux pr�sidentielles. Contrairement � ce que pr�tendent certains, le peuple alg�rien est tr�s �clair� et c�est le produit de la r�volution alg�rienne. Pour les Alg�riens, la question ne se pose pas en termes de sexe mais de positions. Aux derni�res �lections pr�sidentielles, par del� le tripotage des r�sultats, nous avons enregistr� une progression notable. Les Alg�riens sont pr�ts sur cette question mais du travail reste � faire pour que puisse s�exercer le libre arbitre et que l��mancipation des femmes alg�riennes soit effective.
Pour ou contre un quatri�me mandat pour le pr�sident Bouteflika ?
Nous jugeons sur les programmes et les bilans pas sur le nombre de mandats et comme nous ne sommes m�me pas � mimandat, il est pr�matur� de porter un jugement. Pour nous, le concept de limitation des mandats est une aberration car il confisque la souverainet� du peuple et la libert� de candidature. En d�mocratie, le peuple doit pouvoir choisir librement et d�mettre ses repr�sentants � tout moment.


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