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Entretien
MOHAMED BOUCHAKOUR, PROFESSEUR � HEC (ALGER), � PROPOS DU CONFLIT DES M�DECINS R�SIDENTS �Il faut faire intervenir des m�diateurs neutres�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 06 - 2011

Observateur attentif des conflits sociaux, il pose aujourd�hui un regard sans complaisance sur le conflit qui oppose le minist�re de la Sant� aux m�decins r�sidents.
Le Soir d�Alg�rie : Le conflit opposant le minist�re de la Sant� aux m�decins r�sidents perdure et semble aller vers une impasse. Quel est votre commentaire?
Mohamed Bouchakour : En tant qu�observateur, je suis tent� de dresser deux constats assez contrast�s : premi�rement, ce conflit n�a que trop dur� pour aller en se durcissant et finir par s�engouffrer dans une impasse, et ceci malgr� un dialogue qui s�est tout de m�me instaur� avec un niveau de repr�sentativit� tout de m�me exemplaire, puisque nous avons d�un c�t� les m�decins r�sidents repr�sent�s par le Camra, et de l�autre, le minist�re de la Sant� en sa qualit� de repr�sentant du gouvernement. Mon second constat est que nous sommes en pr�sence d�un conflit qui n�a rien de particuli�rement complexe. Ses termes sont relativement simples et ses solutions possibles, multiples. De l�, on se serait attendu � ce que les choses �voluent rapidement vers une issue positive. Ce qui n�a pas �t� le cas. Ici, il faut incriminer l�inefficience du dialogue qui a �t� instaur�.
Qu�est-ce qui vous fait dire que le conflit est simple et ses solutions possibles, multiples ?
Les besoins et pr�occupations qui sont mis sur la table par les protagonistes sont largement l�gitimes et compatibles entre eux, et j�ajouterais m�me compl�mentaires et indissociables ! Il s�agit d�une part de garantir un acc�s �quitable aux soins sur l�ensemble du territoire national par une couverture ad�quate des localit�s de l�int�rieur en m�decins sp�cialistes ; d�autre part, de permettre � ces m�mes sp�cialistes de pratiquer leur m�tier dans des conditions psychologiques, mat�rielles et techniques acceptables. Le tout est de trouver les actions et mesures qui permettent de r�pondre, simultan�ment, � ces deux types d�attente.
Oui, mais le bras de fer qui a conduit � l�impasse concerne le service civil. Le minist�re de la Sant� s�accroche au principe de son maintien et les m�decins r�sidents r�clament, mordicus, sa suppression...
Justement, cette tournure prise par le d�bat est fonci�rement erron�e et nous �loigne des issues possibles en d�pla�ant les d�bats vers un autre sujet. Le service civil n�est qu�un instrument de r�gulation, sans plus. Braquer la discussion sur l�instrument, au point d�en faire un abc�s de fixation, conduit � se d�tourner de l�ouvrage, du probl�me � r�soudre. La question empoisonnante du maintien ou de la suppression du service civil doit �tre d�finitivement enterr�e si on veut sortir de ce conflit. Je pense que c�est le type m�me de controverse ou de guerre de tranch�es qui contient en elle-m�me les germes de l��chec de tout dialogue.
Concr�tement, comment faire ? Il faut tout de m�me que cette question soit tranch�e dans un sens ou dans l�autre...
Je vais illustrer mon propos par un exemple : consid�rez deux individus qui se disputent une orange, chacun la voulant pour lui tout seul. C�est un jeu � somme nulle avec une solution a priori binaire : s�imposer ou s�incliner. Ces protagonistes ne trouveront pas d�accord et continueront � s�entred�chirer jusqu�au moment o� l�un finira par prendre le dessus. Il est probable aussi qu�ils d�cident de se partager l�orange. C�est une n�gociation sur des positions diam�tralement oppos�es et totalement inconciliables, avec pour seule issue probable le diktat ou un partage compromissoire. M�me si les deux parts sont �gales, chacun restera sur sa faim. Si elles sont in�gales, la partie qui aura �t� l�s�e nourrira de plus une rancune qui ne manquera pas de pourrir la relation entre les deux acteurs. Le Camra n�acceptera pas de sacrifier tout ou partie de ses adh�rents, ni le minist�re de la Sant� tout ou partie des h�pitaux dans les wilayas de l�Int�rieur du pays. Supposez maintenant que les deux protagonistes changent de posture et se mettent � discuter de leurs int�r�ts r�els, de leurs besoins, en essayant de comprendre et d�int�grer ceux de l�autre. Chacun sortirait alors de sa tranch�e imaginaire, pour aller voir par-dessus l��paule de l�autre comment celui-ci per�oit les choses de la position o� il se trouve. Alors, ils d�couvriront peut-�tre que l�un veut l�orange pour son jus et l�autre veut la m�me orange pour sa pulpe. L�accord est trouv� ! Et chacun sera totalement satisfait exactement comme s�il avait obtenu toute l�orange pour lui tout seul. Le minist�re de la Sant� et les m�decins r�sidents doivent discuter sur la base des int�r�ts et des besoins des uns et des autres et non sur la base de prises de position rigides, envenim�es parfois par des bavures de communication. Dans tout �a o� est �la pulpe� et o� est �le jus� ? C�est tout ce qui compte !
Le conflit aurait donc �t� pris en otage par un d�bat sur le service civil qui a pris le dessus...
C�est l� l�origine de l�impasse actuelle. Pour en sortir il faut clarifier la question du service civil comme instrument de r�gulation, abstraction faite du conflit qui nous int�resse ici. Dans la conception actuelle du service civil, l�aspect qui semble poser probl�me est son caract�re obligatoire. Le minist�re de la Sant� y voit une garantie en b�ton d�assurer une couverture de l�int�rieur du pays en m�decins sp�cialistes, ce qui lui permet d�assurer partout le service public dans le domaine de la sant�. Les m�decins r�sidents y voient une proc�dure coercitive, unilat�rale et quasiment sans appel, sans compter qu�elle renvoie � des v�cus douloureux que la corporation ne veut plus vivre. Autant cette fa�on de faire n�est contest�e par personne lorsqu�il s�agit du minist�re de la D�fense et du service national, autant dans le domaine civil, la r�gulation doit pouvoir �tre n�gociable, dans ses instruments, et ses modalit�s. Le service civil dans sa forme actuelle est une des rares survivances de l��conomie administr�e centralement. Il faut passer � de nouveaux modes de r�gulation. Ce conflit donne l�occasion d�op�rer cette transition. Tout mode de r�gulation qui serait fond� sur l�attractivit� et la contractualisation avec droits et obligations r�ciproques, clauses de garanties et autres, a plus de chance d��tre consensuel et efficace.
Vous pr�conisez donc une transition d�un mode de r�gulation administr� � un mode de r�gulation n�goci�.
Exactement. Et rien n�emp�che � ce qu�on continue d�appeler le nouveau mode �service civil� ou qu�on lui trouve un autre nom. Ce qui compte, ce n�est pas ce qui est �crit sur l�emballage du m�canisme, c�est le m�canisme lui-m�me, comment il fonctionne et � quoi il sert. Ici, ce qui compte c�est la prise en compte pleine et enti�re des besoins et attentes du minist�re de la Sant� et des m�decins r�sidents.
Comment concr�tement voyez-vous la suite du conflit ?
Il n�y a pas d�autre suite possible que la reprise des n�gociations. Construire une issue durable, �extraire la solution du n�ant�, s�il le faut, telle est la responsabilit� conjointe des parties concern�es elles-m�mes : m�decins r�sidents, minist�re de la Sant�, auquel il faut adjoindre les collectivit�s locales et pourquoi pas les associations de malades, les d�put�s, et qui sais-je encore. Il faut sortir du face-�- face minist�re de la Sant�m�decins r�sidents. Une des d�marches qui a des chances d�aboutir serait que les parties au sens large proc�dent en deux temps : d�abord s�entendre sur un cadre g�n�ral qui donnerait les principes de ce nouveau mode de r�gulation, et les r�gles du jeu � respecter, ainsi que les cahiers des charges en termes de plateau technique (� la charge du minist�re de la Sant�) et de conditions d�h�bergement (� la charge des collectivit�s locales). A partir de ce r�f�rentiel pourraient �tre d�clin�s ensuite des approches contractuelles et m�thodes sp�cifiques, modul�es selon les zones, les variantes et cas de figure possibles. L�objectif est que tout le monde trouve son compte dans la transparence la plus totale.
Quelles sont les conditions pour que la reprise des n�gociations entre le minist�re de la Sant� et les m�decins r�sidents puisse aboutir ?
J�en vois deux. Un, les deux parties en pr�sence doivent rompre avec les postures et les perceptions qu�elles ont �t� amen�es � adopter et � nourrir lors du round pr�c�dent. Elles doivent enterrer la question st�rile du maintien ou de la suppression du service civil, qui d�ailleurs ne rel�vent pas des comp�tences des m�decins r�sidents ! Chacune des parties doit revenir � ce qui est incompressible pour elle, les concessions qu�elle peut faire, les contreparties qu�elle attend, et se pr�parer � la reprise du dialogue sur cette base. La seconde condition est de dissoudre la �commission des sages� et de se doter d�un cadre plus s�rieux. Les �chos rapport�s par la presse laissent entendre que les �changes � l�int�rieur de cette commission n�ont pas beaucoup progress�, et que ce cadre s�est r�v�l� pour le moins inefficace. Un conflit comme celui-l� n�a pas besoin de �sages�, il a besoin de n�gociateurs munis de mandats, d�une vision argument�e et d�une bonne dose de bonne foi.
Que proposez-vous � la place de cette commission des sages ?
Au stade actuel, le dialogue est rompu et il est urgent de faire intervenir des m�diateurs neutres et cr�dibles qui puissent r�tablir le contact, les �changes � distance s�il le faut, et de travailler patiemment sur le rapprochement des deux parties sur la base de leurs int�r�ts r�ciproques. Si des m�diateurs entrent en sc�ne, ils peuvent �tre d�p�ch�s au moins par le Premier minist�re, ou au mieux par la pr�sidence de la R�publique. Le minist�re de la Sant� ne repr�senterait plus le gouvernement, mais seulement les int�r�ts de son propre secteur. La t�che de ses propres n�gociateurs n�en sera d�ailleurs que facilit�e.
Quelle seraient exactement la mission et le r�le de ces m�diateurs gouvernementaux ?
D�une mani�re g�n�rale, la mission des m�diateurs en pareil cas est de faire en sorte que les parties convergent vers un accord, ou encore vers un protocole d�accord. J�entends par l� des engagements r�ciproques, accompagn�s de dispositions pratiques et modalit�s d�application pr�d�finies, pour les mettre en �uvre, les assumer, les contr�ler et les suivre sur le terrain, dans une transparence totale. Les m�diateurs doivent faire preuve bien s�r d�ind�pendance et d�impartialit�. Leur r�le n�est pas de venir en renfort au minist�re de la Sant� pour exercer des pressions venant de �plus haut� sur les m�decins r�sidents. Il est d�apporter une assistance ajust�e et �volutive � la n�gociation en commen�ant par r�tablir et d�passionner la communication : �couter les uns et les autres sans parti pris, faire la navette, sugg�rer des solutions cr�atives, tester des pistes de solutions possibles.
Pensez-vous que les chances d�aboutissement sont importantes si les n�gociations reprennent ?
Tout � fait, sous r�serve de ce que j�ai dit pr�c�demment. Notez bien que dans ce conflit, en cas d��chec des n�gociations, les solutions de rechange dont disposent les uns et les autres sont maigres et r�pulsives. Elles conduisent � du perdant- perdant et � perdre la face soi-m�me ou la faire perdre � l�autre. Et les deux parties le savent. C�est pourquoi il y a beaucoup de chances pour que la mise sur les rails d�une v�ritable n�gociation aboutisse � une issue gagnant-gagnant � la satisfaction de tout le monde. Le bon accord c�est celui qui fera en sorte que le m�decin r�sident opte par lui-m�me et sans contrainte pour une affectation dans une des zones propos�es par la minist�re de la Sant� et refusera de la quitter apr�s la fin de son contrat d�affectation.
Avez-vous un dernier mot � ajouter ?
J�ajouterais une derni�re observation : l�int�rieur du pays ne manque pas seulement de m�decins sp�cialistes. Il manque de toutes sortes de ressources humaines qualifi�es. La r�ussite de cette n�gociation, l�engineering institutionnel et l�innovation de bonnes formules op�rationnelles pour les m�decins r�sidents peuvent constituer une success story. Cela peut ouvrir la voie � des initiatives de marketing territorial et � la g�n�ralisation de l�exp�rience en vue d�une ru�e des jeunes dipl�m�s de haut niveau vers les Hauts-Plateaux et le sud du pays.


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