Par Arezki Metref [email protected] Dimanche 3 juillet : D�lit de presse� Faut croire que notre houkouma cultive la singularit� de fa�on forcen�e, m�me si ce que font les autres n'est pas totalement mauvais, c�est plus fort que nous, on ne peut pas s�en emp�cher. J�exag�re ? Si peu� Tiens ! Cet amendement au code de l'information, par exemple, celui qui exon�re les �diteurs de journaux de toute responsabilit� la laissant peser sur les �paules des seuls journalistes. T�en penses quoi ? Qu'il s'agit l� d'une fa�on de s'amender des exc�s que l'on a jadis fait subir aux �diteurs ? Ah bon ? Mais c�est tout simplement aberrant ! Bouge pas, je t�explique ! L'article d'un journaliste ne peut poser probl�me que s'il est publi�, et pour qu'il le soit, d'autres responsabilit�s que la sienne sont engag�es. �l�mentaire, mon cher Watson ! J�en d�duis que la d�solidarisation de l'�diteur et du journaliste entra�nera la docilit� de ce dernier qui aura, et on le comprend, l�gitimement peur de faire face � lui tout seul � la machine judiciaire. Si c'est �a la d�p�nalisation du d�lit de presse, le rem�de risque d'�tre pire que le mal. Et l�info dans tout �a ? Douce am�re, propre sur elle, gomin�e� Lundi 4 : Cirque sympathique ! Je lis partout que le fameux cirque Amar est revenu au pays. Bravo ! Bravissimo ! Mais� quand j�ai vu comment les trap�zistes se jetaient dans les airs, comment la m�nagerie - de verre � �tait de plus en plus cassable et qu�il fallait r�conforter les clowns plus tristes que jamais, j�ai pens� que le cirque Amar n��tait jamais parti. Il s'�tait fondu dans le pays qui l�avait enfant�. Applaudissements� et avanti la fanfare ! Mardi 5 : Comment aimer son pays ? On devrait, � chaque f�te de l'Ind�pendance, d�cider d'un th�me de d�bat. Vu la fa�on dont se pr�sentent les choses, ne demande pas pourquoi, il me semble que j'aurais propos� le patriotisme. Tu sais ce que c'est, toi, le patriotisme d�aujourd'hui ? C'est aimer le pays � travers le pouvoir qui le dirige ? Et tant qu�on y est, en liant une nation et un za�m, comme c�est le cas � forc� - dans un certain nombre de pays arabes ? Si c�est, entre autres, contre cette confusion des genres que s��l�vent les peuples pour s�r qu�aux oreilles des partisans des za�ms, cette formulation a tout d�un roucoulement qui rend b�at de satisfaction. Et les autres�Quels autres ? Les autres je te dis ! Ah !... Ils sont bouch�s ! Circulez ! Variation : le patriotisme se r�sumerait � des d�clarations d'amour, � une notion parfaite et monolithique si possible th�orique, un tantinet platonique, qui ne souffrirait aucune contradiction tant il serait malvenu de ternir la puret� de ce sentiment par des r�serves de frileux. Et il y a ceux qui pensent qu�on l�aime comme il est, divers, chatoyant, convulsif et chacun � sa fa�on� Et puis voil� ! C�est dit, ya sidi ! C�est l�amour peut-�tre le plus � d�mocratique ! Curieusement, celui qui a le mieux d�fini cette chose bizarre qu�on appelle le patriotisme, c�est J. F. Kennedy en exhortant : �Ne demande pas ce que ton pays peut te donner, mais demande-toi ce que, toi, tu dois lui donner...� Du plus humble au plus influent ! Of course ! Mercredi 6 : Printemps arabe au f�minin De la Tunisie � l�Egypte, du Y�men � la Syrie, de Bahre�n � la Libye, toutes, elles �taient l�. Partout ! Pr�sentes ! Que ce soit dans les rangs des manifestants ou dans ceux des b�n�voles en charge de l'organisation des tribunes, des soins aux bless�s, en passant par la distribution des aliments. Elles �taient l� en Tunisie, docteures, avocates, professeures d'universit�, dipl�m�es ou non, avec ou sans emploi. Elles �taient l� � Bahre�n sur la place de la Perle, m�res de famille parfois accompagn�es de leurs enfants, ou en Libye, m�res, s�urs ou veuves des victimes du r�gime de Kadhafi et encore en Syrie dans les rues de Baniyas pour d�noncer les d�tentions arbitraires. Certaines, comme la Y�m�nite Tawakul Karman, se sont affirm�es comme leaders de la r�volution, ou ont entam� une gr�ve de la faim en guise de protestation telle Zainab Al- Khawaja, meneuse du mouvement bahre�ni. D'autres ont pay� cher leur aspiration � la libert�, victimes de la r�pression polici�re, arrestations, maltraitances. Certaines ont m�me �t� viol�es par des �repr�sentants de l'ordre� apr�s les manifestations. Des viols, encore, ont �t� attest�s en Tunisie dans les zones rurales de Kasserine, de m�me qu'en Egypte ou � Tripoli o� l'agression d'Iman Al-Obeidi par une quinzaine de militants pro-Kadhafi a �t� largement m�diatis�e. Donc qu'elles aient �t� du c�t� des r�volutions ou oppos�es au changement de r�gime � manifestations de femmes y�m�nites en faveur du maintien du pr�sident Saleh ou sympathisantes s'offrant en bouclier humain au colonel Kadhafi -, les femmes entendent jouer un r�le d�cisif dans le destin de leur pays. Si les femmes ont largement apport� leur soutien au Printemps arabe, reste � savoir, comme le souligne The Guardian de Londres, si le Printemps arabe soutiendra les femmes. Jeudi 7 : Rhapsodie hongroise A en croire - et aucune raison ne justifie de s�en priver - l'hebdomadaire hongrois, Heti Valasz, Safiya Kadhafi, premi�re dame de Libye et �pouse du colonel du m�me nom, se d�nommerait en r�alit� Zsofia, n�e Farkas � Mostar en Bosnie, et serait d'origine hongroise. Eh oui, on apprend � tout �ge. C'est dans l�ex-Yougoslavie que Muammar Kadhafi, alors jeune officier en formation militaire, l'aurait rencontr�e dans les ann�es 60. Une �love story� qui se serait conclue par un mariage avant le coup d'Etat de 1969. Safiya Kadhafi, hongroise, est donc l�, cach�e dans l�ombre, depuis le tout d�but. �a diff�re quelque peu de la version �officielle�, libyenne, qui soutient que la rencontre avec la future Madame Kadhafi aurait eu lieu � l'h�pital militaire de Benghazi o� Zsofia arabis�e Safiya aurait travaill� comme infirmi�re. Toujours selon la version officielle, elle appartiendrait � la tribu d'Al- Barassi, l'une des plus prestigieuses de Libye et serait originaire de la ville d'Ajdabiya. A la lumi�re de cette r�v�lation, on comprend mieux pourquoi personne n'aurait entendu parler d'elle dans sa pseudo ville natale, et surtout pourquoi elle n'est jamais apparue en public, �vitant ainsi de courir le risque de d�voiler sa mauvaise connaissance de l'arabe. Le c�ur a ses raisons que la raison ignore, dit le proverbe ! Vendredi 8 : Gharbi ! Voil� un vrai patriote, Mohamed Gharbi ! Vrai patriote dans le sens o� ce sont les valeurs r�put�es �tre celles des r�sistants de notre pays depuis toujours qui l�ont pouss� � le d�fendre. Dans cette formidable interview de lui publi�e dans ce journal ( Le Soir d'Alg�rie, samedi 9 juillet), il raconte avec les mots des patriotes simples, comment l�honneur des combattants anticolonialistes, ceux dont le combat a accouch� de l�ind�pendance, doit �tre d�fendu contre les terros, repentis ou pas� Il a quelque chose du trag�dien grec, Mohamed Gharbi ! Son r�cit des faits - et les pens�es qui l�ont accompagn� � � ce moment crucial o� les 26 balles tir�es sur Ali Merad allaient retentir comme autant de lettres d�un alphabet fatal, montre une grandeur d��me. Le reste est lecture. Lecture du droit. Lecture de la notion de patriotisme. Lectures, lectures. On comprend quand il dit que pour lui, sortir de prison alors qu�il pensait y finir ses jours, est une sorte de nouvelle ind�pendance. Moment qui a d� �tre �galement le plus grand des bonheurs pour bon nombre de jeunes gens qui, comme lui, ont us� leur jeunesse dans les maquis d�o� ils ne pensaient jamais revenir. Il redonne du sens � des mots que l�on croyait vid�s !