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EL HADI KHEDIRI
Un homme de c�ur tire sa r�v�rence
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 12 - 2011


Par Mohamed Maarfia
Les �v�nements deviennent des destins quand ils provoquent des changements majeurs dans la vie des hommes. El-Hadi Khediri a eu la chance d��tre pr�sent aux grands carrefours qui virent les heurts de passions ravageuses et d�esp�rances euphorisantes. Comme beaucoup d�hommes de sa g�n�ration. Sans plus de m�rites, sans vanit�s outrecuidantes, il aimait �voquer les �tres et les lieux de la proximit� qui fut la sienne. Lorsqu�il en parlait, on avait l�impression qu�ils revivaient tant il leur insufflait de son �me.
El-Hadi Khediri a aim� passionn�ment son pays, ses amis, sa ville natale, T�bessa� non pas que cette ville o� il est n� et o� il a grandi m�ritait une gratitude particuli�re pour avoir �t� un quelconque pi�destal pour une carri�re politique ou pour avoir �t� la r�f�rence arrogante � une improbable pr��minence g�ographique, mais parce que � travers cette fen�tre, il a d�couvert les douleurs, les affres et les profondeurs de son pays. Il est toute sa vie, lui qui a tant voyag� et tant connu, rest� proche de son terroir premier. Il parlait avec respect des Grands Hommes qui en sont issus. Grands par le savoir, immenses par leur courage, immortels par la voie qu�ils ont choisie � l�heure des grandes �preuves. Un homme, sa vie accomplie, ne garde de la n�buleuse des jours que les images, les sons et les couleurs qui ont profond�ment marqu� sa m�moire. Les arr�ts sur image de si El-Hadi sont des eaux fortes : Zaou�a, ce quartier fait de pierres cyclop�ennes o� il a jou� enfant, la maison natale et sa vigne g�n�reuse et ombreuse, Oued-Za�rour, la rivi�re effac�e � pr�sent mais, qui, jadis, charriait des crues d�vastatrices et la vieille �singer� de son grand-p�re paternel dont le bruit feutr� revenait soudain, tr�s fort, des d�cennies plus tard, au d�tour d�un autre bruit. Le matheux, si El- Hadi, usait du langage math�matique pour d�crire sobrement ses immenses nostalgies. Oued Rahmoun �tait le �lieu g�om�trique � des longues �clipses de son p�re, le cheminot. Les chemins du p�re et de l�enfant ne se crois�rent pas souvent, parall�les presque, comme les rails de la gare de triage qui retenait son p�re loin des siens� �parall�les � l�infini�. Orphelin deux fois, une fois par l�absence et une fois par la mort � il avait perdu sa m�re � trois ans et demi � il fut �lev� par son grand-p�re et par une m�re adoptive qui gagna, par l�amour qu�elle porta au fils de l�autre, sa place au paradis Il fr�quenta l��cole indig�ne. Une �cole indigente. Il la d�crivait ainsi : �Puissante, trapue sur ses all�ges carr�s, elle �tait cousine par l�allure et la pierre avec les murailles romaines qui entouraient la ville.� C�est � l��cole primaire qu�on fait les premi�res rencontres et c�est l� o� �closent les �motions, d�j�, diff�rentes des tout premiers �lans de l��me. Il veilla toute sa vie sur ces amiti�s fondatrices des grandes et belles vocations. Il fut pr�sent, solidaire, g�n�reux avec chacun. Cheikh Larbi Tebessi, Brahim Mezhoudi, Mahmoud Guennez, Amor Bouguessa, Mustepha Titi, le �chef� Messaoud, Abdellatif Bahloul, Ali Soua�, Hamid Mokdad. Chacun de ces hommes, � un moment ou � un autre de sa vie, l�avait enrichi d�une part d�intensit�. �Aghssel guelbek� (reste fid�le � tes p�res, soit � la hauteur de tes racines, reste indemne de toutes les contagions) �tait un mot dont il a fait un principe de comportement. Il l�enseigna � ses deux fils. Dans la douleur, dans l��preuve chacun de nous les, a vus, debout, grands et dignes. Enfant, Il �tait souvent avec son grand-p�re si Salem chez ses cousins qui habitaient �Bhiret-Lerneb�, pays �tal domin� par Chr�a, le terroir des Nememcha, pour les barouds, les chevauch�es et les agapes qui accompagnent les noces campagnardes. Le soir, autour des braseros, il pr�tait l�oreille aux conteurs in�puisables qui �voquaient l�odyss�e du bey Ahmed ou le sort tragique de Keblout ou d� El Mokrani. C�est aupr�s de ces hommes rudes qui n�ont, � leur naissance, que l�honneur de la tribu et leur fusil � veiller, qu�il comprit que son pays avait de grands hommes et de grandes vertus et qu�un jour viendrait o� les chevauch�es auront un autre but et les coups de feu une toute autre intensit�. 1952, Khediri, �l�ve mod�le, acc�da au Coll�ge moderne de Constantine, sans aucun passe-droit, ni pr�jug� favorable. Il avait �gagn� le coll�ge � la force de ses poignets. Le pied dans l��trier, il montra ce qu�un adolescent s�rieux et conscient des sacrifices qu�ont consentis les siens peut accomplir. La marche du coll�ge le fit acc�der au palier du baccalaur�at et de l� sur le podium de l�universit�. Ces ann�es studieuses n�ont pas �t� simplement celles de la cons�cration par les �tudes r�ussies, mais �galement celles de l�apprentissage des autres, celles des impressions et des sentiments qui conf�rent aux vocables des sens nouveaux et qui permettent de mieux ma�triser sa relation avec le monde. Il retira des ann�es de coll�ge la ma�trise de la nuance. Ses professeurs Poggi, Renard, Aboulker, Severin de R�gnier, Harnist ou Gavenda le r�concilieront pour toujours avec le grand peuple de France. Au moment o� sa ville natale deviendra une immense caserne o� s�vira la soldatesque, et m�me quand son pays tout entier g�mira, broy� par la machine de guerre fran�aise, il saura toujours faire la part des choses. Lorsque l�Aur�s perdit sa coh�sion par les sept plaies de la zizanie et parce qu�il avait trop donn� et que la vie � T�bessa devint d�l�t�re, refusant par haut principe l�examen de passage au maquis par l��preuve de l�attentat, il prit le bateau pour Marseille. Il se mit au service de son pays dans les structures clandestines de �l�Organisation�, comme on disait alors. Il noua de nouvelles amiti�s avec, entre autres, Hadj Chaoui de Biskra, Mohamed Lamouchi et surtout avec Miloud Brahimi, infatigable et courageux animateur de �la zone Sud� de la F�d�ration de France. El-Hadi voulait plus. Il voulait rejoindre les combattants. Il passa en Tunisie gr�ce � Hafid Keramane. Il est � � Mell�gue� chez le bourru, bougon, le brave Moussa Houasnia. A �Firmette-Moussa�, il rencontra d�autres �tudiants, candidats enthousiastes pour la �ligne-morice �. Selim Benkhlil, Mostefa Harathi, Abdelkader Bensid et surtout Mohamed Kouidri. Mohamed Kouidri, sp�cialiste �m�rite, qui, des d�cennies plus tard, le soignera d�une grave insuffisance respiratoire et qui l�assistera jusqu�au dernier souffle de sa vie. Matheux et fier de le montrer derri�re la culasse d�un �88�, int�gr� dans la 7e CLZ qui appuyait les 24e et 29e bataillons d�Amar Zoughlami et Mohamed Ben Mohamed, il fut l�un de ceux qui cr�eront la surprise dans les camps fran�ais, lorsqu�ils recevront de plein fouet, calcul� par lui, une vol�e d�obus. Quatorze kilom�tres de port�e et dans le mille. Khaled Nezzar, qui a visit�, juste apr�s le cessez-le-feu, les objectifs pris � partie, a pu v�rifier la pr�cision des calculs de l�artilleur El-Hadi Khediri. Il me l�affirmait encore l�autre jour. Les historiens de la r�volution datent le d�but de la discorde entre l�EMG et le GPRA par la fameuse affaire du pilote abattu au-dessus du camp de M�ll�gue par nos �douchka� mont�es sur aff�ts mobiles. Il fut au c�ur de l��v�nement puisqu�il eut pour mission de veiller sur la s�curit� de l�espion venu du ciel. C�est pendant ces semaines de grandes man�uvres et de grandes tractations, pleines de passion et d�ent�tement, qu�il comprit quels �taient les enjeux de l�heure et de quelle nature �taient les rapports des forces. 1962, 1963, les ann�es Hamad�che inaugur�rent l��re de la lettre de cachet. Khediri, arr�t� sur de simples pr�somptions dues � une malencontreuse homonymie, est incarc�r� � Lamb�ze sans jugement. Lamb�ze, forteresse �rig�e � flanc de colline, dans un paysage de rocaille, domine de son enceinte massive et de ses tours d�angle l�arc de Caracalla et les murets de pierres cubiques qui t�moignent d�une splendeur pass�e. El-Hadi y s�journera de longs mois. Il quittera la prison f�ch� pour la vie avec l�arbitraire. Mais ce hors du temps ne fut pas tout � fait st�rile. Adjoul �tait incarc�r� � Lamb�ze. Ils furent mis dans la m�me cellule. Le ma�tre d�chu de la grande Idara, dans de fascinants retours vers le pass�, lui racontait pendant des heures, l�Aur�s. Il ne lui livra aucun des terribles secrets qu�il d�tenait, ou bien s�il le fit, El- Hadi n�en parla jamais. Peut-�tre a-t-il fini par �tre convaincu, en �coutant son compagnon d�infortune, de la complexit� des choses de la r�volution et qu�il a pr�f�r� aux dogmes r�v�l�s, aux certitudes, l�humilit� du doute et la grandeur du silence. Dra�a le chargea de veiller � la r�habilitation de la caserne �P�lissier� pour en faire le si�ge de la direction g�n�rale de la S�ret� nationale. Il mena deux chantiers de front. Il fut ma�tre de l�ouvrage pour les murs et ma�tre d��uvre pour les structures administratives de la police alg�rienne. Khediri commen�a tout en m�me temps : le recrutement des hommes et la mise en place des moyens. L��cole de police de Souma� (100 hectares et des locaux pour accueillir 1 000 jeunes gens), l��cole de Ch�teauneuf pour la formation des administrateurs, etc. Il veilla personnellement sur les programmes afin que l�instruction et la formation inculquent, en premier, aux futurs policiers des principes d��quit� et de justice. L�amour de l�Alg�rie, ces jeunes �tudiants l�avaient d�j�. Il �crivit : �Nos �coles ne seront jamais des �tablissements pour fils de notables, destin�s � prot�ger le pouvoir des notables. Ils seront ouverts � toutes les cat�gories sociales. Le s�rieux et le m�rite y seront les seuls facteurs de promotion. � Dans un pays o� la femme �tait confin�e dans les t�ches traditionnelles du foyer, il s�attaqua � un tabou en lui faisant v�tir l�uniforme. Cette intrusion de nos filles sur le macadam provoquera un d�bordement d�opinions extravagantes. Il n�en tint aucun compte. L�insertion des Alg�riennes � tous les �tages de la DGSN est aujourd�hui une r�ussite pour le plus grand b�n�fice de l�Alg�rie. La police alg�rienne montra sa coh�rence, son courage et son patriotisme quand la grande Faucheuse commen�a � d�cimer ses rangs. Elle a pu survivre et se renforcer gr�ce au socle premier qui a �t� le sien : �L�Alg�rie m�rite tous les sacrifices. � Khediri a �t� de ceux qui ont montr� la voie. Il respectait ses policiers. Il leur savait gr� de leur abn�gation. Je l�ai vu juste apr�s l�attentat de la rue Bouzrina, pein�, en larmes, comme s�il avait perdu des membres de sa famille. Les hauts dignitaires de la DGSN
lui voueront toujours un grand respect. Il �tait de toutes leurs comm�morations, affable, disert, fraternel. Ses anciens compagnons le respectaient. Ils �taient les premiers � savoir que si El-Hadi, tout au long de son parcours � la t�te de la DGSN, leur avait enseign� � toujours demeurer en dehors des arri�re-cours ou prolif�rent les arbitraires et � exhiber, en toutes circonstances, dans leur aire d�influence, seulement l�article de la loi. Ils sont venus � son enterrement, nombreux et le visage grave, conscients qu�ils venaient de perdre un des leurs, peut-�tre le meilleur t�moin de leur r�cente et tragique �pop�e. Cet homme civilis�, au sens des lumi�res du terme, osa, ils ne furent pas nombreux � l�oser, d�fendre son droit � rester lui-m�me, lorsque, sur le plateau du choix, fut mise en enjeu sa carri�re. Il obtint gain de cause. De l��preuve, il sortira grandi aux yeux de celui qui pr�tendait le contraindre. �Je n�accepterai de succ�der � Dra�a qu�� la condition de faire de la DGSN une institution au service de la r�publique, monsieur le Pr�sident.� Quelques ann�es plus tard, lorsqu� il ne se trouva personne pour pr�senter � Houari Boumedi�ne les dossiers des recours en gr�ce des condamn�s � mort, dans l�affaire du 14 d�cembre 1967, il a eu le courage d�affronter l�ire de ce dernier et il plaida pour ses fr�res moudjahidine avec toute son �me. �Vous gagnerez le c�ur des cadres, monsieur le Pr�sident.� Il avait eu le g�nie d�avancer le seul argument capable de faire fl�chir l�homme qui pr�tendait asseoir son pouvoir sur l�adh�sion et la fid�lit� des cadres, mais sans jamais les �couter. Khediri le convainquit qu�il fallait, pour une fois, laisser parler � c�ur ouvert l�un d�entre eux. El-Hadi a travaill� avec Houari Boumedi�ne. Il consid�rait que le cumul des pouvoirs entre les mains d�un seul homme pouvait �tre une chance pour l�Alg�rie pour aller � l�essentiel dans tous les domaines, en ne livrant que les seules batailles qui vaillent. Il savait, avec conviction, mettre un titre pr�cis sur les chantiers ouverts par l�homme du 19 Juin. �Il a introduit les exclus dans sa repr�sentation du monde�, disait-il de lui. �Il y a des symboliques qui r�parent les injustices de l�histoire. J�ai vu aujourd�hui les anciens khemas, les exclus, les sans-terre dire leur esp�rance sur les gradins de l�amphith��tre du palais des Nations.� El-Hadi en �tait �mu. Jamais il n�essaya de circonvenir ceux qui n��taient pas d�accord avec sa vision des choses. Des d�cennies plus tard, tout en conservant la m�me consid�ration pour Boumedi�ne, il reconna�tra que l�obstination sourde aux r�alit�s et aux voix discordantes avait produit autre chose que ce qu�il avait esp�r�. Respect� et �cout� par le pr�sident Bendjedid, il sut agir avec diplomatie pour amener ce dernier � prendre ses distances avec toutes les inimiti�s personnelles de celui auquel il venait de succ�der. Pr�sent et respectueux avec les personnalit�s rentr�es d�exil, solidaire efficacement avec les prisonniers �largis, il contribua par son action g�n�reuse, patiente et fraternelle � faire oublier le souvenir des mauvais jours. Il a pris tous les risques, tout tent�, pour tenir son pays hors du malheur des terrorismes quelles que soient les banderoles sous lesquelles ils se pla�aient. Lorsque l�Alg�rie, � son corps d�fendant, a d� recevoir l�avion d�El Al d�tourn� par Abou Nidal, il veilla avec pr�venance et d�licatesse au confort, � la s�curit� et au bien-�tre de nos �invit�s� inattendus. La d�licatesse de si El- Hadi� � Monsieur le chef, l�interpella une des �otages�, savez-vous que vous me torturez abominablement ! � Mais qui donc oserait vous torturer, madame ? � J�exige un coiffeur, vous entendez, monsieur �l�Alg�rien en chef !� (Elle avait prononc� �Alg�rie� sur un ton qui en disait long sur son opinion quant � l�esp�ce humaine qu�elle avait sous les yeux). L�irascible vieille dame a re�u, dans l�heure, la visite d�un grand coiffeur alg�rois, les bras charg�s de fleurs. La g�n�rosit� des Alg�riens et leur sens de l�hospitalit� feront dire � la dame au moment o� elle repartait : �J��tais dans l�erreur, messieurs les Alg�riens.� Elle se haussa sur ses talons pour d�dier, de tout son bras, un salut � ceux qui avaient fait de leur mieux pour rendre son s�jour, et celui de ses compagnons d�infortune, supportable. Lorsque Chadli Bendjedid devint pr�sident de la R�publique, il mit � sa disposition une �valuation circonstanci�e et chiffr�e de l��tat du lieu-Alg�rie. La conclusion r�sum�e par si El-Hadi �tait que la course effr�n�e en avant avait �puis� la soci�t�. Le maintien de l�ordre n��tait pas seulement un probl�me de moyens humains et mat�riels mais passait n�cessairement par la solution des probl�mes des Alg�riens. En �crivant cela, El-Hadi avait tout dit. Les ann�es 1980� l�Alg�rie �tait devenue le champ clos de l��meute �chel�e. Il veilla, parce qu�il n�oublia jamais qu�il �tait un fils du peuple, � ce que le policier, au lieu de faire usage de son arme, �coute le peuple et dialogue avec lui. Il fut de tous les grands combats de son pays. Il fut sur tous les fronts. Asa mani�re, discr�te et efficace. Nul, parmi ceux qui se sont pos�s en comp�titeurs des pouvoirs en place et qui ont p�ti des cons�quences de leur choix, n�a jamais tenu si El-Hadi comme responsable de ses malheurs, tant l�homme a su rester � l��cart du parti pris de la violence. Il a ainsi confirm� le principe qui a toujours �t� le sien : �Faire en sorte que chacun, alentour, ait une repr�sentation de la S�ret� distincte de celle qui, sous d�autres latitudes, con�oit la police nationale comme un corps suppl�tif des r�gimes en place. Il a tout fait pour qu�elle apparaisse, aux yeux des citoyens, comme un d�membrement impartial et p�renne de l�Etat, hors d�atteinte des factions politiques ou des concurrences des int�r�ts priv�s.� Il se retira de �la politique� indemne et pr�serv�. Il lisait beaucoup. Il recevait des amis, des compagnons, ensemble ils �grenaient des souvenirs, p�lem�le, tohu-bohu de visages et de mots, actes qui les ont concern�s d�une fa�on ou d�une autre. Seul le devenir de l�Alg�rie suscitait, parfois, de l�angoisse en lui. Il �tait, malgr� tout, optimiste. L�Alg�rie a perdu en si El-Hadi un grand patriote et une autorit� morale. Adieu Si El-Hadi. Paix � ton �me. Que le seigneur t�accueille en Son Vaste Paradis.


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