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Entretien
MOKHTAR BENABDELLAOUI, PROFESSEUR D�UNIVERSIT� MAROCAIN : �La monarchie sait que la stabilit� a besoin de nouveaux partenaires�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 12 - 2011


Entretien r�alis� par Mohamed Chafik Mesbah
Sp�cialiste des mouvements islamistes dans le monde arabe, le docteur Mokhtar Benabdallaoui est professeur d�histoire et de sociologie politique � l�Universit� Hassan II de Casablanca o� il dirige l�unit� d��tudes doctorale �politique et religion�. Il est, �galement, le directeur du centre MADA (Center for Humanities Studies and Research) implant� � Casablanca. Il est l�auteur de nombreuses publications, notamment le chapitre intitul� Le r�le des partis politiques dans l�instauration de la d�mocratie au Maroc (in. Political Parties and Democracy : volume 5 : The Arab World , 2010). Il est, enfin, directeur de la revue trimestrielle Rihanat.
Le Soir d�Alg�rie : Le peuple marocain vient d�approuver une nouvelle Constitution suppos�e devoir garantir un meilleur �quilibre entre les pouvoirs avec un renforcement des pr�rogatives du Parlement. Pensez-vous que cette nouvelle Constitution peut contribuer � consacrer le caract�re d�mocratique du syst�me politique marocain ?
Mokhtar Benabdellaoui : En principe, oui. La nouvelle Constitution a renforc� le pouvoir du Premier ministre �lu. Dor�navant, il ne d�pend plus, exclusivement, du roi. Il peut mener sa propre politique car il est habilit� � appliquer son propre programme. Il a, cependant, une double responsabilit�, � l��gard du roi, d�abord, et du Parlement, ensuite. Cela donne un sens � la vie politique et peut redonner aux gens le go�t de la participation � la vie publique. Le discours du roi, � l'ouverture de la session parlementaire, n'a plus son aspect directif et contraignant, comme dans l'ancienne Constitution. Le Premier ministre forme sa propre coalition, selon ses affinit�s politiques ou d'apr�s la conjoncture. Il propose, alors, au roi la composition du gouvernement et lui pr�sente les personnes destin�es � occuper les fonctions minist�rielles, notamment. Je pense qu'il s'agit l� d'une refonte du syst�me politique marocain o� les rapports entre les institutions et les acteurs politiques sont moins d�s�quilibr�s qu'auparavant. La consid�ration t�moign�e � la volont� populaire est plus concr�te. Cette Constitution nous place dans une zone m�diane entre un syst�me de monarchie ex�cutive et un syst�me de monarchie parlementaire. En g�n�ral, il appara�t qu�un grand pas a �t� franchi dans la bonne direction. Les �lections se sont d�roul�es dans des conditions encourageantes. La balkanisation politique est moins pressante que par le pass�. Reste � v�rifier l�application. Les questions essentielles qui appellent l�attention dans l�imm�diat sont les suivantes : est-ce que le Premier ministre aura, effectivement, les mains libres dans la proposition et la r�partition des postes minist�riels ainsi que les hautes fonctions publiques ? Est-ce qu'il pourra appliquer son propre programme, sans aucune ing�rence ext�rieure ? Est-ce que la d�marche qui a consist� � laisser les �lecteurs s�exprimer librement visait � faire adh�rer les islamistes au syst�me d�mocratique ou � les pi�ger pour s'en d�barrasser une fois pour toutes ?
A la suite de l�adoption de la nouvelle Constitution, des �lections l�gislatives anticip�es ont �t� organis�es et ont vu le Parti de la justice et du d�veloppement triompher en se positionnant � la premi�re place sur la sc�ne politique marocaine. Jusqu�� quel point ce r�sultat �tait pr�visible ?
Ma r�ponse ne peut �tre que mitig�e. D�s le d�part, le PJD paraissait bien comme �tant le parti politique qui avait le plus de chances de remporter l��lection. Il est le principal b�n�ficiaire de la vague de sympathie avec l'islamisme qui est apparu dans le monde arabe. Il �tait le mieux organis� sur le terrain. Il n'a jamais �t� compromis dans l�exercice de responsabilit�s gouvernementales. Par opposition, les autres partis politiques qui souffraient de dysfonctionnements chroniques manquaient de cr�dibilit� aux yeux de la population. Notons, �galement, que l'Etat qui affichait jusque-l� une grande r�serve � l'�gard des islamistes n�a pas contrari� le scrutin, de m�me les d�cideurs et �lites occidentalis�es qui nourrissaient de l�animosit� pour ce courant. Il n'�tait pas �vident que l�Etat et ces microcosmes allaient se contenter d'observer en laissant le hasard d�cider. Je suis, personnellement, assez surpris.
Le mouvement du 20 F�vrier ainsi que celui d�nomm� El Adl oua el Ihssan qui ont contest� les r�formes politiques entreprises ne vont pas tenter d�agir sur la sc�ne politique ?
Le mouvement du 20 F�vrier ne s��tait pas oppos� aux r�formes. Il les avait, simplement, consid�r�es insuffisantes. Il en a tir� la conclusion que la lutte �tait payante et qu'il fallait maintenir la pression sociale. Ce mouvement plaide pour une monarchie parlementaire o� le roi est souverain mais ne gouverne pas. Pour ce mouvement qui est f�d�rateur de plusieurs tendances civiques et politiques, les amendements constitutionnels introduits n'ont pas �t� � la hauteur de ses attentes. Peut-�tre, faut-il le relever, �galement, que la lutte contre la corruption �tait aussi une priorit� nationale pour lui. Dans le cas d�Al Adl ou Al Ihssan, le v�u supr�me consiste � voir le califat instaur� au Maroc. Ce mouvement s�est retir� de celui du 20 F�vrier parce que les divergences prenaient un tour antagonique. N'oublions pas qu'Al Adl ou Al Ihssan est face � un grave dilemme. Il s�agit de ne pas �tre responsable devant l'opinion publique nationale et internationale de l��chec de la premi�re exp�rience islamiste au Maroc. Il s�agit, aussi, d��viter qu�une r�ussite trop marqu�e du PJD ne marginalise Al Adl ou Al Ihssan.
Les r�formes entreprises au Maroc sont-elles suffisantes pour pr�venir un �ventuel soul�vement populaire ?
Cela d�pend de plusieurs variantes, il s'agit d'abord de la capacit� du nouveau gouvernement, et surtout son noyau dur islamiste � transformer son capital populaire � un projet capable d'int�grer de larges couches de la soci�t�. Je ne pense pas que la population s�attende � un miracle, mais il n�y a pas de doute qu�elle s�attend � un r�sultat significatif. Les classes moyennes et surtout les classes moyennes inf�rieures n�accepteront jamais �un march� de dupes�. Elles exigeront, en contrepartie de leur mod�ration, un gouvernement actif et responsable sans quoi les amendements constitutionnels vot�s seraient sans objet par rapport aux objectifs sociaux et politiques vis�s. Si l'Etat marocain n'avait d�autre souci, en proposant les r�formes, que de contenir les r�clamations sociales, je puis vous affirmer que la partie aurait �t� perdue d�avance. Il me semble que les r�formes ont �t� �labor�es et appliqu�es parce que le besoin en a �t� per�u chez le peuple marocain. La monarchie marocaine sait tr�s bien, d�sormais, que la stabilit� du pays a besoin de nouveaux partenaires et d'un nouvel �quilibre. Je pense que tous ceux qui suivent les d�veloppements politiques dans le monde arabe savent que la contestation n'est que l'expression d'un mal profond. Rien ne changera si le mal, enfoui au tr�fonds de la soci�t�, n'est pas extirp�.
Les �volutions en cours dans les pays maghr�bins � avec, en particulier, l��mergence du courant islamiste � sont-elles de nature � insuffler de nouveau le processus de l�unit� maghr�bine ?
Rien n'emp�che les r�gimes maghr�bins, actuellement en place, s'ils b�tissent leur politique �trang�re sur des normes d'objectivit� et de pragmatisme, d'aller tr�s loin dans l�int�gration �conomique du Maghreb. Aujourd'hui, il n'existe plus de blocage id�ologique. Appelons les choses par leurs noms. Les dissonances moroco-alg�riennes sont le r�sultat d'une m�moire alt�r�e, due, parfois, au caract�re des d�cideurs eux-m�mes. Avant de quitter les lieux, les Fran�ais ont jet� des �peaux de banane� et � non sans obstination � beaucoup de nos dirigeants ont gliss� dessus. Ceux qui ont �crit notre histoire r�cente l'ont tr�s mal �crite. Ils ont voulu peut-�tre satisfaire leurs ma�tres du moment en rajoutant sur la dose, des ingr�dients n�cessaires pour l�gitimer les Etats-nations d'apr�s l'ind�pendance. Ils ont accompli leur t�che avec beaucoup de z�le. C'est pourquoi nous sommes en train de payer un prix social, �conomique et politique exorbitant. Je suis, fondamentalement, s�culaire. J'aimerais bien que l�int�gration maghr�bine se fasse sur des bases modernes. N�anmoins, si les islamistes sont la seule force politique capable de faire progresser cette int�gration maghr�bine, alors que vive les islamistes !


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