Par Abdelmadjid Bouzidi [email protected] Lorsqu�on observe l��conomie marocaine et qu�on analyse ses �l�ments structurants et ses secteurs d�activit� �conomique, on est amen� � imaginer l��conomie alg�rienne sans hydrocarbures et on peut donc avoir une id�e de ce que sera notre �conomie une fois d�pourvue de p�trole et de gaz � exporter. Comment les Marocains g�rent-ils leurs �conomies, comment fabriquent-ils leur croissance, comment satisfont-ils les besoins de leur population sans avoir les ressources hydrocarbures de l�Alg�rie ? Sans aller jusqu�� croire qu�il y aurait un �mod�le marocain� de croissance �conomique sans hydrocarbures � exporter et qu�il n�y a qu�� l�appliquer � l�Alg�rie pour la sortir de l�addiction au p�trole, on peut tout de m�me examiner la d�marche de ce pays dans le domaine �conomique et �valuer les �ventuels choix qui pourraient int�resser nos futures politiques �conomiques. Les secteurs-cl�s de l��conomie marocaine Jusqu�� ce jour, l��conomie marocaine a repos� sur trois secteurs-cl�s pour produire sa croissance : le tourisme, l�agriculture et l�industrie de transformation, notamment les textiles et l�habillement. Les phosphates qui procurent d�importantes ressources financi�res � l�exportation sont vendus � l��tat de mati�re premi�re. Le �mod�le� en �uvre est exportateur et reste tr�s attentif (car tr�s sensible) aux crises �conomiques internationales et notamment celles qui frappent l�Europe, principal et d�cisif partenaire du Maroc. L�agriculture �tant lourdement handicap�e par l�al�a climatique, rappelons- nous cette boutade du mar�chal Lyantery : �Au Maroc, gouverner, c�est pleuvoir !�. Le tourisme d�pendant de la prosp�rit� des �conomies �mettrices de touristes, c�est sur l�industrie que le Maroc fait reposer, en premier lieu, sa strat�gie de diversification et de r�duction de sa d�pendance � d�velopper son agro-industrie et ses activit�s d�industrie des textiles et cuirs. La strat�gie IDE du Maroc Le Maroc est depuis assez longtemps un pays ouvert aux IDE. �Offrant une main-d��uvre qualifi�e � deux pas de l�Europe (14 km de l�Espagne), le Maroc entend se positionner en tant que plateforme de production et d�exportation du savoir-faire europ�en. Son statut avanc� avec l�Union europ�enne dans le cadre de la politique de voisinage, son accord de libre-�change avec les Etats-Unis et son adh�sion � la Zone arabe de libre-�change (Zale) lui ont d�j� valu de nombreuses implantations �trang�res� (cf. �La Charte des investissements en M�diterran�e�, Publication Anima - Janvier 2010). Le Maroc travaille de mani�re permanente � am�liorer le climat des investissements : all�gements fiscaux, disponibilit� du foncier industriel, cr�ation de zones franches, de plateformes industrielles int�gr�es. Et la nouvelle industrie marocaine repose sur l�investissement direct �tranger sollicit� par les Marocains pour mettre en �uvre leur strat�gie de diversification. La nouvelle strat�gie industrielle du Maroc Cette nouvelle strat�gie que les Marocains ont d�nomm�e �Emergence� se fixe quatre objectifs essentiels : 1- Identifier les secteurs-cl�s et les promouvoir. 2- Produire 8,2 milliards d�euros de PIB additionnel. 3- Cr�er 440 000 emplois nouveaux. 4- R�duire, � l�horizon 2013, le d�ficit de la balance commerciale de 50 %. Les Marocains ont invent� � cette occasion la formule de �M�tiers mondiaux du Maroc� c�est-�-dire une sp�cialisation sur des m�tiers demand�s par l��conomie mondiale : a�ronautique, automobile, �lectronique, accueil des d�localisations. Et le Maroc compte d�velopper ces m�tiers en s�adossant sur les investissements directs �trangers. Bien �videmment, les m�tiers traditionnels ne sont pas d�laiss�s. Dans le m�me souci d�am�lioration de l�attractivit�, l�Etat marocain accorde une importance particuli�re � l��ducation et la formation pour rendre disponible une main-d��uvre qualifi�e tr�s recherch�e par les entreprises �trang�res. Tous les secteurs sont libres et ouverts aux IDE Le gouvernement marocain adopte en 2005 une charte de l�investissement (l��quivalent de notre code d�investissement). Cette charte accorde des avantages fiscaux et des facilit�s d�installation aux investisseurs nationaux et �trangers. Ainsi, les op�rations d�acquisition de l�outil de production b�n�ficient d�une r�duction de la charge fiscale y aff�rente, les taux d�imposition sur les revenus et les b�n�fices sont r�duits, l�octroi d�un r�gime fiscal pr�f�rentiel est garanti pour les investissements qui favorisent le d�veloppement r�gional, les zones franches et les places financi�res �offshore� sont promues et encourag�es. A l�exception des phosphates, des d�chets nucl�aires, de la distribution en gros des fruits et l�gumes, de la production d�eau et d��lectricit� et des services postaux, tous les autres secteurs sont ouverts aux IDE. La charte de l�investissement accorde (comme le rappelle l��tude Anima cit�e) le transfert int�gral � l��tranger des b�n�fices et plus-values. De m�me et �pendant les cinq premi�res ann�es, les entreprises exportatrices b�n�ficient d�un exon�ration totale de l�imp�t sur les soci�t�s et passe ensuite � 17,5 % contre 30 % au taux normal�. Multiplication des sites d�accueil des IDE La cr�ation de sites d�implantation des investissements nationaux et �tranger s�est acc�l�r�e sur l�initiative des collectivit�s locales et d�op�rateurs priv�s. La strat�gie industrielle �Emergence� a pr�vu la r�alisation par l�Etat, de zones franches d�exportation (ZFE) qui sont r�serv�es aux activit�s industrielles destin�es � l�exportation. Tanger, Melloussa, Frideq, Nador, toute entreprise install�e sur ces ZFE b�n�ficient �d�une exon�ration des droits de douane, de TVA et de droits d�enregistrement sur les augmentations de capital, d�une exon�ration de l�imp�t sur les soci�t�s pendant cinq ans, de l�absence de pr�l�vements sur les dividendes et int�r�ts vers�s � l��tranger, de la r�alisation des op�rations en devises sans contr�le de l�office des changes (cf. tmsa-ma-cit� par Anima - op. cit.). Pour les entreprises de services, l�Etat cr�e des plateformes d�activit� �quip�es de bureaux et destin�es � l�externalisation de services administratifs, de services TIC. Enfin, la strat�gie �Emergence� pr�voit la r�alisation, d�ici 2015, de 22 plateformes int�gr�es : �Automative City � Tanger et Kenitra� ; �Nonaceur Aerospace City� : �Cluster Electronique� � Mohamedia ; six agrop�les. �Ces plateformes permettront aux op�rateurs d�acc�der au foncier � des prix tr�s comp�titifs, tout en b�n�ficiant de services de qualit� (t�l�com, logistique, logements, restauration...) Elles constituent une premi�re �tape vers la cr�ation de p�les de comp�titivit�.� (cf. �La charte des investissements en M�diterran�e� Anima - Janvier 2010). Une strat�gie d�attractivit� fond�e sur la formation et les TIC La formation b�n�ficie de 34 % du budget de la strat�gie emergence (1,1 milliard d�euros). La plus grande part des ressources va ainsi � la formation. L�automobile et l�a�ronautique auront des �instituts de m�tiers� qui leur seront d�di�s. La formation � l�embauche et en continu est pr�vue pour les secteurs de l�automobile, l�a�ronautique, l��lectronique et l�offshoring. L��tude Anima souligne que �d�ici � 2015, 220 000 personnes recevront une formation r�pondant aux besoins des entreprises actives dans les m�tiers mondiaux du Maroc�. Le Maroc a adopt� en 2005 une strat�gie e-Maroc qui vise le d�veloppement de l��conomie num�rique. D�s 2006, l�Etat et les op�rateurs du secteur ont conclu �le contrat progr�s 2006-2012�. Fin 2012, les TIC devront contribuer � hauteur de 10 % du PIB (contre 5 % en 2006). Le nombre d�abonn�s � internet sera de 1,8 million et le nombre d�entreprises �quip�es sera port� � 50 000 (tous ces chiffres sont cit�s par Anima).