[email protected] Les cheveux plaqu�s par du gel, un jean moulant qui d�voile une silhouette longiligne, notre jeune homme, la vingtaine, scrute d�un regard langoureux une jeune fille � peine moins �g�e que lui. Ils attendent tous les deux leur bus qui tarde � pointer du nez. Elle, est coll�e � son t�l�phone portable, lui, tire nerveusement sur sa cigarette, impatient que sa proie raccroche. - �Ouf ! ce n�est pas trop t�t, je vais enfin la coincer avant que le bus n�arrive�, se dit notre Don Juan. Aussit�t dit, aussit�t fait. Tr�s s�r de lui, il s�approche d�elle, et d�une nonchalance � couper le souffle, lui d�clare tout de go : �Tu me plais, j�ai envie de sortir avec toi. Tu sais, je n�ai aucune arri�re-pens�e, j�ai des intentions s�rieuses.� Un peu d�stabilis�e par son franc-parler et visiblement g�n�e par tout ce beau monde qui, sans aucune discr�tion, suivait la sc�ne, lui r�pond, le visage rubicond et dans un discours � peine audible : - D�sol�e, mais je sors d�j� avec quelqu�un, d�ailleurs, c�est avec lui que je parlais au t�l�phone. Affichant un sourire en coin, il lui r�torque : - Oh ! il ne faut jamais �tre s�r dans la vie - Je crois que vous n�avez pas compris, j�ai un petit ami, il me convient, et cela me suffit. - Arr�te, ne joue pas les saintes-nitouches, qui sait, je ferais peut-�tre mieux l�affaire. La jeune fille sort alors de ses gonds et semble ne plus pouvoir entendre davantage. �Tu es vraiment casse-pieds, je te dis que tu ne m�int�resses pas, laisse-moi tranquille.� Notre Don Juan se fait plus insistant pour ne pas dire plus collant : - Il n�y a pas de quoi te mettre dans cet �tat. Je t�ai juste demand� de ne pas rejeter ma proposition, qui est du reste honn�te. Es-tu s�re que cet homme te garantira le mariage et qu�il te restera fid�le ? - L�, c�en est trop ! Je ne te permets pas de parler de celui que j�aime de cette mani�re - Ne t��nerve pas, tu es tellement belle que la col�re risque de d�former ton visage ang�lique. Flatt�e par ce compliment, elle ne peut s�emp�cher de sourire, mais se ravise tr�s vite, en prenant son air le plus s�v�re. - Je crois que tu as assez plaisant�. Maintenant laisse-moi tranquille. - Je crois que c�est toi qui n�a pas compris, je ne te demande pas de quitter ton copain tout de suite, je veux juste que tu prennes mon num�ro de t�l�phone au cas o� �a ne marchera plus avec lui, ou bien qu�il te laisse tomber, l� tu seras contente de me trouver. Tu sais, avec les hommes, on ne sait jamais. Joignant le geste � la parole, en voyant l�engin arriver, il lui glisse un bout de papier dans la poche de sa veste juste avant que le bus ne marque son arr�t, et lui lance avant de dispara�tre : �La vie est pleine de surprises, ne l�oublie jamais !�