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NORDINE A�T LAOUSSINE AU SOIR D�ALG�RIE :
�Gaz de schiste : nous sommes oblig�s d�y aller�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 12 - 2012


Interview r�alis�e par Khedidja Baba-Ahmed
[email protected]
Nous avons profit� de la conf�rence Algeria Future Energy, qui s�est d�roul�e derni�rement � Alger, pour rencontrer Nordine A�t Laoussine, ancien ministre de l�Energie, expert international et actuel pr�sident de Nalcosa SA. La conf�rence a regroup� un nombre impressionnant d�experts internationaux et a essentiellement trait� �des �nergies renouvelables, des non-conventionnelles et des activit�s en amont dans les hydrocarbures�. Outre les �nergies renouvelables sur lequel l�ancien ministre s�est longtemps attard� avec nous, il nous a donn� son point de vue d�acteur du secteur sur les r�ussites et les �checs de notre politique dans ce domaine depuis l�ind�pendance, comme il nous a �galement bross� un �tat des bouleversements que conna�t actuellement l��nergie � l��chelle mondiale et leurs incidences sur la politique �nerg�tique nationale.
Le Soir d�Alg�rie : Vous �tiez en charge du portefeuille minist�riel de l��nergie et plus ant�rieurement encore, vous �tiez un des acteurs de la cr�ation de Sonatrach. Par rapport aux objectifs qui �taient fix�s � SH pour la contribution au d�veloppement national, l�on est forc� de constater qu�avec une �conomie nationale qui reste encore aujourd�hui aussi d�pendante des hydrocarbures, l�on est loin d�avoir atteint cet objectif. Qu�est-ce qui, selon vous, a conduit � cette situation ?
A�t-Laoussine : Lorsque fut d�cid�e la nationalisation des hydrocarbures le 24 f�vrier 1971, l�objectif essentiel poursuivi �tait d�utiliser le p�trole pour en faire un outil de d�veloppement, autrement dit, faire jouer au p�trole un r�le de catalyseur, de dynamo, pour entra�ner le reste de l��conomie. Souvenez-vous, � ce sujet, de la fameuse parole de Houari Boumedi�ne : �Il faut semer le p�trole pour r�colter le d�veloppement.� Pour ce faire, il fallait d�abord prendre le contr�le de nos ressources p�troli�res. On ne pouvait pas demander aux soci�t�s internationales op�rant dans ce domaine et pr�sentes � l��poque de faire jouer ce r�le aux hydrocarbures. Ces soci�t�s venaient chez nous, cherchaient le p�trole, le trouvaient, l�exportaient, payaient leurs imp�ts et c��tait tout. L�avenir du pays ne les concernait pas, tout au moins � l��poque. S�agissant du contr�le, nous l�avons effectivement r�alis�. Dans le pays aujourd�hui, aucun acte li� au d�veloppement de nos hydrocarbures � p�trole et gaz � ne se fait sans l�accord de SH. Nous avons cr�� une soci�t� nationale qui a fait la fiert� du pays et que certains pays du tiers-monde nous enviaient. Sur ce plan pr�cis du contr�le, nous avons r�ussi et gagn� cette bataille. Une fois le contr�le de la production r�alis�, il fallait en assurer la commercialisation et faire en sorte d�augmenter les revenus p�troliers en d�fendant le prix de nos exportations sur la sc�ne internationale. C��tait l� le deuxi�me objectif.
Au sein de l�Opep...
Nous menions un v�ritable militantisme et �uvrions d�une fa�on constructive au sein de l�Opep. Alors que nous n�y occupions que le 10e rang par le niveau de notre production, nous �tions, � l��poque, aussi influents que l�Arabie Saoudite ou l�Iran. Avec ces deux pays, nous avions une influence consid�rable sur les prix. Donc, non seulement nous avions gagn� la bataille du contr�le, mais nous avions �galement gagn� la bataille de l�augmentation de la rente. Nos revenus avaient �t� multipli�s par 15. Quant au 3e objectif, � savoir comment mettre cette dynamique au service du d�veloppement, l� nous sommes bien oblig�s de dire que nous avons �chou�. Et pour quelles raisons ? Un �conomiste vous l�expliquerait mieux que moi, mais ce que je peux vous dire, c�est que cet �chec est imputable � plusieurs raisons.
La raison essentielle, selon vous ?
Nous n�avons, par exemple, pas �t� en mesure d�int�resser suffisamment le secteur priv�. Il n�est pas possible de diversifier l��conomie nationale en ne comptant que sur les seules soci�t�s nationales. C�est l� un des aspects. L�autre aspect concerne la gestion. Est-ce que nous sommes v�ritablement capables de bien g�rer nos affaires ? Il est vrai qu�il y a eu des changements, des modifications de r�gime, de nouvelles politiques, etc. Le fait est l� : l�exportation de notre richesse en hydrocarbures � p�trole et gaz � repr�sente toujours plus de la moiti� de notre produit national brut (PNB). En Norv�ge, par exemple, cette part n�est que de 25%. Nous ne sommes toutefois pas les seuls dans cette situation. Les autres pays de l�Opep sont � peu pr�s dans le m�me cas sauf, peut-�tre, les Emirats arabes unis. La moiti� de la richesse produite dans l�ann�e provient des hydrocarbures. C�est la preuve que notre �conomie n�est pas diversifi�e. Nous restons toujours tributaires du cours du p�trole : si le cours du p�trole chute, c�est tout le pays qui risque de se trouver par terre. Quant aux recettes d�exportation des hydrocarbures, elles atteignent 95%, voire plus, du total des recettes ! Il est vrai que nous avons tout fait pour encourager le secteur hors hydrocarbures mais malgr� toutes les mesures prises, nous continuons toujours de d�pendre massivement des hydrocarbures. Autre �l�ment, et non des moindres, est le taux de ch�mage, notamment celui des jeunes entre 15 et 24 ans. Les statistiques officielles, qui ne donnent que le chiffre de ch�mage global, sont loin de refl�ter la r�alit� cruelle du ch�mage de nos jeunes. Ce sont ces �l�ments qui font que nous restons une �conomie tributaire des hydrocarbures. C�est dans ce sens-l� que je dis que nous avons �chou�. Alors que nous avons gagn� la bataille du contr�le, gagn� celle de la rente que nous avons augment�e, nous avons perdu celle de la diversification de notre �conomie parce que nous n�avons pas �t� en mesure de recycler convenablement la rente p�troli�re.
Le secteur de l��nergie dans le monde conna�t actuellement de tr�s grands bouleversements. En quoi ces bouleversements touchent-ils notre pays ? L�Alg�rie s�y est-elle pr�par�e ? Si oui, de quelle mani�re ?
L�industrie �nerg�tique mondiale conna�t, en effet, un certain nombre de transformations fondamentales. Pour ce qui est de l�Alg�rie, s�il y a un fait sur lequel j�insisterai, c�est que notre production d�hydrocarbures est en train de baisser. Ceci intervient � un moment o� la demande mondiale conna�t un certain fl�chissement, compte tenu de la situation �conomique et de la r�cession � travers le monde. En termes de consommation, celle des pays de l�OCDE, par exemple, qui repr�sente plus de la moiti� de la consommation mondiale, baisse depuis 2005. Lorsque vous regardez les pr�visions � long terme, vous vous apercevez qu�aucune projection ne permet de penser que la consommation de l�Europe, des Etats-Unis ou du Japon va se relever. Il faut donc se pr�parer � une baisse de la demande p�troli�re. Les pays riches se sont, en effet, organis�s pour d�pendre de moins en moins du p�trole�
Et qu�ont-ils fait pour s�y pr�parer ?
La consommation dans ces pays est en train de baisser essentiellement pour des raisons de substitution par les �nergies renouvelables et par l�efficacit� �nerg�tique, autrement dit ces pays sont en train de cr�er la m�me richesse tout en consommant moins de p�trole. La tr�s l�g�re augmentation de la consommation � l��chelle mondiale est le fait de la consommation des pays asiatiques (3 � 4 % d�augmentation chaque ann�e), notamment la Chine, l�Inde et d�autres pays de la r�gion. Il est donc clair que la demande p�troli�re � l��chelle mondiale ne va pas augmenter outre mesure. Au m�me moment, il y a d��normes d�couvertes qui se font. L�on a pens�, pendant tr�s longtemps, y compris chez nous, que le plus gros des d�couvertes avait �t� fait et qu�il ne restait �ventuellement plus que des petits gisements � d�couvrir. Or, il y a eu des d�couvertes qui ont surpris les g�ologues. Le br�sil, par exemple, a fait des d�couvertes consid�rables. Les progr�s technologiques ont m�me permis d�aller tr�s loin dans l�exploration et la recherche de nouvelles ressources, y compris dans l�Arctique. Ce sont les am�ricains qui ont lanc� l�exploitation des hydrocarbures de schistes. Chez nous, nous ne parlons que du shale gas alors qu�il s�agit de schistes contenant � la fois du p�trole et du gaz. Aux USA, ils sont en train de produire plus de p�trole et de gaz. Ils ont �t�, cette ann�e, le pays qui a le plus augment� sa production de p�trole brut alors qu�elle baissait depuis 15 ans. En ce qui concerne le gaz, l�on s�aper�oit que l�Afrique d�tient des r�serves immenses. Du gaz a �t� d�couvert au Mozambique, au Kenya, en Tanzanie. Il y a ainsi de nombreuses d�couvertes qui voient le jour et pour la premi�re fois, la fameuse certitude de certains g�ologues tr�s connus qui affirmaient que l�on avait atteint le Peak-O�l ou pic p�trolier, autrement dit, que la plan�te avait r�v�l� tous ses secrets, ce mythe est en train de s�effriter. Tous s�accordent � dire aujourd�hui qu�il y a encore des d�couvertes � faire parce que la technologie nous permet aujourd�hui d�exploiter des r�gions vierges.
Mais en quoi ces d�couvertes vont-elles bouleverser la donne �nerg�tique mondiale ?
Aujourd�hui, les USA ont trouv� tellement de shale gas qu�ils envisagent de l�exporter sous forme de gaz liqu�fi� ou GNL. Vous savez qu�en termes de GNL, nous avons �t� les pionniers. La premi�re usine a �t� construite chez nous en 1964 et nous avons �t�, pendant tr�s longtemps, le premier exportateur mondial. Aujourd�hui, dans l�ordre d�importance des exportateurs de GNL, il y a le Qatar, suivi par la Malaisie, l�Australie, le Nigeria, l�Indon�sie� Nous n�arrivons qu�� la sixi�me place. Il y a quelques ann�es, une bonne partie du GNL produit dans ces pays � notamment au Qatar � �tait vendue aux USA. C��tait avant la r�volution du shale gas. Depuis, les Etats-Unis ont install� une vingtaine de projets de liqu�faction destin�s � l�exportation. En fait, il se dit qu�� l�horizon 2020-2025, les USA exporteraient 60 � 70 millions de tonnes de GNL, soit le double de nos exportations. Cette quantit� consid�rable de gaz d�vers�e sur les march�s europ�en et surtout asiatique va naturellement avoir un effet d�pressif sur le prix du gaz. Il s�agit l� d�un autre bouleversement important.
Et face � tous ces bouleversements, encore une fois, que fait notre pays ?
Je pense que l�Alg�rie s�y pr�pare, mais toute la question est de savoir si elle est bien consciente que ces changements vont se r�aliser. Il y a quelques ann�es, lorsque l�on parlait de r�volution du gaz de schiste et que l�on voyait venir les premi�res donn�es sur les quantit�s consid�rables de gaz produites aux USA, les exportateurs de gaz, pour qui cette nouvelle donne n��tait pas la bienvenue, en l�occurrence la Russie, l�Alg�rie, le Qatar, d�claraient alors �que c��tait de l�intox, que cela n�arriverait jamais !� Tout le probl�me est donc l� : est-ce qu�on est conscient de ces changements ? Est-ce qu�on les prend au s�rieux et est-ce qu�on s�y pr�pare s�rieusement ? L�on parle chez nous de l��ventualit� d�une production de gaz de schiste comme si on avait le choix de nous en passer. Nous sommes dans l�obligation d�y aller. Le potentiel alg�rien en gaz non-conventionnels est consid�rable, m�me si s�il faut se m�fier des estimations du volume des ressources en place publi�es �� et l�. Les r�serves r�cup�rables d�pendent de nombreux param�tres en cours d��valuation tels que la qualit� de la roche m�re, le prix de revient du m�tre cube produit et la technique de production utilis�e. On peut cependant tabler, selon les donn�es pr�liminaires connues � ce jour, sur des r�serves r�cup�rables �quivalentes aux r�serves conventionnelles restantes, soit de l�ordre de 2000 BCM (milliards de m3). Mais l�exploitation du gaz de schiste prendra du temps et n�cessitera des moyens mat�riels, humains et financiers consid�rables. Au rythme actuel d��volution de notre consommation nationale (30 BCM cette ann�e, +6% l�an) nous ne disposerons pas, � moyen terme, de r�serves suffisantes pour assurer la pleine utilisation de nos capacit�s d�exportation existantes ou en construction qui s��l�vent globalement � 85 BCM environ. Comme nous ne pouvons pas ralentir, outre mesure, la consommation nationale dans l�avenir imm�diat, car la contribution attendue des �nergies renouvelables prendra �galement du temps, il faudrait, soit lancer, sans tarder, le d�veloppement des gaz non-conventionnels, soit se pr�parer � r�duire nos exportations. Mais, pouvons-nous r�duire nos exportations de gaz naturel et, partant, nos recettes en devises, alors que notre production d�hydrocarbures liquides semble, elle aussi, avoir atteint son pic ?
Vous proposez dans votre intervention � cette conf�rence d�Alger (du 4 au 6 novembre) que le pays se tourne r�solument vers les gaz de schiste et vous avez largement argument� pour cette voie. M�me si vous ne faites pas des gaz de schiste la panac�e, vous le proposez tout en encourageant la poursuite de l�effort dans le conventionnel en nous engageant dans l�exploration des zones non encore explor�es et sur celles d�j� en production, et ce, en appliquant les techniques de r�cup�ration secondaire et tertiaire. Vous pensez que c�est l� une voie vers laquelle le secteur �nerg�tique alg�rien s�oriente ?
Au lendemain de l�ind�pendance, compte tenu des r�serves importantes de gaz naturel dont nous disposions, de notre faible consommation interne et de notre grand besoin en devises, nous avions l�ambition de construire l�infrastructure n�cessaire � l�exportation de notre gaz. Il se trouve qu�aujourd�hui nous avons une capacit� d�exportation importante. Bient�t, lorsque Skikda et Arzew seront op�rationnelles, soit dans un an, nous aurons une capacit� annuelle d�exportation de 85 BCM, sans compter le projet Galsi. Cette capacit� est l� ; les tuyaux qui vont vers l�Italie et l�Espagne sont l�. Aujourd�hui, Hassi R�mel est en train d��touffer : les d�couvertes prennent du temps, et notre consommation interne est en train de grimper. Au vu de nos r�serves largement entam�es, il n�y aura donc pas suffisamment de gaz pour remplir les tuyaux ou alimenter les usines de liqu�faction. Bien entendu, nous ne pouvons pas sacrifier la consommation nationale et sommes oblig�s de r�pondre aux besoins grandissants du march� national qui reste une priorit�. Il est vrai qu�avec le renouvelable on pourrait r�duire la consommation domestique de gaz, l��lectricit� �tant en grande partie produite aujourd�hui par le thermique gaz. Nous allons produire de l��lectricit� solaire mais cela va prendre du temps. Ainsi, r�duire la consommation tout de suite n�est pas possible, cela prendra du temps, le renouvelable ne pouvant �tre pr�t que dans une dizaine d�ann�es.
Quelle est l�alternative alors ?
Nous ne pouvons pas nous permettre de sous-utiliser une infrastructure de transport pour laquelle des investissements consid�rables ont �t� consentis. Si on veut utiliser � pleins tubes ces investissements, nous sommes bien oblig�s de trouver plus de gaz. Il faut aller chercher du gaz conventionnel, il y en a, et pour ce faire, attirer les investisseurs �trangers comme la nouvelle loi p�troli�re se propose de le faire. Si le conventionnel est insuffisant, il faut aller vers la production des gaz de schiste. Nous n�avons plus le choix. Si on ne le fait pas, il y aura, � terme, des cons�quences d�sastreuses sur nos �quilibres financiers.
Les gaz de schiste sont pourtant aujourd�hui, dans plusieurs pays, l�objet de controverses nombreuses venant, notamment, et pas seulement, des �cologistes. Ces derniers, par exemple, trouvent qu�il est dangereux au plan �cologique alors que d�autres soulignent le co�t �lev� de sa production ou encore que la recherche n�a pas encore livr� tous les secrets inh�rents � son exploitation.
Il ne faut pas oublier que le processus de d�veloppement d�une source d��nergie entra�ne des cons�quences n�fastes pour l�environnement, quelles que soient ses formes. Mais il faut savoir aussi que l�industrie a atteint un tel niveau de d�veloppement qu�elle est capable aujourd�hui de g�rer des accidents �ventuels inh�rents � l�exploitation des hydrocarbures. Le grand probl�me, qui se pose pour l�heure, est le co�t des gaz de schiste produits chez nous. Aux USA, ce co�t est bas aujourd�hui, mais il devrait doubler � terme.
Pourquoi des prix bas aux USA, alors que partout ailleurs, on soul�ve la question de la chert� d�exploitation des gaz de schiste ?
Aux USA, le sous-sol appartient essentiellement au priv�, l�Etat n��tant propri�taire que des terrains f�d�raux. C�est donc le priv� qui per�oit la redevance. Les soci�t�s paient l�imp�t sur le b�n�fice mais le propri�taire re�oit son ch�que-redevance tous les mois. Evidemment cette situation encourage la mise � disposition de ces terrains. Il y a, par ailleurs, des infrastructures d��vacuation tellement d�velopp�es dans ce pays qu�il est relativement facile d�assurer des d�bouch�s. Tous ces �l�ments jouent sur le co�t et l�on arrive � des niveaux de l�ordre de 3 � 4 dollars par million de BTU, soit � peu pr�s le 1/3 du prix auquel nous exportons notre gaz. Il faut aussi noter que la technologie des gaz de schiste est aujourd�hui essentiellement am�ricaine. Il n�y a pas d�autres technologies d�velopp�es ailleurs dans le monde. Toutefois, d�autres pays ont senti le besoin de s�y int�resser. Il en est ainsi de la Pologne, par exemple, qui d�pend au plan �nerg�tique de la Russie et paie un prix �lev� pour son gaz, de l�Argentine et de la Chine �galement qui regardent �a de tr�s pr�s. Il est vrai que la France n�est pas enthousiaste ; elle peut se permettre de faire l�impasse. Pouvons-nous le faire alors que nous avons un besoin crucial de devises et que notre �conomie n�est pas diversifi�e ?
La volont� de transition vers des sources diversifi�es de production de l��lectricit� a conduit � l��laboration d�un programme extr�mement ambitieux de Sonelgaz, consistant, selon son PDG, en une strat�gie de mix �nerg�tique de 40% de renouvelable. M�me si ce pourcentage est fix� pour l�horizon 2030, ne pensez-vous pas que c�est une ambition difficile � atteindre, compte tenu des technologies dans le renouvelable qui ne sont pas encore ma�tris�es et, partant, des co�ts encore trop �lev�s et de la formation colossale qu�il faudrait mettre en place d�s aujourd�hui pour la prise en charge de ce programme ?
Lorsque vous regardez le mix �nerg�tique mondial aujourd�hui, le renouvelable � l��olien, le solaire, l�hydraulique � ne repr�sente que 10% environ. Le p�trole repr�sente aujourd�hui 32%, puis vient le charbon avec 27%, malgr� son caract�re polluant, suivi par le gaz qui approche les 25%. Mais lorsque l�on regarde les projections � long terme, le renouvelable va compter pour pr�s de 20% en 2030. Tout cela prend du temps. Il faut d�velopper de nouvelles technologies et r�duire les co�ts. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a toutefois beaucoup de progr�s. L�exemple que je donne depuis quelque temps est celui de l�Allemagne qui a beaucoup fait en mati�re de d�veloppement de solaire et d��olien. Pour la premi�re fois dans l�histoire de ce pays, les Allemands ont �t� en mesure, pendant quelques heures l��t� dernier, de couvrir, avec le renouvelable, l�ensemble de leur consommation �lectrique.
Pendant seulement quelques heures et certainement pas en pointe...
Oui, effectivement, pas en pointe, mais se sont l� des progr�s notables. Quant � l�Alg�rie, cela va prendre du temps. La technologie existe et les co�ts sont en train de baisser. Il faudra toutefois faire comme l�ont fait d�autres pays, � savoir r�gler une s�rie de questions en amont et instituer une nouvelle culture. Par exemple, le priv� ne se lancera dans l��olien ou le solaire que s�il est capable de vendre son �lectricit� � un prix r�mun�rateur et non pas au prix moyen auquel le citoyen paie son �lectricit� aujourd�hui, sachant que ce prix est fortement subventionn�. Il faudra s�organiser pour que les plus d�munis re�oivent la subvention de l�Etat, les autres �tant en mesure de payer le prix coutant. Contrairement au gaz de schistes, le renouvelable cr�e des emplois un peu partout, et pas seulement dans les bassins p�troliers. C�est pourquoi, il faut encourager le citoyen, la communaut�, le village � se lancer dans le renouvelable. C�est l� toute une r�volution et je crois que le gouvernement en est bien conscient.
Toujours dans le domaine du renouvelable, o� en est-on dans le projet Desertec et comment s�y positionne notre pays ?
Le projet Desertec est une initiative essentiellement allemande, dans laquelle des soci�t�s d��lectricit� se sont impliqu�es. L�id�e est que le soleil joue un r�le de plus en plus important dans la production de l��lectricit� et la r�gion o� l�ensoleillement est le plus fort est le Sahara. Nous avons, chez nous, un taux d�ensoleillement de 3000 heures/an. Les Allemands se sont dit qu�� partir du moment o� une telle source existe, pourquoi ne pas cr�er le solaire � grande �chelle dans les pays d�Afrique du Nord, d�o� la cr�ation de Desertec. Dans ce projet, les Marocains sont bien avanc�s. Pour ce qui nous concerne, nous ne disons pas non, nous regardons. Nous sommes d�accord sur le principe qui consiste � d�velopper le solaire � grande �chelle � condition, bien entendu, qu�une grande partie reste chez nous m�me si Desertec s�engage dans une op�ration d�exportation � travers des r�seaux int�gr�s. Notre id�e est de produire une capacit� de 22 000 MW, dont 10 000 seraient r�serv�s � l�exportation. Aujourd�hui, ce projet est au stade de l��tude. Hier, � la conf�rence, nous avons appris que, de toute fa�on, il ne fallait pas compter sur une exportation d��lectricit� vers l�Europe avant 2025, le march� �tant convenablement approvisionn� jusque-l�.
Sommes-nous suffisamment repr�sent�s dans ce projet pour faire entendre notre point de vue ?
Les Allemands savent tr�s bien que nous sommes un �l�ment indispensable � la r�alisation de ce projet et savent �galement qu�au plan politique, les Alg�riens voudront avoir l��il sur tout. D�ailleurs, le ministre de l�Energie a �nonc� nos conditions : si nous devons produire 22 000 MW, il faudrait que l�essentiel des imputs, � savoir les panneaux solaires, les pyl�nes pour l��olien, la silice que l�on a d�velopp�e chez nous, soient int�gr�s dans le processus d�industrialisation du pays, ce que l�on n�a pas, jusqu�� pr�sent, suffisamment fait avec l�exploitation de nos hydrocarbures conventionnels. C�est d�ailleurs la raison pour laquelle le PDG de Sonelgaz annonce un taux d�int�gration global de 30% en 2020 et 80% en 2030. Droit de pr�emption : �Il faut le maintenir.�
Des fusions-acquisitions dans le secteur de l��nergie sont devenues tr�s courantes sur les places boursi�res alors que l�Alg�rie pr�voit l�exercice du droit de pr�emption chaque fois qu�une entreprise souhaite c�der ses actifs. Pensez-vous que notre pays doit maintenir ce cap ou adapter plut�t la loi lorsqu�il s�agit du secteur de l��nergie ?
Dans nos partenariats avec les soci�t�s �trang�res, la soci�t� �trang�re est, soit seule avec SH, soit �galement associ�e � d�autres soci�t�s. L�accord de d�part stipule que, si demain, pour une raison ou pour une autre, la soci�t� en question veut vendre sa part, SH a un droit de pr�emption. Cela est tout � fait normal et cela existe partout dans le monde. Vous �tes chez moi, vous y travaillez. Si vous voulez vendre � une filiale, ce n�est pas un probl�me, cela reste dans la famille. Mais si vous voulez vendre � quelqu�un d�autre, je veux avoir un droit de pr�emption. Autrement dit, j�ai la possibilit� de regarder par qui vous voulez �tre remplac� ; je peux refuser, par exemple, si je n�ai pas confiance en cet �ventuel repreneur. Je peux m�y opposer si vous me ramenez �un canard boiteux� qui n�a pas la capacit� financi�re pour r�pondre � ses obligations contractuelles. J�ai donc un droit de regard et, si cela me convient, je me porte moi-m�me acqu�reur, au m�me prix. Ce droit de pr�emption existe partout, il faut le maintenir pour assurer la bonne r�alisation de nos projets. Au demeurant, le projet de nouvelle loi p�troli�re, actuellement en cours d�examen au Parlement, n�apporte, en l�esp�ce, rien de nouveau.
Pour finir, que pensez-vous, globalement, de ce nouveau projet de loi ?
A mon avis, il r�pond essentiellement � une pr�occupation majeure, celle d�all�ger la fiscalit� p�troli�re applicable � la production d�hydrocarbures dits non conventionnels en raison de leur co�t d�exploitation relativement �lev�s et de l��volution du march� p�trolier. Le projet reste cependant muet sur une autre pr�occupation fondamentale, maintes fois exprim�e par les op�rateurs p�troliers �trangers, � savoir le long processus de d�cision d�Alnaft et de Sonatrach qui a consid�rablement retard� le d�veloppement de certains projets et donn� lieu � de nombreux contentieux.
K. B.-A.
Quelques �tapes de son parcours
Dipl�m� en g�ologie p�troli�re de l�Universit� du Michigan (USA), Nordine A�t-Laoussine a �t�, d�s 1964, un des acteurs importants du d�veloppement de l�industrie p�troli�re en Alg�rie. D�abord, comme conseiller technique aupr�s de Bela�d Abdesselam, alors ministre de l�Industrie et de l�Energie, ensuite � Sonatrach en tant que vice-pr�sident ex�cutif charg� de la division hydrocarbures, puis vice-pr�sident ex�cutif charg� de la division commercialisation. Nordine A�t-Laoussine a fait partie de l��quipe charg�e de la conception et de la mise en �uvre de la politique alg�rienne dans le domaine des hydrocarbures. Ministre de l�Energie dans le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali, il a fait voter la loi sur les hydrocarbures de 1991 qui, en amendant la loi de 1986, a stimul� la participation des soci�t�s �trang�res dans l�amont p�trolier. Nordine A�t-Laoussine est pr�sident de Nalcosa SA (Gen�ve), soci�t� de conseils dans le domaine de l��nergie qu�il a cr��e en 1980. Il est membre de l'Oxford Energy Policy Club, du Geneva Petroleum Club, du Paris Energy Club, de l'Advisory Board du Groupe Energy Intelligence ainsi que de l�International Advisory Board de Dana Gas.


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