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Abane Ramdane et la citoyennet�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 04 - 2013


Par Ouali A�t-Ahmed Ancien officier de l�ALN
Outr� et ulc�r� d�apprendre, par le biais du quotidien le Soir d�Alg�rie , dans son �dition du 10 mars 2013, sous le titre L�Ombre de Abane plane toujours, que la moudjahida Salima Sahraoui-Bouaziz s�est vu couper la parole, � deux reprises, par la mod�ratrice, lors d�une journ�e d��tude tenue la veille au forum d�El-Moudjahid .
La premi�re a eu lieu lorsqu�elle a abord� la vision de Abane Ramdane, h�ros national, sur la femme, durant la guerre de Lib�ration et le combat de l��dification nationale, pour l��lever au m�me niveau que l�homme et l�amener � jouir de la pl�nitude de sa citoyennet�. Quant � la seconde fois, le retrait de la parole lui a �t� signifi� au moment o� elle a voulu entra�ner l�assistance pour lui faire toucher du doigt l�inad�quation totale et absolue entre la Constitution qui pr�ne l��galit� des sexes et les lois et textes d�application qui font de la femme une �ternelle mineure (h�ritage, promotion professionnelle, mariage, syst�me de quotas -de moins de 50% � dans les assembl�es �lues, etc.), et ce, malgr� son combat des plus dignes et des plus �logieux au m�me titre que l�homme. L�attitude et le comportement de la mod�ratrice de la s�ance me rappellent �trangement la p�riode du parti unique o� il fallait simplement �couter et ne dire mot. Pourtant, les deux sujets abord�s se compl�tent pour n�en faire qu�un, dans le sillage de la Journ�e internationale de la femme et au-del� et plus haut encore pour transcender les contingences du moment qui invitent nos femmes � singer les Occidentales et � v�g�ter dans les emballages aussi tristes que repoussants. Il est vrai que les r�flexes h�rit�s du colonialisme nous hantent et nous poursuivent toujours. Passer directement d��tat de sujet � celui de citoyen suppose la mise sur les rails des id�es de Abane Ramdane second� de Larbi Ben M�hidi par la fructification du capital doctrinal qu�il nous ont l�gu�, mais laiss� improductif, jusque-l�, puisque jet� au fond des tiroirs par ceux-l� m�mes qui croyaient le faire taire � jamais. Mais de sa tombe, il ne cesse de nous interpeller pour nous inviter � plus d�alg�rianit�, � plus de tol�rance, � plus de citoyennet� pour que tous les Alg�riens sans distinction de sexe, de langue, de religion, ni de race �uvrant avec science et conscience pour la prosp�rit� d�une Alg�rie une et indivisible, et pour laquelle des hommes et des femmes se sont battus, corps et �me, pour le recouvrement de la souverainet� nationale. D�s sa lib�ration de prison o� il avait aval� goul�ment le contenu de centaines d�ouvrages �crits par les philosophes et r�volutionnaires de tous bords, Abane n�a pas h�sit�, un seul instant, pour rejoindre le champ du combat lib�rateur, malgr� la disproportion des moyens dans cette guerre asym�trique. Il voulait mettre en pratique toutes ses r�flexions personnelles ou �manant de ses lectures ininterrompues durant sa d�tention. Infatigable organisateur, strat�ge hors pair et fin tacticien, il fut vite catalogu�, sans pouvoir l�identifier, comme le �cerveau de la r�volte� par le colonel Sho�n, du service des renseignements g�n�raux, dans son rapport adress� au gouverneur g�n�ral Jacques Soustelle, apr�s l�interception et le d�cryptage de son premier tract �mis et diffus� le 1er avril 1955, intitul� �Appel aux intellectuels alg�riens�. Unitariste et rassembleur, il a pu faire rallier au combat lib�rateur et � titre individuel tous les responsables des autres formations politiques de l��poque (UDMA, Association des oul�mas, PCA, etc.) tout en proc�dant � la dissolution de celles-ci. La d�mission des �61� (d�put�s � l�Assembl�e du 2e coll�ge r�serv�e aux indig�nes) a �t� le r�sultat de ses multiples contacts avec eux et par l�interm�diaire d��l�ments �clair�s de la cause nationale. Ce trait de caract�re de rassembleur, d�unitariste, parvient � la cr�ation de l�Union g�n�rale des �tudiants musulmans alg�riens (Ugema) dont le �M� n�a aucune connotation religieuse si ce n�est pour les diff�rencier des �tudiants, fils de colons, qui formaient une �crasante majorit� au sein de l�unique et seule universit� d�Alger et de ses annexes d�Oran et de Constantine. Mais son g�nie se r�v�lera surtout et en �vidence dans son r�le de coordinateur entre les forces de l�int�rieur, la F�d�ration de France du FLN et la d�l�gation ext�rieure d�abord, la r�ussite dans la mise en �uvre de l�hymne national Qassamendont il a confi� la composition au grand Moufdi Zakaria, d�tenu en prison et pour lequel il a d�fini le cadre et les id�es directrices, et enfin dans la plateforme de la Soummam o� la prospective et la perspective du combat ont eu droit � un profond et large d�veloppement, le tout sous la lumi�re de l�esprit de la Proclamation du 1er Novembre, sans d�river d�un pouce sur le terrain ni d�une virgule sur le plan doctrinal. Cinquante ans apr�s la victoire sur le colonialisme, nous sommes l� pour poursuivre l�ombre que nous prenons pour la proie. Au lieu de faire fructifier le capital qu�il nous a l�gu� par ses �crits et sa pens�e, nous en sommes encore � nous demander les noms de ceux qui ont proc�d� � son assassinat, un certain 27 d�cembre 1957 � T�touan. Quel int�r�t y a-t-il � les conna�tre, puisqu�ils ne sont plus de ce monde, ou s�il y en a encore en vie, pourquoi les d�livrer de leur conscience qui ne cesse de les ronger ? Tout l�int�r�t r�side dans sa philosophie, dans sa pens�e et les buts imm�diats proches et lointains de la guerre de Lib�ration et de la R�volution que nous avons tendance � confondre, alors qu�ils sont � l�oppos� l�une de l�autre, la premi�re mettant aux prises le peuple alg�rien � l�occupant colonial, prenant fin avec le recouvrement de la souverainet� nationale et la seconde en perp�tuel mouvement au sein d�un m�me peuple pour �jecter les id�es r�trogrades afin de faire place � celles qui font avancer la nation dans son ensemble. S�il a fait aux intellectuels, en premier lieu, c��tait pour en faire une locomotive puissante destin�e � trainer les structures mises en place pour les mener � bon port. Quant � l�importance id�ologique v�hicul�e par notre hymne national et qui r�sume les traits de caract�re de notre peuple, depuis l�antiquit� � nos jours, elle est � d�couvrir dans une �tude comparative avec La Marseillaise� confier comme sujet de recherches pour la soutenance de m�moires ou de th�ses dans les universit�s alg�riennes. Nous nous rendrions compte, ainsi, du caract�re belliqueux et militariste de l�hymne fran�ais qui demande �qu�un sang impur abreuve nos sillons�, alors que Qassameappelle et invite � faire don de son sang pur et g�n�reux� pour ��crire l�histoire du sang des chouhada�, afin de �l�enseigner aux g�n�rations futures�, le tout dans un rite sacrificiel pour la souverainet� de notre pays. Les r�coltes n�en seront que plus riches, s�agissant de son propre sang et non de celui de l�ennemi comme c�est le cas dans l�hymne national fran�ais. En r�sum� si �l�Alg�rie n�avait pas rat� son virage avec l�assassinat de Abane Ramdane�, en reprenant ce qu�avait dit Daho Ould Kablia, ministre de l�Int�rieur lors d�une conf�rence donn�e � la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, � l�occasion de la comm�moration du 58e anniversaire du 1er Novembre. Je ne crois qu�il l�ait dit par envol�e lyrique, pour faire plaire � l�assistance, tellement la v�rit� colle bien au personnage de digne fils de Nath Irathen dont le destin et l�envergure se confondent � ceux de sa nation, avec une baie largement ouverte sur la pens�e universelle. Si vraiment, il y a prise de conscience � ce sujet, qu�attend-on pour reprendre la boussole qui nous est l�gu�e par l�architecte de la R�volution, en ce moment de houle en haute mer, o� les d�s�quilibres structurels gagnent tous les secteurs et tous les niveaux ? Si nous r�fl�chissons � la fertilit� de sa pens�e et � l�ampleur de son action, nous saurons que les deux tendent vers un seul et m�me but : faire sortir tous les habitants de ce pays de l��tat de sujets � celui de citoyennet� pleine et enti�re. Il a fait des trois courants de pens�e v�hicul�s par Thomas Hobbes, John Lock et Jean-Jacques Rousseau, le lieu g�om�trique de la citoyennet�, en Alg�rie. Mais qu�est-ce que la citoyennet�, si ce n�est le droit de cit� (civitas en latin), droit d�un habitant d�un pays. La citoyennet� est une manifestation concr�te des droits et devoirs de citoyen qu�elle symbolise au plus haut point. Elle suppose et se fonde sur l��galit� des droits et des devoirs de tous les citoyens d�un Etat et d�bouche sur une d�mocratie totale o� le concept des minorit�s, qu�elles soient linguistiques, religieuses ou raciales s�effrite pour n�avoir plus de sens, et o� l��galit� du citoyen et de la citoyenne est prononc�e pour �chapper � la vanit� des mots. Dans la citoyennet�, le lien social n�est plus d�ordre racial, religieux, linguistique, sexuel ou de classe. Il est politique donc plus large, plus profond et plus solide. Egalit� de droits et de devoirs devant la Constitution et lois subs�quentes o� les passe-droits, le favoritisme, le �concours national� institu� non sans arri�re-pens�e des ann�es �1980� pour l�attribution de bourses � l��tranger et le n�potisme dans les secteurs public et priv� seront bannis � jamais. La citoyennet� peut �tre compar�e � une triade ins�cable o� chaque segment repr�sente un droit sp�cifique :
- la citoyennet� civile, pour le premier, relatif aux libert�s fondamentales (libert�s d�expression, droit de propri�t�, �galit� devant la justice�) ;
- la citoyennet� sociale refl�t�e par le deuxi�me ayant trait aux droits socio-�conomiques (droit � l�enseignement, droit � la sant� publique, droit au travail, droit � la protection contre le ch�mage, droit syndical�) ;
- la citoyennet� politique s�inscrit dans le cadre du troisi�me segment insistant avec force sur la participation politique (droit de vote, droit d��ligibilit�, droit d�acc�s � certaines fonctions publiques, droit d��tre prot�g� par son Etat � l��tranger�). Si j�ai dit, plus que la philosophie et l�action de Abane Ramdane se veulent le lieu g�om�trique et le canal commun des trois formes de contrat social �chafaud�es par les philosophes des XVIIe et XVIIIe si�cles, cela veut dire tout simplement qu�elles se compl�tent et ne se neutralisent, ni ne s�excluent l�une de l�autre, chez lui. L�Etat doit � la fois pr�server la vie � chaque citoyen (contrat social de Thomas Hobbes), sauvegarder la libert� individuelle et la propri�t� priv�e (John Lock), tout en appelant � rendre le peuple souverain afin de garantir l�int�r�t g�n�ral (Jean-Jacques Rousseau). Le point d�intersection des trois formes de contrat social est mat�rialis� par la libert� de tous les citoyens et de chacun d�eux. Qu�en est-il du projet ambitieux de Abane Ramdane, � la veille du cinquante et uni�me anniversaire de l�ind�pendance de l�Alg�rie proclam�e le 3 juillet 1962 ? Il est recouvert de poussi�re par la volont� des uns et la servilit� des autres. Et qui dit servilit� dit absence de la citoyennet� donc de sa libert�. Non seulement, la citoyennet� civile, politique et sociale n�est pas v�cue dans un tissu de liens solidaires, mais la situation est explosive de par les vecteurs conflictuels mis en place : qualit� de l�enseignement qui pr�pare l�enfant du peuple beaucoup plus � la mort qu�� la vie, ch�mage, n�potisme, r�gionalisme� Si la pens�e et l�action de Abane Ramdane avaient �t� mises en exergue d�s la proclamation de l�ind�pendance au lieu du tryptique aussi creux que porteur de facteurs de division : �arabit�-islamit�-amazighit�, l�Alg�rie aurait connu une situation socio�conomique des plus brillantes au sein de la communaut� internationale. Si �arabit� vise la langue, o� se trouve donc la place des Alg�riens qui ne parlent que tamazight ou le fran�ais ? Peut-on leur contester leur alg�rianit� ? N�est-il pas criminel de qualifier ceux qui s�expriment en fran�ais de �hizb fran�a� ? alors que la proclamation du 1er Novembre 1954, la plateforme de la Soummam, le mensuel El-Moudjahidet le courrier �Alger-le Caire� avaient �t� r�dig�s dans cette langue, consid�r�e comme butin de guerre. �L�islamit�, bas�e sur la religion, est, comme �l�arabit�, un puissant facteur de division, d�autant plus que notre guerre de Lib�ration a �t� et ne pourra jamais �tre consid�r�e comme guerre de religion dans les rangs de l�ALN o� les structures du FLN des chr�tiens, des juifs, des ath�es ont lutt� pour la cause nationale. On voit par-l� que les tenants du concept n�ont rien compris � la religion dont ils se disent adeptes. Pour ce qui est de �l�amazighit�, il contribue � cette division criminelle. Bien que les racines et le tronc soient fonci�rement amazighs, des boutures se sont greff�es � la charpente enrichie, de la sorte, par un apport hors fronti�re. Cela ne peut �tre consid�r� que comme richesse enti�rement fondue dans l�ensemble de la communaut� nationale. Enfin, le tryptique dans sa globalit� a contribu� � r�tr�cir, vis-�-vis de l��tranger, les dimensions d�une r�volution qui a marqu�, en son temps, de son empreinte l�histoire universelle. Au lieu de glorifier cette trilogie sectaire et satanique, faisons de telle sorte � concr�tiser celle qui rassemble et unit et le peuple et le territoire, chers � Abane Ramdane, � Larbi Ben M�hidi � Mustapha Ben Boula�d, � Didouche Mourad, � Si El-Hou�s, � Lotfi, Chabani, Amirouche et � tous les combattants tomb�s au champ d�honneur ou ayant surv�cu au d�luge septennal reconna�tront sans effet repoussoir ni vell�it� de recul ou de s�paration, restant sourds aux chants des sir�nes. Alors, et alors seulement, l�Alg�rie d�collera et prendra son envol sur tous les plans de la vie quotidienne. Fructifier de la sorte le capital doctrinal et philosophique qui nous est l�gu� par Abane et ses compagnons, laissant pantois ceux qui ont horreur du progr�s, tout en cessant de brandir le caract�re tabou des trois composantes du nouveau triptyque � promouvoir, sorti en droite ligne de la pens�e et de l�action de l�homme au sourire l�gendaire aussi beau et envo�tant pour nous, que cinglant pour l�ennemi, � l�instar de celui de Larbi Ben M�hidi.


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