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LA MAL�DICTION, DE RACHID MIMOUNI
Tourments, violence, r�ves et d�senchantement
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 04 - 2013

Vingt ans apr�s sa premi�re publication chez Stock (Paris, 1993). La Mal�diction de Rachid Mimouni est enfin r��dit� en Alg�rie. Le m�rite revient � Chihab �ditions qui a �galement sorti en librairie un recueil de nouvelles du m�me auteur (La ceinture de l�ogresse, �dition Seghers, 1990)
Aussi, pour les passionn�s de belle et vraie litt�rature, lire ou relire le dernier roman de Rachid Mimouni procurera le plaisir trouble du crime impuni qui agrandit l��me. Ils se laisseront volontiers entra�ner dans les profondeurs d�un monde obscur (mais des abysses �trangement familiers) que la dimension esth�tique de l��uvre �claire tout au long du voyage. Sans doute, ils se rappelleront alors ce mot de Charles Baudelaire : �Il m�a paru plaisant (...) d�extraire la beaut� du mal.� Leur lecture termin�e, ils se sentiront comme grandis, du moins quelque peu m�tamorphos�s. Parce qu�ils auront exorcis� le d�mon qui les suit comme leur ombre et que Rachid Mimouni nomme �une peine � vivre�. Il est, certes, vrai que ce genre de possession existentielle trouve difficilement rem�de, mais l��crivain est profond comme un puits : tout au fond, il y a l�eau claire que le lecteur esp�rait tant. La Mal�diction s�offre comme une exp�dition au c�ur de la soci�t� et de l�humain, une exploration m�thodique des racines du mal. A partir du drame qui commence � se nouer dans l�Alg�rie des ann�es 1990, et la suite d��v�nements terribles et de situations path�tiques qu�il pr�figure, le r�cit d�crit des circonvolutions qui atteignent jusqu�� la guerre d�ind�pendance. Cette construction en spirales permet au lecteur de comprendre le jeu des diff�rents protagonistes de la trag�die. Le jeu d� �� qui perd gagne� ou du poker menteur, tant les diff�rents personnages semblent tous poursuivis par une fatalit� malencontreuse les emp�chant de vivre pleinement et sereinement leur vie. Ils se livrent en aveugles au destin qui les entra�ne, contraints ou pas � mettre le doigt dans l�engrenage de la violence et des malheurs.  Le roman est poignant, le propos parfois violent, mais l�atmosph�re �touffante est r�guli�rement rafra�chie par le souffle g�n�reux de la tendresse et des sentiments humains. Gr�ce � l�effet magique du clair-obscur, sont alors r�v�l�s les �lans prometteurs de l�amour et la lumi�re inalt�rable des inclinations altruistes. Forc�ment, ces personnages ont des r�ves et des id�aux, car vivants et complexes. Sauf que la plupart d�entre eux �prouvent une grande douleur, celle particuli�re d�avoir mal � leur pays et d��tre mal dans leur peau. Amertume, d�sespoir et d�senchantement deviennent leur lot. Toute cette tristesse ! De l�gitimes aspirations qui, par une sorte de pr�destination, finissent par se briser sur les r�cifs des incertitudes et de la b�tise humaine. �Ainsi meurent les plus beaux r�ves�, �crit Rachid Mimouni pour qui l�explication � cette curieuse mal�diction serait plut�t � chercher dans tous ces rendez-vous manqu�s avec l�histoire, dans les faux bonds faits au destin collectif et � l�int�grit� des individus. Notre p�ch� originel, notre Ca�n qui tua son fr�re Abel... Tout cela a �t� commis du temps de la guerre de Lib�ration nationale. La l�gitimation de la violence r�volutionnaire dans les maquis a accouch�, depuis, de toutes les formes monstrueuses qui continuent de d�figurer le corps social. �Une fois qu�on a accueilli le mal chez soi, il n�exige plus qu�on croit en lui�, aurait rench�ri Franz Kafka. Dans le roman de Rachid Mimouni, l��trange mal�diction quip�se sur les g�n�rations d�apr�s l�ind�pendance et les condamne � subir pareil cycle de violences, infernal, a donc une origine, des racines dont elle se nourrit : abus d�autorit�, extr�misme, assassinats de fr�res d�armes, exactions, ordre moral inique, vengeance, trahison, etc. Par la suite, la classe gouvernante de l�Alg�rie ind�pendante a maintenu et perp�tu� l�exercice d�un tel pouvoir despotique dont les d�rives et les aberrations ont fait le lit de l�islamisme violent. La Mal�diction est un roman construit � partir de cette matrice et tout autour de cette probl�matique. L�histoire, elle, est inspir�e de faits r�els : la gr�ve insurrectionnelle lanc�e par les islamistes en juin 1991.  A Alger, le mouvement occupe les places publiques, prend le contr�le du plus grand h�pital de la ville. L��diteur �crit dans sa note de pr�sentation du livre : �L� exerce Kader, un jeune obst�tricien qui va jouer sa vie dans cette tourmente. L� se retrouvent Sa�d l�intellectuel d�sabus� ; Palsec, figure gouailleuse et path�tique de Gavroche alg�rois ; Louisa et l�espoir, pour Kader d�un bonheur nouveau ; et Si Morice, l��trange vieillard qui �gr�ne les souvenirs du temps du maquis et de lutte pour l�ind�pendance. Ainsi s�imbriquent, dans ce r�cit o� l�h�pital � lieu de naissance et de mort � est la m�taphore d�une nation d�chir�e entre avenir et pass�, les pi�ces d�une mal�diction qui s�acharne, depuis un demi-si�cle, � susciter la discorde et les luttes fratricides.� Apr�s bien des p�rip�ties, des allers-retours entre pass� et pr�sent, des moments de bonheur qui chantent, des r�ves ensevelis dans un fatras de tourments, d�espoirs avort�s et de m�moire trahie, le r�cit s�ach�ve sur le retour de Louisa dans sa ville natale, Constantine. Ce personnage all�gorique d�un pays qui se cherche sent que l�air est lourd de menaces. Elle est �prise de vertige � l�id�e du futur b�ant devant elle�. Ah ! la chausse-trappe qui anihile l�avenir. Tout compte fait, le pire malheur ne serait-il pas dans cette absence de prescience, cette incapacit� � se projeter vers le futur ? Rachid Mimouni a une conception r�aliste de la litt�rature. Son style d��criture, � la fois clair et concis, rend ce dernier roman tr�s agr�able � lire. Il y a l� du mouvement, du rythme, du souffle, de l��motion, un verbe truculent quand c�est n�cessaire, des �tres tourment�s (les personnages), beaucoup de m�taphores, une force pr�monitoire dans les id�es... Le grand �crivain, trop t�t disparu � 50 ans, a laiss� � la post�rit� des livres majeurs et majestueux. En photo de couverture de la Mal�diction, il a le regard doux et tendre, mais, chose troublante, une tristesse infinie baigne ses yeux...
Hocine Tamou
Rachid Mimouni, La Mal�diction, Chihab �ditions, Alger, d�cembre 2012, 256 pages, 500 DA.


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