Organisée en faveur des personnes démunies et des jeunes issus de la troisième génération de l'émigration en France, la caravane de la fidélité est arrivée ce vendredi au port d'Alger. A bord du navire Tarik Ibn Ziyad, une quarantaine de moudjahidine de la Fédération FLN de France, d'enfants de chouhada et surtout des jeunes de la communauté algérienne résidant dans l'Hexagone. Une première initiative du genre. Rym Nasri - Alger (Le Soir) Il est 10 heures. Après 18 heures de traversée entre le port de Marseille (France) et celui d'Alger, le navire Tarik Ibn Ziyad accoste. Des coups de sirène l'avaient annoncé à l'entrée de la Baie d'Alger, quelques minutes auparavant. La fête était au rendez-vous en ce 5 juillet 2013, 51e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie et celui de la jeunesse. Les passagers ont eu droit à un accueil en fanfare avec des airs de zorna et bouquets de fleurs, en présence du ministre des Transports, Amar Tou, de celui de la Communication, Mohamed Saïd, et du secrétaire d'Etat chargé du tourisme et de la jeunesse et des sports, Belkacem Mellah. «Nous avons voulu clôturer le programme des festivités du 51e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie avec cette traversée organisée conjointement par le secrétariat d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger et de la direction générale de l'Entreprise nationale de transport maritime des voyageurs», dira Belkacem Sahli, le secrétaire d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger, à son arrivée au port d'Alger à bord du navire. Ainsi, un échantillon représentatif de la communauté algérienne établie en France a été choisi. Il comprend des moudjahidine de la Fédération FLN de France, des enfants de chouhada, des jeunes sportifs, des hommes du monde artistique, des hommes de culte et des jeunes de la troisième génération. «Cette caravane vise à marquer, encore une fois, l'attachement de notre communauté envers son pays», ajoute le ministre. Outre les billets gratuits offerts par l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), les heureux élus seront également pris en charge par les différents départements ministériels lors de leur séjour à Alger. Selon le P-dg de l'entreprise, Ahcène Grairia, la deuxième partie de ce projet est en «maturation». Elle consiste à proposer huit billets gratuits en fonction des places disponibles sur les traversées Marseille-Alger, et ce, jusqu'à octobre prochain. «Ces places sont destinées pour les personnes démunies et les jeunes de la troisième génération de la communauté algérienne à l'étranger», précise le P-dg. Zoheir, en visite pour la première fois Le jeune Zoheir Aziri, 22 ans, a bénéficié de ce voyage. Il en parle avec émotion. Résidant dans la région de Haute-Savoie, cet artisan plombier d'origine algérienne se rend en Algérie pour la première fois. «Je ne connais l'Algérie que par le nom, je ne suis jamais allé. Ce voyage est une opportunité pour moi et je l'ai accepté dès qu'on m'a proposé l'idée», dit-il. Visiter l'Algérie est pour lui une chose qui lui tenait à cœur. «J'avais envie de voir la terre natale de mon père et de ma mère et le pays qui m'est donné par mes deux parents», poursuit-il. Même si Zoheir n'a jamais mis les pieds en Algérie, ses parents lui ont tout de même inculqué la culture algérienne, les traditions ainsi que la langue. Une «rupture» que le jeune émigré impute à la dureté de la vie socioprofessionnelle de ses parents. «A l'époque, c'était très compliqué pour mes parents d'aller en Algérie en raison de leur situation. Ils étaient de simples ouvriers avec plusieurs enfants à charge et travaillaient énormément, même durant les vacances scolaires», explique-t-il.Toutefois, Zoheir ne dissimule pas sa joie et son excitation à découvrir son pays d'origine pour la première fois. «Je suis très excité et je n'ai pas dormi deux nuits de suite». D'ailleurs, poursuit-il, «je me suis senti en Algérie dès ma montée sur le bateau, tout y est d'ailleurs : la langue, les gens, l'emblème national. Je suis impatient d'arriver à Alger pour découvrir le pays dont mes parents me parlait dès mon jeune âge». Selon lui, c'est l'occasion pour visiter de nombreux sites, la région natale de ses parents, être en contact avec les Algériens, rencontrer sa grande famille, découvrir et nouer des liens, et surtout «rattraper le temps perdu». Il espère que ce voyage sera le déclic pour lui pour y revenir souvent, voire plusieurs fois par an. Comme les parents de Zoheir, ils sont nombreux, les émigrés, ceux qui ont pris le bateau, il y a des décennies et installés en France sans pouvoir revenir un jour au bled, faute de moyens, et faire découvrir la mère-patrie à leurs enfants et petits enfants. L'opportunité se présente aujourd'hui à travers cette louable initiative commune au secrétariat d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger et de la direction générale de l'ENTMV. Traversée à ambiance patriotique Tous les voyageurs de Tarik Ibn Ziyad ont été conviés à participer aux festivités célébrant le 51e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie à bord du navire. A midi, un déjeuner composé de plats du terroir a été offert aux passagers. Une manière de faire apprécier les spécialités algériennes avant le «grand voyage» dans le pays profond. Outre la collation offerte à cette occasion, le film retraçant le parcours du martyr Mustapha Benboulaïd a été également projeté en présence de l'acteur principal, Hassen Kechache. Un film qui a, d'ailleurs, suscité la curiosité et l'intérêt des voyageurs, notamment les jeunes émigrés qui se sont trouvés plongés dans l'histoire contemporaine du pays de leurs parents. Le soir, c'était autour d'un DJ que les voyageurs se sont réunis. Tout le monde était de la partie. Une ambiance de fête et de convivialité a régné dans le grand salon-bar du navire, transformé en la circonstance en un chapiteau pour la joie et l'allégresse. Le P-dg de la compagnie de transport, le commandant de bord, Malki, et tout l'équipage se sont pliés en quatre pour assurer aux «invités» d'un jour une agréable traversée. A minuit tapant, des feux d'artifice ont allumé le ciel bien limpide de la Méditerranée. Ils étaient lancés à partir du bateau sous les regards émerveillés des fêtards d'un soir bien particulier. Grâce au service assuré et à l'accueil chaleureux de l'équipage, la traversée a été une partie de plaisir et de joie pour les passagers. Sans doute, elle restera ancrée pour l'éternité dans l'esprit des jeunes de la troisième génération et des adultes qui les ont accompagnés lors de ce voyage. Un voyage qui se veut une passerelle entre les différentes générations d'Algériens des deux rives de la Méditerranée.
