Combattre le phénomène de contrebande de carburants qui «est désormais un problème tant sécuritaire qu'économique », comme l'a qualifié Daho Ould-Kablia dimanche dernier quand il évaluait à près de 25% la production nationale de carburants «gaspillée et exportée», ne semble pas prendre la même signification pour des membres de l'équipe à Abdelmalek Sellal. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - C'est ainsi qu'au moment où le gouvernement a pris un éventail de mesures à même de contrecarrer les contrebandiers dont la saisie de tous les moyens de contrebande du carburant, des biens des contrebandiers, ainsi que d'autres mesures au niveau des stations Naftal, un de ses éléments «nage» à contrecourant de cette doctrine. C'est ainsi que le ministre du Commerce, donc directement concerné par le dossier, estime que la parade efficace à même de venir à bout de ce phénomène est dans l'instauration des prix réels de ces produits sensibles. Dans un entretien accordé à notre confrère arabophone Echourrouk, jeudi dernier, Mustapha Benbada a plaidé pour l'alignement des prix des carburants aux seuils qui sont les leurs au Maroc où ils ont subi deux augmentations en une année. «Une fois le carburant au même prix au Maroc que chez nous, il n'y aura plus de contrebande», a-t-il argumenté, non sans évoquer le coût politique d'une telle mesure synonyme de suppression du soutien étatique à ce produit de première nécessité comme c'est le cas pour le lait, le pain et autres produits de base. «Il est politiquement difficile de l'appliquer», reconnaîtra-t-il, faisant cas de tentative dans ce sens de sa part. «Nous avons à maintes fois tenté de revoir à la hausse les prix des carburants d'un dinar, nous avons eu affaire à une très forte résistance», a-t-il dit. Et pourtant, en opiniâtre qu'il est, Benbada a estimé que l'application des prix réels pour les produits sensibles est impérative. «Je pense que la rareté de ce produit localement ne réside pas que dans la contrebande mais du fait que le Maroc a procédé à l'augmentation des tarifs de ses carburants à deux reprises en une année. Ce qui fait que la marge bénéficiaire des contrebandiers a doublé avec l'augmentation du nombre de ces derniers », a soutenu le ministre pour qui la contrebande s'est «démocratisée » avec pratiquement tout le monde qui pratique ce «métier». Mais Benbada se veut prudent, lui qui plaide pour une démarche graduelle avec, a-t-il affirmé, «un discours de vérité que doit tenir le pouvoir à l'endroit du citoyen» quant à «la nécessité de faire face à la réalité des prix de consommation». Car, pour lui, «il s'agit de défendre la protection de l'économie nationale». Et la contrebande n'est pas «l'apanage» des carburants puisque, a poursuivi le ministre du Commerce, touchant les produits alimentaires. Ainsi, selon Benbada, si la facture d'importation du pays s'élève à 28 milliards de dollars les six premiers mois de l'année en cours, c'est en grande partie en raison de la contrebande mais aussi du gaspillage. Et de citer les exemples du lait et du blé qui représentent à eux seuls 80% de cette facture d'importation. Deux produits qui font l'objet d'autres usages ; pour le lait, son utilisation dans les divers produits dérivés du lait, fromages et yaourts entre autres. Une facture qui constitue, selon lui, un «danger».