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Archimède, Al Qaradawi et la petite Sana
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 08 - 2013


Par Mohamed Lakhdar Maougal
(Parabole à l'adresse des responsables du système éducatif algérien).
C'est à Pont du Gard (France), cet été, non loin de l'ouvrage titanesque construit par un ingénieur de la légion romaine aux fins de circulation des hommes et de leur approvisionnement en eau potable de la région de la métropole Nîmes que j'ai eu la révélation. Plus modestement, ce serait plutôt la prise de conscience de ce que le génie humain a de puissant quand bien même il lui arrive quelquefois de se surpasser en barbarie. Et cela ne date pas seulement d'hier.
Cette prise de conscience, dois-je l'avouer avec humilité et non sans grand étonnement, je la dois à une enfant de cinq ans non révolus. Elle s'appelle Sana O... Actuellement, elle vit avec ses parents dans une banlieue parisienne. Non pas qu'elle soit native de son actuel lieu de résidence, mais Sana est née à Alger. J'ai bien dit à Alger, et à cette époque même où un prédicateur oriental servile, gravement malade, se faisait soigner et entretenir aux frais du contribuable algérien. Non, n'allez pas me faire avaler que vous n'en connaissez pas le prix. Il s'agit de cette contrepartie qui n'est autre que la caution que ce parasite prodiguait au pouvoir d'Alger pour participer à accréditer et à faire accepter une illusion de politique de concorde nationale. Celle-là même qui absout des criminels assassins tout en traitant par le mépris les victimes innocentes de la barbare décennie noire.
Jusque-là, rien de plus banal que cet épisode concernant ces prestidigitateurs ès théologies et ès «fatayate»(au sens littéral et au sens figuré, que les hauts responsables algériens ont contracté l'exécrable habitude de prendre pour maîtres à penser. Ces directeurs de conscience en coopération spéciale fort bien rénumérée nous rappellent cette sombre époque de ces volages et libertins monarques européens qui s'autorisaient de par leurs statuts à tous les abus en comptant sur de puissants cardinaux sans scrupules et corrompus pour se donner des allures de respectabilité et asseoir leurs pouvoirs despotiques. C'était bien avant la lumineuse époque du despotisme éclairé de Pierre le Grand, de la Grande Catherine et des rois de Prusse.
Ce «ftawdji», vous l'avez deviné, se nomme Al Qaradawi (littéralement en arabe cela signifie le prêteur et non le poète). Ce mufti vénal qui combat l'esprit de résistance par l'apologie de la servilité aux maîtres du monde a succédé à Mohammed Al-Ghazali (à ne pas confondre avec «Houjattou El Islam» Abou Hamed du même nom). Rappelons que ce dernier s'était autorisé à interdire aux Algériens d'enterrer le grand poète national Kateb Yacine, en Algérie, dans la terre de ses ancêtres pour laquelle il a combattu jusqu'à son dernier souffle, mais qui a également été le premier auteur de la fatwa autorisant le meurtre de tous ceux qui ne sont pas conformes à ses yeux avec la société, surtout quand ils sont libres-penseurs..
Venons-en maintenant au troisième protagoniste de cette sottie estivale. Il s'agit ni plus ni moins du célèbre savant métèque Archimède, l'inventeur de la physique prémoderne.
Comment donc ont pu se croiser trois destinées ? Rien ne pouvait se faire rencontrer, ni le temps, ni l'espace, ni les occupations, ni les préoccupations, trois personnages particulièrement significatifs comme un savant antique et inventeur, un inquisiteur borné et vénal et enfin une petite algérienne espiègle et pleine de ressources et de saines curiosités. C'est à cette petite gamine espiègle et particulièrement vivace d'esprit et de corps, que je dois cette histoire réelle que je vous raconte. J'étais de la caravane familiale que sa mère et sa grand-mère conduisaient à travers les régions de France et de Navarre pour se cultiver, se détendre et se préparer à la prochaine rentrée scolaire fort sérieuse.
La maternelle. Cette institution qui ne vous dit rien mais dont les compatriotes algériens de ma génération se rappellent encore. Elle a disparu du fait de quelques prétendus psycho-pédagogues qui confortèrent les responsables de notre institution scolaire dès l'indépendance dans l'idée qu'il fallait confier le monopole de la pré-éducation à la famille et à la mère, faisant ainsi à l'Etat l'économie de l'entretien de la petite enfance sous prétexte que les mères étaient donc disponibles et que cela ferait à l'Etat de substantielles économies sans se préoccuper pour le moins du monde des inégalités sociales scolaires que cela allait engendrer et provoquer dans le système éducatif.
Depuis trois années, la petite Sana a évolué dans l'institution scolaire du pays d'accueil de ses parents (ce dont nous aurons à reparler plus tard) entre les cours dans une classe aux effectifs raisonnables et les diverses et intelligentes activités d'éveil à l'école et au centre aéré, le mercredi après-midi. Nul doute que c'est cela même qui a éveillé son esprit, le mettant à l'abri des conditionnements infernaux que dictait le «ftawdji» assisté et entretenu et que ses adeptes ou peu intelligents ou seulement paresseux et en toute bonne conscience transformaient les cours les plus élémentaires, voire primaires en discours obscurantistes et apocalyptiques sur les «supplices du tombeau». Cependant, la petite Sana, avec les leçons de choses et les activités d'éveil, découvrait à Thiais dans le Val-de-Marne tout un univers de clarté et de subtilité dont sont privés, hélas, nos enfants comme la poussée d'Archimède, la loi de la pesanteur de Newton et même la balance de torsion de Gavendish.
C'est ainsi que dans le musée Ludo du Pont du Gard, destiné à sensibiliser les enfants visiteurs aux découvertes humaines et aux stratégies de préservation de l'eau de tout gaspillage, la petite Sana s'est arrachée brusquement à la vigilance de sa mère et de sa grand-mère pour se précipiter sur une maquette qui expliquait la distribution de l'eau et sa répartition par tout un système de canalisations et de pompes dont celle qui avait constitué l'objet de curiosité le plus attractif n'était autre que le mécanisme de remontée de l'eau pour lui conférer une puissance et une force devant lui assurer la meilleure et la plus efficace distribution. Ce mécanisme, «la vis d'Archimède» un mécanisme vieux de plus de deux mille ans, excitait encore la curiosité et l'intelligence aussi bien des adultes que surtout des enfants et dont Sana, avec un soupçon de malice, m'expliqua fort pédagogiquement le fonctionnement. Avec une roue et un tuyau en colimaçon, cette vis prenait de l'eau récupérée dans un petit bassin puis la faisait monter dans le tuyau à une hauteur lui permettant par la suite de descendre avec force. Ainsi, l'eau pouvait se répartir dans plusieurs canaux pour finir dans un bassin où s'exerce alors une poussée qui permettait à l'eau de s'engager de nouveau dans le tuyau qui, à son tour par un mouvement rotatif, lui imprimait une force montante la mettant au- dessus du bassin et de ce fait par les effets de la même loi du savant antique devait débouler avec force pour se répartir dans les canaux.
Le procédé, quoique complexe, demandait plus d'intelligence que de ruse. Archimède avait triomphé du légendaire Ulysse. L'un avait participé humblement et efficacement à aider l'humanité à vivre et à prospérer quand l'autre avait activement et diaboliquement détruit une civilisation. Et bien que sa théorie sur la poussée ait été contredite et combattue par la dogmatique, officielle et superficielle logique d'Aristote, la théorie de la poussée a abouti néanmoins à une loi universelle encore en vigueur cependant que la décatie et dépassée physique primaire d'Aristote condamnée à disparaître allait à son tour condamner à sa suite la science musulmane marquée par le formalisme rationaliste à l'inertie et au blocage pour cause du mimétique logique dogmatique. Mais de tout cela, Sana n'en a que faire pour s'encombrer la tête que ses enseignantes de Thiais lui veulent bien faite plutôt que bien pleine, alerte plutôt qu'inquiète, épanouie plutôt que mortifère. C'est maintenant que la parabole de cette histoire demande à être explicitée. Sana s'est retrouvée dans une école de Thiais dans le Val-de-Marne parce que sa mère, M..., docteur en médecine et spécialiste en hématologie, a été, comme beaucoup de compétences réelles qui survivent rarement au système universitaire médiocre et déliquescent qui est le nôtre, donc privée de poste pour lequel elle avait candidaté et brillamment réussi. Mais n'ayant pas de piston, elle a été sacrifiée pour une médiocre candidate recommandée et bénéficiaire de ce poste unique dans un grand hôpital de la capitale. Comme quoi, il n'y a pas que la «harga» qui libère les Algériens épris pour peu qu'ils soient pétris de dignité et épris de liberté. Mais, faut-il se soumettre à l'évidence, il y a aussi les victimes d'un système corrompu et corrupteur qui exile dans des institutions hospitalo-universitaires étrangères les brillantes compétences nationales victimes de la médiocratie gouvernante conseillée par les faiseurs de «fatawate». Ainsi, Sana ne sera pas cette victime de la voyoucratie médiocratique.
Sana qui découvre spontanément les lois d'Archimède, de Newton et de Cavendish ne sera pas victime de la sélection générique instituée et justifiée par l'Inquisition imbécile qui au XVe siècle condamnait les savants hardis disciples de Copernic et cette non moins imbécile Inquisition qui mène la guerre contre les poètes patriotes et les écrivains iconoclastes. Et tant mieux pour elle. Mais hélas, tant pis surtout pour son pays natal dans lequel elle reviendra, notre Algérie.
Je suis fort établi dans la certitude qu'elle reviendra, juste pour passer des vacances et pour se rappeler que le pays de ses ancêtres libres et fiers, les cavaliers amazighs chantés par Kateb Yacine, aura été transformé en quelques décennies d'épreuves en pays non pas des merveilles auxquelles d'ordinaire rêvent les petites filles mais en pays de zombis soumis aux cauchemars et aux injustices au goût amer.
M.L.M.
Vice-président du Conseil scientifique de l'Académie
(Acalan-Bamako/ Addis-Abeba).


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