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L'entretien de la semaine
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 08 - 2013


Leila Larbaoui, sociologue au soirmagazine :
«Pour le commun des Algériens, les vacances sont souvent liées au calendrier scolaire»
Par Zaid Zoheir
Dans cet entretien, Leïla Larbaoui nous apporte son éclairage sur la signification des vacances dans la culture des Algériens.
Le Soir d'Algérie :
En tant que sociologue, quelle est pour vous la définition des vacances ?
Leila Larbaoui : Les vacances sont une période de vacuité par rapport au travail, puisque les gens en profitent pour vaquer à d'autres occupations telles que voyager ou aller à la mer puisque généralement les vacances se déroulent en été, une saison d'effervescence physique et émotionnelle où toutes les envies prennent vie : voyage, plage, balades, veillées, vie de bohême pour les campeurs, etc. En Algérie et pour le commun des Algériens, les vacances sont d'abord des vacances scolaires, et ce qui a toujours marqué les esprits, c'est ce lien viscéral avec le calendrier scolaire que ce soit sur le plan linguistique et étymologique ou bien conceptuel et connotatif.
Sans recourir à une quelconque justification chiffrée, on relève que les Algériens sont moins intéressés par les vacances depuis quelque temps. Du moins, on constate que proportionnellement, ils s'empressent moins et planifient rarement leur congé sous le soleil. Qu'en pensez-vous ?
Pour répondre à cette question, il faut prendre en ligne de compte plusieurs paramètres aussi importants les uns que les autres. On notera entre autres, et c'est à mon sens le facteur le plus déterminant dans cette histoire, que les vacances ne sont pas un acte individuel que dans leur apparence, en réalité, et quoi qu'on dise, elles sont tout, sauf un acte individuel et délibéré — j'exclus pour des raisons objectives les nantis qui disposent d'une marge de manœuvre assez étendue leur permettant une panoplie de choix énormes et variés. Etant donné qu'elles sont planifiées par l'Eat, d'aucuns diront que cela relève même des prérogatives de celui-ci pour ne pas voir tout le monde partir en vacances en même temps et engendrer par-là même une anarchie et exposer le pays à une éventuelle paralysie totale. Sauf que ceux-là doivent se mettre en tête également que l'Etat est responsable aussi de la mise en pratique des projets de vacances par le pouvoir d'achat qui réorganise la liste des priorités pour chacun d'entre nous. Et quelques mots, tels que vacances deviennent fantasmatiques, utopiques et quelquefois sarcastiques et quittera d'emblée et avec fracas la sphère des rêves, obligeant les individus à sacrifier leurs vacances de sorte qu'elles se réduisent à une période de suspension du travail officiel et vaquer à d'autres occupations comme le bricolage, la préparation de la paperasse pour des dossiers réels ou éventuels ou mieux encore le travail au noir. En outre, l'aspect culturel n'est pas absent dans cette problématique pour diverses raisons. En effet, l'idée de prendre des vacances reflète déjà un certain niveau culturel et intellectuel qui fait appel à un style de vie concomitant, sauf que l'ouverture de l'Algérien moyen n'est pas confisquée uniquement par la fragilité de ses finances mais aussi à un degré moindre par un climat scolaire et universitaire peu propice à l'épanouissement par les voyages et le tourisme. Notons au passage que le mot tourisme est synonyme dans les esprits des Algériens de frivolité, manque de sérieux, pratique mercantile, etc. Même la classe moyenne ou pour être plus exactement quelques-unes de ses franges représentées par les enseignants universitaires se voient quelquefois menacées par la disparition des bourses à l'étranger sous prétexte que cela participe dans la dilapidation des devises, ou que le voyage à l'étranger n'est plus une nécessité à l'ère d'internet alors même que la classe universitaire devra impérativement rester en contact avec cet étranger et notamment les pays occidentaux producteurs de savoirs. Et enfin rajoutons à tout le reste la faiblesse de nos infrastructures en termes de tourisme et, quand elles existent, elles souffrent de délabrement.
A maintes reprises, leurs prix exorbitants ont fait que le citoyen préfère une formule plus simple et pas coûteuse, un petit plan en somme, à savoir l'équation : parasol+sandwich+la grande bleue.
Socialement parlant, les Algériens, à l'affût des facilités bancaires pour l'acquisition de véhicules, ou des formules avec intérêt pour jouir d'un logement décent, ne sont pas autant de facteurs qui les éloignent de l'idée de «changer d'air» et de mettre parasol et bagages dans la caisse arrière de leur automobile et fuir. Qu'en pensez-vous ?
Certes, les priorités de l'Algérien moyen sont claires et connues de tous ; tant que celui-ci n'aura pas ce qu'il évaluera comme produits de la vie moderne mais pas seulement, car ils représentent sur un pied d'égalité la sécurité sociale en termes précis, le logement et le véhicule, l'Algérien restera inerte et cela sur tous les plans, car le gîte et la mobilité se répercutent indéniablement sur le bien-être qui réduira l'étendue du malaise social, et la malvie, intensifiera les liens sociaux et mettra en échec le cantonnement et le cloisonnement responsables, parmi d'autres causes de la discorde sociale, réduira le fossé entre classes sociales et servira de soupapes pour éviter une probable fissure ou cassure sociale. L'Algérien, même de condition modeste, est un grand voyageur, pourvu qu'on lui donne cette chance et on était témoin du boom touristique des années 80, quand l'Etat a joué le jeu, on a vu des familles entières se rendre en Tunisie ou en France, et c'est resté leur seul lot de souvenirs.
Au plan touristique, les tarifs un peu élevés, du moins assez ruineux, pour les bourses moyennes, ne contribuent-ils pas, à leur façon, à faire fuir les touristes, sachant que vacances riment avec hébergement et propreté, pour ne citer que ces deux paramètres essentiels. Quelle est votre analyse sur cette situation ?
Il est déplorable de constater que dans le monde, et on n'a pas attendu la crise économique pour oser le faire, on a pu contrecarrer ce genre de problème, ailleurs en développant des formules «low coast» en matière de voyages, d'hébergement de nourriture et de transport la dernière en date, le covoiturage où un ensemble de citoyens par le biais de la Toile se concertent et prennent une seule voiture pour se rendre à leur lieu de destination alors qu'on semble ignorer tout cela chez nous. C'est la responsabilité des spécialistes œuvrant dans ce domaine, agences de voyage, organismes de tourismes, compagnies de transport aérien et j'en passe... qui, dont l'appât du gain, ne doit pas être leur seul souci devraient penser en parallèle au bien être de leur concitoyens et consacrer une réelle et authentique culture de voyage et de vacances qui ne rime pas forcément avec trabendisme et des destinations phares qui se comptent sur les doigts d'une main : Turquie, Dubai, Chine.
Quelle alternative proposez-vous ?
Je ne pense pas être en mesure d'apporter des solutions vu que je ne suis pas une professionnelle de ce secteur, mais en tant que citoyenne et en ma qualité d'enseignante de sociologie, intéressée par le quotidien des Algériens, je peux faire quelques modestes suggestions qui ne tomberont peut être pas dans l'oreille d'un sourd et porteront un éclairage à cette question. Pour traiter de ce phénomène, il est préférable d'avoir plus d'une corde à son arc, parce que les vacances des Algériens doivent relever d'une politique et ne devront pas être recalées dans la sphère privée, et ce n'est pas une mince affaire, comme peuvent prétendre quelques opinions niaises, dès l'instant qu'elles seront classifiées dans la case du bien-être.
Et n'exagérons rien de la santé publique, car un pays qui n'offre pas des espaces de détente pour ces citoyens, qui continue seul et contre tous à bâtir des cités dortoirs prétextant l'urgence, qui flagelle le sens esthétique existant et tue dans l'œuf le moindre penchant écologique est un pays qui fait fuir, et notre pays est malheureusement un modèle en la matière.
Aux ministères du Tourisme, de l'Economie, de la Famille et la Solidarité nationale de la Santé de coopérer pour prendre en charge les besoins de leurs compatriotes.
Quant aux professionnels aidés par les mass média, le sponsoring étatique, privé et relevant du mécénat, il leur incombe la tâche d'inculquer aux Algériens cette culture au lieu de s'adonner à la consommation d'objets sans grande utilité et de se tourner vers un autre créneau plus bénéfique, celui du tourisme sans que cela implique nécessairement un déplacement à l'étranger avec des budgets faramineux.
Il nous reste un tourisme local, qui devrait être maîtrisé avec le potentiel haut en couleur dont l'Algérie dispose et qui peut rendre envieux plus d'un. Et comme dit le bon vieil adage : «il vaut mieux faire envie que pitié.»


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