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Enseignement
Cours de soutien ou cours payants clandestins ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 10 - 2013


Par Ahmed Tessa, pédagogue
Essai de définition :
«Finissons une fois pour toutes de parler de cours de soutien pour qualifier les cours payants clandestins.
Les cours de soutien sont pédagogiquement utiles quand ils sont personnalisés et les difficultés ciblées par un diagnostic minutieusement établi par l'enseignant. Ils s'inscrivent dans le cahier des charges des établissements scolaires. Ils figurent dans les emplois du temps des élèves dans la rubrique remédiation pédagogique. Une remédiation conçue comme étant une mission sacrée chez les enseignants consciencieux. On les appelle aussi cours particuliers lorsqu'ils sont dispensés, à domicile, par des retraités ou des étudiants à des groupes restreints de deux ou trois élèves en difficulté. Ce petit nombre permet cette évaluation diagnostic et cette remédiation (soutien) personnalisée.
En Europe, dans certains pays (France et Grèce notamment), il existe des boîtes de cours de soutien encadrés juridiquement (registre du commerce) et émargeant au fisc, ce qui n'est pas le cas en Algérie.
Quant aux cours payants clandestins, ils participent à l'évasion fiscale au même titre que les fraudeurs de tout acabit qui saignent l'économie du pays. Ils alimentent le bachotage, pratique anti-pédagogique, qui sert d'entraînement intensif aux exercices types donnés à l'examen. Ces cours payants distillent, à petites doses, auprès de l'élève le virus de la corruption. Dès son jeune âge, l'enfant saura qu'avec l'argent, il peut tout acheter : la complicité de son enseignant(e), le savoir, la bonne note, voire même le parchemin de la réussite scolaire. Ce fléau installe chez l'élève les reflexes de l'assisté. Ainsi, le fléau des cours payants étouffe en l'élève le sens de l'initiative et de la responsabilité et le prive de tout esprit critique.
A titre indicatif, à la session du bac de juin 2012, c'est un lycée de montagne qui a eu la palme de 100% de réussite. Celui d'Aït-Zmenzer, bourgade montagnarde au flanc du Djurdjura. Dans cette contrée, il n'existe ni cours payants ni ‘'en... saignants''/commerçants, seulement des amoureux du métier, des éducateurs au grand cœur, des parents vigilants et mobilisés.
C'est là la meilleure recette éducative pour motiver les élèves et leur donner le goût des études pour s'épanouir et non pas seulement pour réussir à l'examen. Ces comportements d'éducateurs atténuent grandement l'angoisse et la peur de l'échec scolaire.»
Le dumping pédagogique
C'est grâce au dumping économique que la Chine et l'Inde concurrencent, voire dépassent en compétitivité les grandes puissances occidentales. De grandes marques occidentales s'y mettent aussi, en délocalisant leurs usines vers des pays corvéables à merci. Toutefois, par une législation drastique dictée par leurs Etats et les organisations internationales, ces marques font machine arrière. C'est quoi le dumping ?
C'est la pratique honteuse d'exploiter la main d'œuvre (faibles salaires, pas de sécurité sociale et pas de retraite) pour produire et écouler sa marchandise à moindre prix par rapport au concurrent. Au finish, l'objectif consiste à engranger des profits exorbitants. De l'argent sale, en somme, «gagné» sur le dos des pauvres petites mains.
Existe-t-il un dumping pédagogique ? Malheureusement oui ! Il est inventé dans certains pays qui font de la compétition scolaire l'une des missions de l'école et l'unique préoccupation des élèves et de leurs parents. Mais où est le rapport entre un(e) enseignant(e) – censé être un(e) éducateur (ice) – et l'argent sale du dumping ? Tout simplement dans l'esprit cupide et l'irrésistible désir de s'enrichir vite et sans sacrifice. C'est ce même état d'esprit qui anime et les promoteurs du dumping économique et leurs comparses du dumping pédagogique.
Comment ce dumping peut-il sévir au sein d'une communauté éducative alors que les enseignants émargent au budget de l'Etat en tant que fonctionnaires nantis de la sécurité de l'emploi et de la couverture sociale universelle ? Hormis le profil vorace et sans scrupule de ses promoteurs, ce fléau se nourrit aussi de l'angoisse suscitée par le système scolaire chez les parents et leurs enfants. Un climat anxiogène s'installe dans les familles et les salles de classe dès la première année du primaire. Un climat qui monte crescendo en intensité, et ce, la scolarité durant. Cette angoisse parentale s'explique par les effets néfastes induits par les dispositifs pédagogiques (évaluation, méthode d'enseignement) mis en place par l'école en guise de stimulants pour motiver les élèves, les amener à travailler et motiver leurs familles à les suivre. Pure illusion ! Ce climat anxiogène se décline en une peur de l'échec, de la réprimande si ce n'est de la punition, de la mauvaise note, d'une moyenne en dessous de la norme imposée arbitrairement (le fameux 10/20), le redoublement ou l'exclusion pour cause de non-réussite à l'examen de fin de cycle (primaire, moyen et secondaire).
Ces ingrédients pseudo-pédagogiques heurtent la frêle carapace psychologique des élèves. Les plus fragiles en sont traumatisés. Par leur nocivité, ces ingrédients s'opposent aux exigences d'une saine éducation adaptée aux besoins et aux capacités de l'élève.
Pour rappel, il y a lieu de souligner que ces dispositifs pédagogiques (compositions, devoirs, examens de fin de cycle, classements..) remontent à la période antique de la pédagogie, au Moyen-Age, chez les Jésuites notamment. Des pays conscients des dérives d'un tel système d'évaluation ont opté pour des modalités plus pragmatiques, en phase avec les besoins des élèves. En Finlande, meilleur pays au monde pour la qualité de son système scolaire, les notes ne sont pas de mise jusqu'à ce que l'élève arrive au collège.
Le dumping pédagogique existe-t-il en Algérie ? Malheureusement oui. Il a commencé à prendre de l'ampleur au début des années 1990. Mais, Dieu merci, il ne concerne pas la totalité des fonctionnaires du secteur. La majorité de nos enseignants est dévouée à la noblesse du métier. Ils ont le sens de l'éthique professionnelle. Leur personnalité rehausse leur image dans le cœur de leurs élèves. Ce sont des enseignants/éducateurs.
Certains tentent de minimiser la chose alors que le phénomène devient un méga-phénomène, nullement éloigné du fléau social. C'est que l'esprit qui oriente ces «en... saignants»/commerçants n'est pas du tout sain. Il s'abreuve, à la source, de la voracité et de la cupidité. En tant que fléau, nous devons cerner ses dérives, ses nuisances.
Pratiques maffieuses
A cet effet, nous citerons un reportage du journal égyptien Al-Ahram, en 2007. Il est d'actualité en Algérie puisque des enseignants/commerçants algériens ont emboîté le pas à leurs collègues du Nil.
On y apprend qu'au pays des pharaons, le fléau du business des cours payants remonte aux années 1960-1970. Il a fini par donner naissance à une véritable «maffia», qualifiée ainsi par les médias et les officiels égyptiens. Elle sévit dans les établissements scolaires égyptiens. Une maffia qui a fini par dompter la rigueur de la réglementation au point où le gouvernement et le Parlement de ce pays ont reconnu leur incapacité à l'éradiquer (c'était en 2006). Pour ameuter les clients vers leur commerce, ces enseignants/commerçants usent de tous les stratagèmes. «Je n'ai pas le temps de vous expliquer le cours en classe. Les programmes sont trop chargés. Venez chez moi prendre des cours supplémentaires.» D'autres tendent la carotte des bonnes notes à obtenir en classe, les compositions et devoirs étant déjà réalisés en séance payante. C'est en ces termes que la plupart des enseignants argumentent. Une parente d'élève, pharmacienne de profession, s'insurge devant «ce racket organisé qui prend en otage élèves et parents.»
Le reportage reprend le cas d'une écolière battue sauvagement par son enseignant au motif que ses parents refusent de l'inscrire à ses cours payants. Une scène qui a ému l'opinion publique égyptienne. Questionné sur ce fléau, un universitaire cairote souligne le laxisme dans le recrutement des futurs enseignants. Il propose d'évaluer le profil moral des postulants et leur capacité à bien communiquer. Selon lui, la surcharge des programmes est exagérée «puisque les programmes sont universels dans les disciplines scientifiques et techniques (maths, physique, chimie, sciences, technologie, comptabilité...)». N'est-ce pas une forme de corruption quand l'enseignant et son élève s'apprécient et se voient mutuellement en billets de banque (en client) et en commerçant ? Que devient la relation noble de confiance et de respect entre l'éduqué et l'éducateur ? Où va cet argent qui échappe au fisc pour atterrir dans des réseaux maffieux de blanchiment d'argent sale ? Al-Ahram a cité le chiffre de 7 milliards de livres égyptiennes brassés par cette maffia new-look. C'était en 2006, depuis le chiffre a dû tripler. Quand on sait l'utilité du fisc dans la redistribution, par l'Etat, des richesses et l'amélioration des conditions de vie des citoyens – les salaires des fonctionnaires entre autres – on peut conclure que cette maffia des cours payants contribue à l'appauvrissement du pays. Tout en enrichissant ses auteurs. Il faut souligner le laxisme – si ce n'est la complicité – des pouvoirs publics en charge de réprimer les fraudeurs du fisc et d'appliquer la loi de l'interdiction pour tout fonctionnaire de l'Etat d'exercer une activité lucrative. Un ministre égyptien a reconnu que 100% des établissements du secondaire fermaient à 13h, de façon illégale : un diktat des enseignants/maffieux sur les chefs d'établissement.
Le témoignage d'un d'entre eux a de quoi faire frémir : «Je sais que cette fermeture est illégale, mais je n'ai pas le choix, tous les élèves sortent pour rejoindre leurs professeurs dans d'autres endroits où ils prennent des cours payants.» Et les services des impôts aveugles et indifférents devant des bâtiments neufs avec comme enseigne : COURS DE SOUTIEN. Un commerce illégal et clandestin, non répertorié dans le registre du commerce. Le fisc volé à la barbe et au nez de ses serviteurs. Et ces policiers qui ne s'inquiètent pas en voyant s'engouffrer et sortir d'un garage ou d'un bâtiment, à une heure avancée de la nuit, des dizaines d'enfants et d'adolescents ? Le laxisme de ces autorités devant le scandale des cours payants donne une piètre image de l'autorité de l'Etat. Un état de fait qui encourage la maffia dans son œuvre diabolique : inoculer le virus de la corruption dans des esprits en formation. Pour quel projet de société ces derniers sont-ils ainsi préparés ? A celle de la jungle où le riche domine le pauvre.
A. T.
N.B : Dans tous les pays du monde, il y a une loi universelle qui interdit à tout fonctionnaire de l'Etat d'exercer une activité rémunérée en dehors de celle pour laquelle il est salarié. L'exemple nous vient des Etats-Unis, la patrie de l'ultralibéralisme où l'argent est déifié. Suite au blocage budgétaire de la fin de ce mois de septembre, 800 000 fonctionnaires américains ont reçu leur lettre de mise en chômage technique sans compensation financière. A leur grande surprise, ils découvrent que la missive stipule aussi qu'à titre de rappel, il est strictement interdit à tout fonctionnaire d'exercer une activité lucrative sous peine de lourdes sanctions.
Partant du principe que tout fonctionnaire se doit d'honorer un code d'éthique et de déontologie, il est évident que ceux qui le trahissent sont passibles de poursuites judiciaires. On l'a vu avec la fraude fiscale lourdement stigmatisée dans les pays européens.
(Cet article est un extrait du Guide de pédagogie éducative Que faire ? – une publication à paraître).


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