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Tendances
Danse avec les mots
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 12 - 2013


Youcef Merahi
[email protected]
Les mots régentent ma vie, portent en eux mes rêves les plus fous, indiquent à mon regard les travers du pays, le mien, et s'évertuent à opposer à mes angoisses le dur désir de durer de – ô combien — d'écrivains, d'ici et d'ailleurs. Les mots sont un refuge, pour dire l'état et la fonction du moment. Ils forment le vecteur fondamental de la communication, pour éviter la mutité et le silence. Plus les mots s'appauvrissent, plus ils disparaissent du champ lexical et plus il est fait recours au génie de l'Autre. Nous utilisons à longueur de journée des mots où la mixité est une facilité de parole, quand tout simplement, nous fabriquons notre pensée à l'aide des mots d'autrui. Ce que je fais, en ce moment. J'emprunte (c'est plus qu'un emprunt, c'est une nécessité vitale) des mots, fatalité historique, seconde nature, au «maître d'antan» pour vous proposer cette danse des mots.
A, comme Algérie. Algérie, pays de Massinissa, du million de martyrs, de l'émir Abdelkader, de la guerre de sept ans, de la Mitidja, du Sahara fécond en richesses, de mille deux cents kilomètres de littoral, des montagnes du Djurdjura, de Constantine l'altière, d'El Oued aux mille coupoles, du fier pays chaoui, de trente-six millions d'âmes, de la Méditerranée, de l'auguste olivier et pays des Algériens. V'là pour le côté carte postale ! Mais aussi, pays qui se shoote au pétrole, qui sniffe son gaz naturel, qui bétonne ses terres agricoles, qui se «gérontocratise», fi de la jeunesse qui brûle sa vie au gré des humeurs de la mer et des passeurs de tous acabits, qui se «dodanise», qui fuit vers l'avant, qui «papivorise» son administration, qui virtualise sa politique et qui «sinistrose» son quotidien.
B, comme Boumediène. Colonel. Oujda. Armée des frontières. Est. Ouest. Equilibre régional. Programme spécial. Craint. SM. Regard courroucé. Dit «le Suédois». 19 juin 1965, redressement révolutionnaire. Exit Ben Bella. Mis hors circuit. Aux oubliettes. Service national. Barrage Vert des bidasses. Charte nationale (dite aussi «tarte nationale»). Conseil de la révolution. Enigme politique. Front du refus. Quararna. Nationalisations, fierté du peuple. Décès subit. Maladie incompréhensible. Empoisonnement ? El Alia, cimetière des grands. «Ayna nadjid el-kalimat (les mots) ya Boumediène ?»
C, comme clan. Le plus célèbre, attesté par les historiens, fourre-tout politicien, est le «clan d'Oujda».
D, comme Districh. Qui de nous s'en rappelle ? Ainsi que toutes ces sociétés nationales qui ont fini de «sonner». C'est quoi déjà comme entreprise ? Celle de la Gestion socialiste des entreprises. G.S.E, pour faire court. Comme la Sonacome. La SNVI. ça a cessé de sonner, de partout. Et ça a sonné le glas du monopole. Vente concomitante : une pochette de café, à condition d'acheter avec une paire de serre-joint. Oui, c'est historiquement vrai, comme l'étaient les Souks-el-Fellah. Et les villages socialistes. Reste la Sonatrach : nous sommes à quel chiffre, au fait ?
E, comme enfance abandonnée. L'adoption n'est pas permise par le droit musulman. Oui, pour la kafala. Une forme hypocrite de l'adoption. Passons. Une question à un douro : jusqu'à quand ces enfants supporteront-ils l'erreur d'adultes inconscients ?
F, comme Feraoun. Mouloud de son prénom, instituteur, pédagogue, il a laissé une œuvre qui dérange encore, de nos jours. (D)écrire son village a été perçu comme une faiblesse de la part de cet écrivain. Comme si on ne pouvait pas prétendre à l'universalité en partant de taddert ! Par ailleurs, on n'arrive pas à parler de Feraoun, sans lui accoler le nom de Camus. Comme s'il y avait une filiation parentale. Je ne saisis pas encore ce jeu. Malsain, il l'est assurément.
G, comme gaz. Pas celui que nous consommons, déjà. Que nous exportons, surtout. Il y a l'autre gaz. Celui de la roche ! Notre sous-sol en regorge, semble-t-il. Il est question de le percer et de le rentabiliser. Voilà, encore, une autre rente qui va obscurcir l'avenir d'une autre génération. (N.B. La girouette ne tourne pas, me dit un philosophe de village, seul le vent change de direction. Juste, pour un autre «G».)
H, comme histoire. Une autre question à un douro : faut-il l'écrire ? Et l'enseigner à nos enfants ? Laquelle ? Notre histoire ? Ou vos histoires, messieurs les dirigeants ?
I, comme immolation. Les bonzes, lors de la guerre du Viêtnam, ont lancé cette forme suprême de contestation. S'asperger d'essence, craquer une allumette ou un briquet, et flamber dans d'atroces souffrances. Le jeune de Sidi Bouzid, en Tunisie, est parti, pour rien. Comme les nôtres, d'ailleurs. La révolution du jasmin ? Mon œil, oui. Parole de journalistes occidentaux, en mal d'exotisme. La révolution tunisienne sent la harissa salafiste à plein nez. Alors, basta avec l'essence et le feu : ne faites pas plaisir à ceux qui vous empêchent de vivre votre vie, vivez-la pleinement et gâchez-leur leur koursi.
J, comme jacobin. Il faudra bien, un jour, que les partisans d'une démocratie centralisée revoient leur copie. Et si chacun jardinait son jardin, à sa manière ! L'Algérie jacobine n'est plus de mise. On est nombreux à le penser. Passons à une autre forme de l'Etat !
K, comme Kateb. Ils étaient deux, Mustapha et Yacine. Morts le même jour, si ma mémoire est bonne. Nedjma illumine toujours le ciel de la littérature algérienne. Intemporelle. Géniale. Algérie. Femme aimée. On peut aimer un pays, comme on aimerait une femme. Yacine, écrivain turbulent. Mustapha, comédien racé. Ils manquent à l'Algérie.
L, comme légitimité. Rappelez-vous de ce mot d'ordre de légitimité. Il a fait fureur dans les années soixante-dix. Désormais, d'autres légitimités constellent le ciel de notre pays. Fils de... Beau-frère de... Neveu de... Frère de... Né à... Terminez, pour moi, le listing. Merci.
M, comme malfaçon. On se rend compte en Algérie, sabah el-khir, que les containers qui transitent par nos ports ne contiennent pas seulement une marchandise saine. On peine à s'en rendre compte, sauf qu'avec les derniers accidents domestiques dus au monoxyde de carbone, on commence à se poser des questions. La khorda rentre chez nous, en toute liberté. Faut-il fermer les boutiques du Hamiz, à une encablure d'Alger ?
N, comme nanotechnologie. Nanotechnologie : l'avenir de l'Algérie. Quid de l'agriculture ?
O, comme œil. Mon œil pour certaines déclarations de certains ministres algériens. J'y reviendrai, s'il le faut, prochainement.
P, comme pétuner. J'emprunte ce verbe à Bernard Pivot. Le pétun fait un tabac dans notre pays. On le fume par la bouche, c'est du doukhane. On le fume par le nez, c'est de la chemma retba. On le place sous les lèvres, c'est de la harcha. D'autres pétunent comme ils le peuvent : de poésie, de harga, de drague, de frime, de boulitique, d'errance du sur-place...
R, comme rameur. Ils sont nombreux ceux qui rament à contre-courant de leur réalité. Qui radotent. Qui se la ramènent. Qui rapportent comme des sloughis. «R», comme air. De l'air !
S, comme soliloque. Titre d'un recueil de poésie de Kateb Yacine. Beaucoup d'entre nous soliloquent, en s'entendant parler à soi-même.
T, comme tartuffe. J'en rencontre, en ce moment, des grands, des petites, des ronds... (Un peu comme dans la chanson de Pierre Perret) qui me pompent l'air. Alors, prenez votre mouchoir et passez votre route.
U, comme ulcérer. L'Algérien l'est du matin au soir. Pour un oui. Pour un non. Une épaule cogne, malencontreusement, une autre et, hop, il «s'ulcérise». Pour tout. Pour rien.
V, comme vacuité. Faire le vide, c'est salutaire. Mais être dans un état de vacuité, c'est titiller la mélancolie qui appelle une thérapie.
W, comme wahhabisme. Doctrine politico-religieuse imposée à coups de milliards de pétrodollars et à coups de lavage de cerveau. Elle est désormais à demeure.
X, comme l'avant-dernière lettre de l'alphabet. On aurait pu se passer de celle-ci. Franchement, elle ne sert qu'à indiquer un certain type de films.
Y, comme Yamaha. Je pense à Moh Yamaha, ce supporter du CRB, assassiné par les intégristes algériens. Personnage d'un roman de Rachid Boudjedra.


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