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L'entretien de la semaine Dr Larbi, sociologue de la faculté des sciences sociales de l'université d'Oran, au soirmagazine :
«Les personnes avares sont le produit de leur parcours et de leur éducation»
Dans cet entretien, Dr Larbi Mehdi analyse les profils sociologiques des personnes radines ou avares. Il revient aussi sur le sens donné à l'épargne et à la privation. Soirmagazine : Y a-t-il une différence entre une personne avare et radine ? Dr Larbi Mehdi : Non, il n'y en aucune, ce sont des personnes qui développent un désir et un amour excessifs de l'argent et ne pensent qu'à l'entasser. Elles sont très attentives aux prix des objets car les dépenses ne sont pas de leurs habitudes. Pourquoi devient-on radin ? Y a-t-il des traits de caractère qui peuvent être décelés dès l'enfance ? Oui, en effet, il existe des caractéristiques particulières qui distinguent les personnes avares de celles qui ne le sont pas. Cela est le produit de leur parcours et de leur éducation. C'est un choix adopté pour vivre, et cela est en rapport avec tout ce que la personne a vécu dans sa vie. L'environnement familial a-t-il un rôle dans ce comportement ? Considérant la famille comme le premier foyer qui transmet l'éducation aux enfants, il est fort possible qu'une famille radine peut reproduire chez l'enfant les mêmes habitudes et les mêmes pratiques qu'elle conçoit. C'est un processus qui s'opère chez l'enfant quand les parents lui refusent continuellement ce dont il souhaite, comme avoir des jouets, des vêtements ou des sorties. C'est un exemple, et ces habitudes peuvent jouer un rôle dans le développement de la personnalité de l'enfant pour devenir dans le futur un homme radin. Quand l'avarice est-elle pathologique ? L'avarice, comme habitude et comme comportement, peut devenir pathologique quand les personnes se privent des choses et des objets nécessaires à leur vie. Imaginez un radin en face de la maladie de son enfant ou de sa femme et qu'il n'arrive pas à dépenser de l'argent pour acheter des médicaments et prendre soin de ses membres afin qu'ils guérissent. Imaginez qu'un couple découvre que l'un deux, époux où épouse, soit radin(e), comment vont-ils continuer à vivre s'ils n'ont pas les mêmes habitudes ? Si l'un d'eux veut manger au restaurant, l'autre commence à s'inquiéter pour l'argent qui va sortir de sa poche, il finira par gâcher la soirée. C'est impossible de supporter une personne radine, et ce ne sont que des personnes qui ne sont pas conscientes du phénomène qu'elles peuvent vivre avec des radins. Que faire pour bien vivre avec ? L'avarice est une pratique qui empêche de construire les relations sociales avec les proches où avec les amis(es). On ne peut pas partager notre vie avec autrui quand on est atteint de «la maladie de l'argent». Celle ou celui qui est avare ne peut vivre que dans la solitude, car personne ne peut le supporter aussi bien au niveau de la famille qu'au niveau des copains(ines) Quel est le rôle de l'entourage pour pouvoir s'y faire ou aider cette personne ? Je crois que c'est un travail très difficile à faire sur soi. Ce n'est pas évident de se débarrasser de cette tare, je dirai plutôt pathologie. Cela dit, les proches peuvent montrer qu'il existe une dépense rationnelle, et l'argent n'est en fin de compte qu'un moyen matériel pour s'équiper des choses nécessaires, et aussi un moyen offert à une personne pour bien vivre.