L'élection présidentielle de 2014 suscite autant d'intérêt et d'engouement à l'étranger qu'en Algérie. Les Algériens du Canada ne sont pas en reste; ils ont commencé à voter par anticipation, le samedi 12 avril. Plus de 14 000 Algériens sont inscrits sur les listes électorales des représentations diplomatiques algériennes au Canada. Trois bureaux de vote ont été ouverts pour la circonstance, deux au consulat algérien de Montréal où se concentre la majeure partie de la communauté algérienne installée au Canada et un à Ottawa au sein de la section consulaire de notre ambassade. Rencontré au centre de vote de Montréal, le consul général d'Algérie au Canada, M. Abdelghani Amara nous a assuré de la bonne préparation logistique pour la réussite du scrutin mais il a insisté, surtout, sur la neutralité de l'administration afin d'éviter tout traitement de faveur pour quelque candidat que ce soit. «Nous avons veillé à la bonne tenue de cette élection grâce à une organisation administrative adéquate pour permettre le bon déroulement du scrutin tout en faisant une campagne de sensibilisation envers les citoyens inscrits sur la liste électorale pour qu' ils puissent accomplir leur devoir national», nous a-t-il déclaré. Le directeur de communication du candidat Benflis, M. Brahim Gater, a fustigé toute tentative de confiscation du pouvoir par la fraude. «Il faudrait arrêter le génocide politique de notre pays, le mur de Berlin n'existe plus. Une nouvelle stratégie géopolitique trame tranquillement autour de l'Algérie. Il faut gérer nos politiques de réforme et de transition vers la démocratie et une société des libertés dans un contexte ordinaire et éviter les situations extraordinaires qui peuvent provoquer des scénarios de violence», nous a-t-il dit. Il a également appelé à la vigilance pour préserver le choix du peuple car pour lui, «la fraude est un exercice sportif du pouvoir aux commandes du pays. Ce pouvoir pourrait frauder cette fois encore, car on ne peut éduquer un régime qui a triché durant 50 ans». Ce constat n'est pas partagé par la représentante au Canada du candidat Bouteflika, Mme Berrefas Rachida, qui semble plus confiante quant à l'issue du scrutin. Pour elle, le choix du peuple sera respecté tout en se disant satisfaite de la neutralité de l'administration. «Nous sommes mobilisés pour une forte participation de la population à cet important rendez- vous électoral. Nous appelons tous les Algériens à aller voter», conclut-elle . M. Belbachir Boumediène, venu accomplir son devoir électoral, a mis en valeur la voix de chacun car, dit-il, «le scrutin se joue parfois, à quelques centaines de voix près. Le vote a toujours de l'effet». Présente également sur place, Mme Ferkatou Zohra se montra plus sceptique. Elle n'a pas caché sa méfiance envers l'administration algérienne. «Il faut bien voter bien qu'on ait perdu confiance dans le système. Ceci étant, on doit penser à notre pays. On ne veut plus revivre la décennie noire des années 1990 car c'est à cause d'elle que nous sommes ici et que nous avons quitté nos proches et nos demeures», nous répond-elle d'une voix pleine d'émotion. Ce n'est que le premier jour de l'élection, l'ambiance qui règne dans les bureaux de vote montréalais semble sereine. Il n'en demeure pas moins que ces élections sont historiques pour le peuple algérien car elles constituent un test pour notre pays. Le rendez-vous vous sera donné le 17 avril prochain pour connaître qui, parmi les candidats, aura joui des faveurs de la diaspora algérienne, en particulier celle qui réside au pays de l'érable, le Canada. Wahid Megherbi