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LA SITUATION DANS LA VALLEE DU M'ZABB
Tous les Algériens sont concernés
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 04 - 2014


Par Ahmed Hadj Nacer
Avocat
L'actualité a ceci de particulier. Un évènement peut en cacher un autre. Le propos n'est pas d'établir une hiérarchie d'importance ou de gravité entre les évènements. Cependant, l'exercice consistant à déceler les liens entre les évènements ne serait pas sans intérêt. La question de savoir «le battement d'ailes d'un papillon au Brésil, peut-il provoquer une tornade au Texas ?» est, nous semble t-il, d'une pertinence évidente.
L'Algérie vit des évènements qui malheureusement n'ont ni contours précis, ni causes fortuites. Si l'on doit recourir à l'image, l'expression «flou dramatique» sied à l'illustration. Parmi ces évènements qui doivent nous interpeller, la situation à Ghardaïa en constitue un des plus intrigants. Mais que se passe-t-il réellement à Ghardaïa ? La certitude qu'il s'y passe quelque chose est acquise. Cependant l'explication de ce qui s'y passe est confuse. Les causes susceptibles d'être évoquées sont multiples. Il est vrai que tout le monde s'accorde sur le fait que la vallée du M'Zab présente cette caractéristique d'être une région où se juxtaposent sans se confondre plusieurs particularités. Il s'est agi jusqu'à une date récente d'une «cohabitation» que l'appartenance à une même Nation et à une même religion ainsi que «la vigilance» d'un pouvoir central ont su préserver, voire imposer. Les particularités sont multiples. En premier lieu, la vallée du M'Zab est habitée par des populations berbérophones et des populations arabophones dont la présence dans ces contrées est connue. (Les ouvrages d'histoire, notamment «les prolégomènes et les écrits d'Ibn Khaldoun sur l'histoire des Arabes, des peuples étrangers et les Berbères sont, à ce sujet, très édifiants). En second lieu, cette région est habitée par des Algériens appartenant à deux écoles religieuses musulmanes distinctes : Ibadite et Malékite. Cette dernière particularité n'a pas dans l'histoire de l'Islam en Algérie une connotation conflictuelle. En effet, les Oulémas algériens des deux écoles ont toujours évolué en harmonie et sans heurts. Il est regrettable de constater, à l'occasion de ces évènements, que le discours wahhabite distillé par quelques chaînes satellitaires soient relayé par des «Algériens identifiés et non-inquiétés » à travers les réseaux sociaux et autres supports médiatiques sous forme de véritables appels au meurtre. La particularité berbérophone a été sciemment écartée pour une particularité autrement plus pernicieuse car présentant «l'avantage » de ne pas susciter une grande «solidarité» des autres Algériens puisque ceux-ci appartiennent dans la quasi-totalité à l'école malékite. Le discours radical wahhabite s'est ainsi adapté. Durant la période où l'Algérie menait une guerre atroce contre le terrorisme, ces mêmes médias et leurs relais émettaient des fetwas selon lesquelles il était licite de tuer les Algériens. Aujourd'hui, la même fetwa est prononcée à l'encontre des Ibadites. Ceci dit, il y a lieu de préciser que seuls les Ibadites d'Algérie sont visés. Les Ibadites des pays du Golfe ou d'ailleurs n'étant pas concernés. D'où l'évidence de la déduction. C'est ainsi qu'il a été possible d'assister avec regret à l'expression d'un fanatisme primaire traduisant un sousdéveloppement religieux alarmant. Les musulmans n'arrêtent pas, malheureusement, de montrer au monde entier qu'ils ne sont pas en mesure de se hisser à la hauteur de l'Islam. Cette religion qui prône la tolérance, le respect de la vie humaine et la paix est instrumentalisée, comble des paradoxes, pour attenter à la vie humaine, cultiver la haine et semer la terreur. Une question est tout de même intéressante à poser : par quel phénomène une différence entre deux écoles d'une même religion, ayant cohabité sans conflit, durant des siècles découvre aujourd'hui que l'existence de l'une doit se traduire par l'élimination de l'autre ?! Ces différences entre les habitants de cette région ont toujours existé. Les quelques «conflits» que ces habitants ont connus avaient toujours une origine établie et un fait générateur précis que les particularités sus-évoquées attisent, certes. On peut aller jusqu'à comparer ces «conflits» avec ceux que d'autres régions d'Algérie ont connus à l'occasion de désaccord entre habitants de deux ou plusieurs quartiers, villages, archs, etc. Il ne faut pas, au demeurant, occulter une lutte latente et sournoise, laquelle a toujours existé dans la région et que l'absence d'une prise en charge objective par l'Etat a autorisée. Une lutte pour l'occupation des espaces géographique, culturel et historique a toujours sous-tendu les postions des uns et des autres. Toutes les occasions étaient propices. Qu'il s'agisse des élections locales ou nationales, le débat n'est jamais autour d'un programme mais autour de l'appartenance des candidats à telle ou telle communauté. Lorsqu'il s'agit de baptiser un édifice public les résistances s'organisent. C'est ainsi, à titre d'exemple, que l'université de Ghardaïa n'a pu être baptisée au nom du Cheikh Tifyèche (savant ibadite) bien que le président de la République ait annoncé cette décision à l'occasion de son passage à Ghardaïa. Les recrutements, les nominations au niveau local obéissent à cette logique, au point où des entreprises publiques, organismes, administrations voire des professions libérales réglementées sont «dominés» par telle ou telle communauté. Cette fois-ci, le conflit qui secoue la vallée du M'Zab est gravissime. L'animosité et la haine atteignent presque le point de non-retour. La violence engendre la violence et l'exclusion alimente l'exclusion. Les personnes tuées ou gravement blessées, les biens saccagés, pillés et incendiés, les lieux sacrés souillés, les tombes profanées, les slogans scandés, les insultes proférées ont atteint un point jamais égalé. Les dommages sont considérables et les souffrances inapaisables. Les traumatismes sont énormes. La haine allaite les enfants. Les écoliers et les lycéens ne supportent plus de s'asseoir côte à côte sur un banc dans une même classe. Certains enseignants en sont arrivés à faillir à leur mission par haine de l'autre. Les uns et les autres sont dans une situation belliqueuse et une logique d'exclusion mutuelle. L'on ne devrait pas être étonné, si un jour, à Ghardaïa, au lycée Moufdi Zakaria ou ailleurs, cette négation de l'autre ne se prolonge jusqu'au refus de respecter l'hymne national au motif que Moufdi est M'Zabi. Il appartient aux spécialistes de s'intéresser au problème, d'identifier les causes pour appréhender les effets et prévenir les récidives. Le problème qui concerne Ghardaïa risquerait de se rééditer dans d'autres régions d'Algérie. Outre les difficultés socio-économico-culturelles que vivent les jeunes Algériens, la disparition des espaces où les différences se diluaient et où le sentiment national s'épanouissait tendent à disparaître. L'on peut évoquer à titre d'exemple le service national avec ses grands projets et les universités avant que celles-ci ne se multiplient au point de fixer les jeunes dans leurs localités respectives en les privant de connaître d'autres jeunes Algériens et tisser ainsi, des liens de solidarité et de cohésion nationale. L'urgence aujourd'hui est de voir les choses avec lucidité et responsabilité et surtout, sans non-dits. Que l'Etat organise la prise en charge de ces évènements sous tous leurs aspects. Les habitants de la vallée du M'Zab doivent comprendre que l'Algérie ne doit pas être livrée aux desseins criminels des extrémistes. Que les temps où des Algériens risquent d'être chassés de leurs demeures ou obligés de se réfugier ailleurs sont révolus. Les Berbères ibadites sont d'abord des Algériens et les Arabes Chaâmbas sont d'abord des Algériens. Que l'unité de l'Algérie est désormais scellée par le sang de ses martyrs. Tous ses martyrs. L'existence de l'Etat se traduit par l'accomplissement par celui-ci de ses missions régaliennes. Nul ne peut se faire justice lui-même. Aussi, le citoyen est-il en droit d'attendre de cet Etat protection et de la justice de cet Etat, condamnation des coupables et réparations des préjudices. Dans le cas contraire, cet Etat pécherait par omission et dans le même temps, violerait la loi fondamentale du pays. La recherche de l'imputabilité de la responsabilité politique et/ou morale et/ou pénale de telle ou telle personne ne saurait dispenser de souligner la responsabilité de l'Etat algérien. Les faits commis relèvent de la loi pénale. Ils sont l'œuvre d'individus qui doivent répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes. Les poursuites doivent, en vertu du code de procédure pénale, être engagées. L'application de la loi ne peut souffrir d'aucune tergiversation ni d'aucun sursis tant qu'il y va de la sécurité nationale. La situation à Ghardaïa pose un problème de sécurité nationale. Le devoir ne recommande pas uniquement de punir les coupables pris en flagrant délit, mais de rechercher, d'identifier et de punir les commanditaires, qu'ils soient en turban, en kamis ou en col blanc. C'est à cela que se perçoit l'intelligence d'un Etat et l'efficacité de ses appareils. Il est vrai que la punition ne répare pas un tort, mais elle en prévient d'autres. L'impunité est plus dangereuse pour la société que le criminel même. Tous les Algériens sont concernés. Il ne s'agit pas d'une région où l'on ne peut plus aller en vacances. Il s'agit d'une région d'où un danger menaçant toute l'Algérie pourrait provenir. Ce n'est nullement de cette façon qu'on arrivera à fêter le centenaire de l'indépendance de l'Algérie ! Nous terminons par cette maxime de Benjamin Franklin : «À cause du clou, le fer fut perdu. À cause du fer, le cheval fut perdu. À cause du cheval, le cavalier fut perdu. À cause du cavalier, le message fut perdu. À cause du message, la bataille fut perdue. À cause de la bataille, la guerre fut perdue. À cause de la guerre, la liberté fut perdue. Tout cela pour un simple clou. »


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