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Mouloud Mammeri ou la colline emblématique, de Hend Sadi
Les œillères idéologiques de la critique littéraire
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 05 - 2014

Les jeunes d'aujourd'hui à qui il a été donné de lire La colline oubliée, ce beau roman de l'immense Mammeri, s'imagineraient, candidement, peut-être, que l'œuvre, parue en 1952, avait été saluée par la presse dite nationaliste de l'époque comme une contribution majeure à la littérature algérienne.
Oh ! Que non. Dès la parution de son livre, Mouloud Mammeri, alors jeune professeur de lycée à Ben Aknoun, est ciblé par une salve soutenue de calomnies de la part de ceux qui se croyaient alors dépositaires de la conscience nationale. Leur acharnement à vilipender le jeune romancier, qui à leurs yeux a eu le tort de consacrer sa verve créatrice à décrire un vécu kabyle, avec des décors qui sont autant de peintures réelles et des personnages authentiquement kabyles, ne s'est imposé aucune limite. Signant dans le Jeune Musulman, journal de l'association des ouléma algériens, dirigé par Ahmed Taleb Ibrahimi, trois personnes se fixent dans une diatribe contre le roman et son auteur : Mohamed Cherif Salhi, Mostefa Lacheraf et Amar Ouzeggane. Ces derniers s'employèrent zèle et excès à présenter La colline oubliée comme une œuvre empreinte de tiédeur nationaliste, voire antinationaliste. Mouloud Mammeri, pris dans un feu nourri, se défendra, notamment dans une réplique à Sahli, mais que pouvait-il devant une meute de tirailleurs en embuscade ? Nous devons à Hend Sadi d'avoir plongé dans l'univers souffreteux de la polémique qui a suivi la publication de La colline oubliée pour nous revenir avec une moisson de documents d'une valeur inestimable. Hend Sadi, qui a joint la méthode à la lucidité intellectuelle, plus que de réussir à redessiner un contexte qui n'a pas été souvent revisité, certainement par accommodement, ouvre des pistes de recherches qui, bien sûr, restent à faire. Hend Sadi, qui publie en annexe tous les document qu'il analyse dans son ouvrage, met en opposition deux approches dans la critique de La colline oubliée : celle qui e'est focalisée sur le livre, c'est-à-dire son contenu, sa valeur esthétique, et celle qui a fait abstraction de sa portée littéraire pour le jauger (le juger et le condamner) à l'aune des convictions politico-idéologique qui s'abreuvaient dans le nationalisme version PPA-MTLD, aiguisées après la crise anti-berbériste de 1949. Le ton est donné par Sahli : «Une œuvre signée d'un Algérien ne peut donc nous intéresser que d'un seul point de vue : quelle cause sert-elle ? Quelle est sa position dans la lutte qui oppose le mouvement national au colonialisme?» Voilà trouvé le chef d'inculpation, lequel ne sera à aucun moment retenu contre Mohamed Dib qui publia la même année La grande maison. Mostefa Lacheraf, qui avait alors de la notoriété intellectuelle, intervint pour faire en sorte que le procès intenté à Mammeri et à son œuvre traverse les décades, se perpétue indéfiniment. Il réussit, en partie, à tracer des œillères à la critique littéraire des années d'après. Si Sahli et Ouzzegane reprochèrent au roman de Mammeri d'avoir été bien accueilli par la presse coloniale, Lacheraf aligna ses dénégations comme autant de sciences savantes. Loin des péroraisons, Taha Hussein, une sommité de la littérature arabe, salua en La colline oubliée un livre exceptionnel. On pourrait rallonger encore la présentation de Mouloud Mammeri ou la colline emblématique, mais le mieux est qu'on vous laisse le découvrir par vous-même. C'est un précieux document.
Sofiane Aït Iflis
Mouloud Mammeri ou la colline emblématique. Hend Sadi. Préface de Nabile Fares. 278 pages. Editions Achab. 2014.


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