Dans une Ghaza encerclée de toutes parts et subissant, dans sa chair, les affres de l'étouffement israélien, les murs ternes et gris ont pris des couleurs : le rouge et le vert ont dessiné des sillons d'espoir et le nom de l'Algérie brille au milieu des fresques dessinées par de virtuoses taggueurs. Tous les Ghazaouis, voire les Palestiniens, sont unis derrière les Verts. Dans les cafés, les centres culturels, les foyers, les taudis, le poste télé est branché sur le Brésil et les cœurs battent à l'unisson pour le succès de Halilhodzic et de sa troupe. A chaque attaque des Verts, c'est le débordement. Les Palestiniens, femmes et hommes, manifestent leur soutien aux «Verts» d'une manière bruyante et festive et déploient drapeaux algériens et différents articles aux couleurs de l'équipe nationale. A la fin de la partie contre la Russie, les Palestiniens, malgré l'heure tardive, sont descendus dans les rues, agitant les couleurs de l'Algérie et de la Palestine en scandant « one, two, three, viva l'Algérie !» La joie était également indescriptible dans les pays voisins : en Tunisie, c'est comme si c'était la sélection locale qui jouait. Dans certains cafés de la capitale et des autres villes tunisiennes, on se serait cru à Alger ou Oran. Des défilés de voitures ont sillonné, tous klaxons ouverts, pour fêter la qualification des Verts au deuxième tour. Au Maroc, même ambiance, même joie : «L'Algérie est un pays frère, pas simplement un voisin !» s'exclame un jeune de Casablanca, heureux de cette qualification historique : «Il faut oublier la politique et cette communion nous offre l'occasion de rappeler que nous sommes un même peuple. Les joies algériennes sont les nôtres...» On signale que les Libyens et les Mauritaniens ont vécu la même atmosphère, alors que les autres peuples arabes n'ont pas manqué de manifester leur joie après la qualification des Verts. A Dubaï, cette soirée de week-end (vendredi est jour férié) a été mise à profit par de nombreuses familles émiraties, arabes et autres pour suivre, sur écrans géants, le match Russie-Algérie. Elles ont afflué massivement vers les centres commerciaux où toutes les télévisions étaient branchées sur le Brésil. Le but de Slimani a été salué par une immense clameur, suivie de moments de silence et de doute, avant l'explosion finale. Cette explosion de joie fut également entendue dans les autres capitales de la région, du Caire à Beyrouth, en passant par Damas et Baghdad. Pour les célébrités arabes (stars de cinéma, de la télé, de la musique, du football), la qualification historique de l'Algérie vient rompre avec une période d'abattement et de tensions dus aux guerres fratricides et à l'effusion de sang dans de nombreux pays de la région. Ces stars ont chaleureusement félicité l'Algérie sur les réseaux sociaux, en souhaitant une victoire des Verts sur l'Allemagne. Tous ont été unanimes à souligner que «l'Algérie a effacé la honte des Arabes et mis du baume aux cœurs endoloris par tant de haine et de violence». En France, la communauté algérienne a célébré dans la joie, mais aussi avec des débordements inutiles et non productifs, cette victoire. Si la majorité des Algériens mais aussi des Marocains et des Tunisiens ainsi que d'autres nationalités du Proche-Orient, ont eu un comportement exemplaire, une minorité de perturbateurs a souillé la fête, nécessitant l'intervention des forces de l'ordre.
