Par Hassane Zerrouky Il s'appelle Hervé Falciani. Cet ancien informaticien employé de HSBC, à l'origine de la diffusion d'informations sur les milliers de clients d'HSBC, dont 404 Algériens titulaires de comptes d'un montant de 671 millions de dollars, est l'homme par qui le scandale est arrivé. Falciani est aujourd'hui conseiller du parti Podemos (un peu l'équivalent espagnol du parti Siriza en Grèce), donné favori pour les prochaines élections législatives espagnoles. Celui qui a confié au journal Le Parisien que «seule la partie immergée de l'iceberg» a été révélée, compte faire de nouvelles révélations. Concernant notre région, HSBC compte parmi ses clients le roi Mohammed VI. Mais rien ne dit que parmi les Algériens, même si certains possèdent, dit-on, la double nationalité, il n'y ait pas de noms connus. D'autant qu'il est peu probable qu'une partie de ces richissimes Algériens ait fait fortune à la sueur de leur front. Des entrepreneurs algériens, des vrais, il en existe, mais ils sont infiniment moins nombreux que ces affairistes ayant bâti leur fortune grâce à la libéralisation du commerce extérieur. Hervé Falciani n'a copié des informations que pour une courte période, quelques mois, à cheval sur 2006-2007. Elles ne couvrent donc pas la période allant de 2007 à fin 2014, période durant laquelle ont éclaté les scandales «Sonatrach-1 et Sonatrach-2». Et de ce fait, on ne sait pas, par exemple, où ont été placées les commissions versées par la compagnie pétrolière italienne ENI à des intermédiaires algériens — la justice italienne évoque un montant de 197 millions d'euros — pour obtenir des marchés dans le Sud algérien d'un montant de plusieurs dizaines de milliards d'euros. Et ce — l'enquête ouverte côté algérien nous renseignera peut-être un jour – sans compter les préjudices causés par les affaires Sonatrach-1, de la BRC et de l'autoroute Est-Ouest ; sans compter également l'argent généré par le marché informel (c'est 50% du Produit intérieur brut [PIB], ce qui n'est pas rien), qui échappe au contrôle du fisc algérien et dont personne ne sait où il est placé ni où il est investi ! Autre question : qu'en est-il des autres banques suisses (il y en a plusieurs centaines) qui, au nom du secret bancaire, comptent de nombreux clients maghrébins ? Nous n'en sommes donc, comme le révèle Hervé Falciani, qu'en présence de «la partie immergée de l'iceberg». D'autant que des médias du monde entier ayant relayé cette enquête du Monde et du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) baptisée SwissLeaks, ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Concernant l'Algérie, on en saura certainement plus lorsque seront révélés les noms des illustres algériens détenteurs de ces comptes bancaires en Suisse. Et on imagine l'angoisse et l'embarras de certains à l'idée que la divulgation de ces noms vienne troubler leur tranquille assurance. Les langues vont alors se délier, les accusations et les contre-accusations, les révélations et les vraies-fausses informations, mais aussi les exagérations, se multiplier. Comme quoi, rien ne peut rester caché de manière indéfinie, surtout par ces temps où internet et les réseaux sociaux ont rendu caducs les frontières et les archaïques cloisonnements mis en place par les régimes autoritaires pour brider l'information. On est dans un monde où tout se sait et où tout finira par se savoir. Les Algériens finiront bien par savoir quel a été le rôle exact de l'ex-ministre de l'Energie, Chekib Khelil, dans les scandales ayant secoué Sonatrach. Pour conclure sur ce point, ainsi que l'a montré l'affaire Sonatrach-2, il n'y a pas que la Suisse qui est concernée. Après le Luxembourg, Dubaï, par exemple, est devenu l'un des plus grands paradis fiscaux de la planète. N'est-ce pas aux Emirats arabes unis (EAU) que réside un certain Farid Bedjaoui contre lequel la justice italienne a lancé un mandat d'arrêt international ?